Goma est-t-il déjà sous le contrôle du M23? Oui, si l’on s’en tient aux témoignages de certains habitants de la capitale du Nord-Kivu et les bruits qui courent sur les réseaux sociaux ce dimanche. D’autres bruits qui sont, eux bien réels, ce sont ceux des canons, autour et dans la ville qui, de source officielle, résisterait encore à ce qui ressemble à l’assaut final de l’ennemi venu d’à-côté. Des assaillants qui pilonnent, sans répit, populations civiles et positions militaires, ramenant toutes les tentatives de dialogue et de négociation au point mort. Et toutes les accusations continuent de se diriger vers le Rwanda comme soutien du M23. Si jusqu’à présent, Kigali nie toute implication dans les incursions meurtrières du groupe armé qui vient de voir ses effectifs renforcé, selon les autorités de la République Démocratique du Congo, tous les rapports notamment ceux de l’ONU, sont unanimes sur son rôle de pays portant à bout de bras, les combattants du M23.
En tout cas, la situation, si elle n’est pas désespérée pour les Forces armées congolaises de récupérer Goma, même avec l’appui de la MONUSCO, elle n’en n’est pas moins désespérée, ou tout au moins confuse, car sur le terrain où les combats font rage, donnant l’impression que la guerre est loin d’aller vers sa fin, le seul langage parlé par les protagonistes est bien celui des armes. D’ailleurs, c’est à se demander si la désescalade demandée, avec empressement, ces dernières heures par l’ONU qui semble sortir de sa torpeur et de son inaction, n’est pas vœu pieux. Une chose est certaine, pour l’instant, c’est bien un cri inaudible dans les crépitements des armes! Que dire de la prochaine rencontre de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) prévue pour se tenir dans les 48 heures, en présence des présidents de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi et du Rwanda, Paul Kagame? Réunir l’envahi et l’envahisseur, autour de la même table s’étant révélée, depuis lors, impossible, le doute, pour ne pas dire le pessimisme, est bien permis.
A moins que, les guerres les plus longues finissant toujours autour d’une table, le Rwanda d’où les autorités de la RD Congo viennent de rappeler leurs diplomates, soit désormais certain de tenir le bon bout lors de possibles négociations! Mais, si ce n’est pas nager en pleine illogique, comment Kigali pourrait-il justifier son assaut sur la RD Congo voisine, pays souverain, et exiger des pourparlers, pour un éventuel retrait? Ce n’est un secret pour personne, la convoitise extrême pour le riche sous-sol de ce vaste pays à la taille d’un continent, fait peser sur lui la tentation constante de voisins et même de grandes puissances.
Si ce n’est l’incurie des dirigeants qui se sont succédé à la tête de la RD Congo, et se sont, tous, davantage préoccupés de leurs intérêts personnels au détriment de la sécurité intérieure et aux frontières, un pays ne peut se laisser, aussi facilement, annexer une partie aussi importante de son territoire. A s’y méprendre, à quelques points prêts, l’invasion de la RD Congo ressemble bien à celle de l’Ukraine par la Russie! Sauf que la communauté internationale a choisi «sa» guerre, qu’elle médiatise et alimente à souhait, reléguant aux oubliettes, les conflits de la RD Congo et du Soudan. L’Afrique, elle occupe les esprits quand vient l’heure de l’influence politique sur l’échiquier mondial et la chasse aux voix à l’ONU!
A qui profite le crime? Derrière le Rwanda, se cache-t-il une main invisible, ce qui a limité, jusqu’ici, l’action de la communauté internationale à de simples condamnations timides sans effets? Sinon, de quels atouts secrets dispose donc Kigali pour affronter, seul, la RD Congo, l’ONU et tous les autres? Comme le disait cette émission télé franco-belge, «ça va se savoir»!
Par Wakat Séra