«La plupart des législateurs ont été des hommes bornés que le hasard a mis à la tête des autres, et qui n’ont consulté que leurs préjugés et leurs fantaisies» (Montesquieu, Lettres persanes)
Après avoir été reçu par le Pape François, samedi 18 janvier, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi a poursuivi sa route vers Londres, où il est arrivé dimanche 19, pour assister au sommet Royaume-Uni – Afrique sur l’investissement. Dans la capitale britannique, fâché contre le Front commun pour le Congo (FCC de Joseph Kabila)), il menace de dissoudre le Parlement de son pays. Voire!
A Rome, interviewé par Radio Vatican, il a répondu à un certain nombre de questions sur la situation générale de la RD Congo.
A l’inévitable question sur l’est du pays, il s’est livré à une explication incohérente, allant jusqu’à prétendre «que des Congolais se trouvaient dans les rangs des ADF (rebelles ougandais)», lesquels sèment la désolation dans cette partie du pays. La logique la plus élémentaire pousserait à se poser la question de savoir pour quelle raison, apparente, ces Congolais tueraient-ils, dans ce contexte précis, leurs propres compatriotes. Bien malin qui y trouverait une réponse logique.
Les quinze millions de dollars (portés disparus), qui font désormais partie du paysage sulfureux de la gouvernance Tshisekedi, se sont fatalement invités à Radio Vatican. Félix Tshisekedi fait dans la langue de bois: «L’affaire est entre les mains de la Justice. Je ne m’y mêle pas». Sans plus. A n’y prendre garde, le dossier pourtant très clair sur un détournement des deniers publics restera entre les mains de la Justice ad vitam aeternam.
Mais le fin du fin, à Radio Vatican, c’est quand il parle, sans froid aux yeux, de «l’accident de l’Histoire», à propos de la genèse sur la coalition FCC-CACH (Cap pour le changement). Le mot «accident», dans son sens ordinaire (‘survenant’ en latin), veut dire «événement imprévu et soudain qui entraîne des dégâts, met en danger». Le sens philosophique du mot ne dit pas autre chose, quand il évoque l’idée de «l’opposition à l’essence et à la substance». Autrement dit, événement fortuit.
Le capitane et son bateau ivres
Or, la coalition FCC-CACH est un deal. Un arrangement. Un accord. Tshisekedi lui-même l’a officiellement affirmé en Namibie. Puis, une bonne série de faits que pose la fameuse coalition le prouve. Sans conteste. En quoi donc cet acte s’apparenterait-il à un «accident»? N’est-ce pas simplement un mensonge public?
L’homme ne s’accuse-t-il pas lui-même en utilisant – à mauvais escient, sans doute -, le mot «accident», pour expliquer que la coalition FCC-CACH est une contradiction sans issue? Laquelle va absolument aboutir aux dégâts? Sa menace de dissoudre le Parlement (attendons de voir!) ne contredit-t-elle pas, in fine, sa thèse d’être l’élu du peuple?
A Londres, il verse dans une autre contradiction, qui indique que le capitaine autant que son bateau sont tous ivres. A Preuve. En novembre dernier, devant la chancelière allemande Angela Merkel, Tshisekedi lâche, imprudent: «Je vais faire de la RD Congo l’Allemagne de l’Afrique». Dimanche passé, à son arrivée à Londres, devant ses partisans, il inverse la logique: «Ce n’est pas en dix ans qu’on verra le changement». Laissant même lire entre les lignes qu’il se rêve président de la République pour un deuxième mandat!
Dans un autre volet, il affirme que les Benyamulenge sont des Congolais. Etonnant qu’une telle assertion puisse sortir de la bouche de celui qui occupe le sommet de l’Etat. Ou il ignore souverainement l’histoire de son pays ou, alors, il parle sous l’instigation de ses maîtres rwandais. A ce sujet, il n’y a pas «d’accident de l’histoire». Plutôt, l’histoire coule de source et renseigne que jamais aucune tribu désignée sous le vocable des Benyamulenge n’a existé dans l’espace géographique de la RD Congo.
Le lièvre et le lion
Mis bout à bout, la pensée de Montesquieu sur les législateurs bornés que le hasard élève au rang de dirigeants et le «hasard de l’histoire» qu’évoque Tshisekedi, concernant son avènement à la tête de la RD Congo, riment parfaitement. Sa menace de dissoudre le Parlement ne vaut pas tripette, c’est une tempête dans un verre d’eau. Un lièvre ne fait jamais peur au lion qu’est Kabila-Kabange Joseph-Hyppolite.
Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France