Pauvre Etienne Tshisekedi dont le monde entier est en train d’assister à la deuxième mort. Une mort encore plus atroce, que sa famille biologique, son parti politique, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le pouvoir en place provoquent chaque jour que Dieu fait, en alimentant un débat stérile et puéril sur le retour de la dépouille de l’opposant historique sur la terre de ses ancêtres. Si cela est possible Tshitshi doit bien se demander ce qu’il a fait pour mériter la maltraitance que ses compatriotes font subir à son âme qu’ils empêchent de reposer en paix, après une vie aussi trépidante et bien remplie. Lui qui a toujours été habité de son vivant, de l’esprit de conciliation et du dialogue est aujourd’hui malmené sur des questions d’emplacement de mausolée ou d’application de l’accord de la Saint Sylvestre. Pourtant, il suffit à tous de savoir raison garder et savoir que même sans une petite statuette le représentant, le « Sphinx de Limété » fait partie de cette short list de personnes, que dis-je, de personnalités que la mort n’a jamais pu vaincre. Mieux, leur décès les rend encore plus populaires tant elles constituent l’étoile polaire que les générations futures suivent, comme les rois mages l’ont fait en Galilée pour retrouver le petit Jésus.
Quid du fameux accord arraché au forceps le 31 décembre 2016, sous la houlette de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ? Conçu dans la douleur pour gérer une transition, elle-même annoncée comme celle de tous les dangers, cet instrument a une durée de vie d’une petite année. Quand on voit tous les problèmes qu’il doit résoudre, notamment la sortie de Joseph Kabila qui n’entend pas lâcher le gouvernail après ses deux mandats autorisés par la Constitution, il y a de quoi s’inquiéter pour la République démocratique du Congo. Plus d’un mois vient de s’écouler sans que la machine ait vraiment démarré. La manivelle sensée fait tourner le moteur est toujours recherchée, tel l’oiseau rare que cherche éperdument une équipe menacée de relégation mais qui ne veut pas descendre. Que feront les Congolais lorsque viendra le moment de faire le bilan de la transition d’un an qui n’aura pas fait un an ? C’est en ce moment que l’opposition se rendra compte qu’en s’adonnant à une palabre macabre et indécente, elle n’a fait que jouer le jeu du pouvoir qui ne manquera pas de l’engager dans une prolongation, et même à la fatidique et hasardeuse séance des tirs aux buts.
Et une fois de plus, c’est le peuple congolais qui sera victime des calculs machiavéliques de politiciens aux intérêts égoïstes et très personnels. Car, rien ne dit que ce jeu malsain ne profite pas non plus à des opposants qui profiteront encore de la partie supplémentaire à jouer pour occuper la scène politique et engranger des jetons de présence lors des interminables et coûteux forums de sortie de crise. L’opposition a sans doute mieux à faire que de faire des obsèques de Etienne Tshisekedi, un fonds de commerce. Elle pourrait par exemple, dans le respect de la mémoire de son leader disparu, lui trouver un successeur de la même trempe pour nourrir l’espoir d’accéder un jour au pouvoir. L’adversaire en face n’est pas un enfant de chœur, même s’il a accepté de signer l’accord de la Saint Sylvestre, au pied de la croix de la Cenco.
Par Wakat Séra