Félix Tshisekedi, vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 selon les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). En attendant le couperet du Conseil constitutionnel, le leader de l’UDPS peut savourer cette revanche prise sur la longue traversée politique de son père, mort sans avoir connu les lambris dorés de la fonction suprême. La RDC enfin vers l’alternance démocratique! Qui l(eût cru après la longue résistance de Joseph Kabila! D’ailleurs des rumeurs non infirmées par le pouvoir, ont fait état de rapprochement entre le camp présidentiel et l’UDPS de Félix Tshisekedi. Rien de surprenant quand on sait que le leader du parti de feu son père, Etienne Tshisekedi, et Vital Kamerhe qui deviendra son directeur de campagne, avaient renié l’accord de Genève, qui avait fait de Martin Fayulu l’unique candidat de l’opposition. C’était le début des grandes manœuvres politiques qui ont conduit à l’émiettement de l’électorat de l’opposition au détriment de Martin Fayulu qui était soutenu par les «invalidés» de poids dont Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi.
Hors de ce pays coupé du réseau internet et des signaux de RFI, les oreilles étaient également tendues vers Kinshasa. Ils ont été nombreux à veiller devant le petit écran de la télévision nationale où le président de la Céni, Corneille Nangaa Yobeluo, a commencé à égrener, à une heure tardive, les premiers chiffres vomis par les urnes du 30 décembre 2018. Pendant ce temps, les pronostics fusaient sur YouTube, avec des commentaires en Lingala, la langue locale en RDC. Emmanuel Ramazani Shadary, l’homme de la Majorité présidentielle, et les deux champions de l’opposition, Félix Tshisekedi, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et Martin Fayulu de la Coalition Lamuka, les trois candidats en lice avaient chacun ses supporters.
En tout cas, envers et contre tous ses contempteurs, Joseph Kabila a organisé ses élections à huis-clos. Et c’est tout de même à l’honneur du président congolais sortant qui est resté maître du jeu jusquà présent, décidant dès le début des élections, grâce à l’appui indéfectible d’institutions acquises, de qui y participera et sans doute de qui les gagnera. L’astucieuse idée d’interdire la tenue du scrutin à Yumbi, Butembo et Béni, zones réputées proches de l’opposition, a servi le plan du pouvoir qui redoutait énormément la machine populaire qu’était devenu Martin Fayulu, durant la campagne électorale.
La Cenco et l’UA ont-elles eu gain de cause, elles qui ont demandé de publier les vrais résultats selon le vote du peuple? Peut-être oui, peut-être non. En attendant le verdict définitif du Conseil constitutionnel, prévue pour au plus tard le 19 janvier avant le report des résultats provisoires, il faut souhaiter que les appels des leaders religieux et de l’UA invitant les perdants au fair-play et les populations à la retenue pour éviter les violences portent leurs fruits. Sinon c’est une crise postélectorale dont on ignore l’envergure qui se profile à l’horizon d’une RDC dont le peuple qui a soif de paix et de développement, n’a qu’un vœu: sortir du cycle de crises de toutes sortes dans lequel il se retrouve prisonnier, du fait de politiciens aux intérêts égoïstes et très personnels. Pour l’instant, et sauf revirement, la RDC vient d’entrer dans une nouvelle ère qui, il faut l’espérer portent les fruits d’un processus démocratique qui a longtemps titubé.
Par Wakat Séra