Accueil Editorial RDC: la messe est dite pour Bemba et Cie!

RDC: la messe est dite pour Bemba et Cie!

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Les opposants congolais réunis à Bruxelles (@RFI/Léa-Lisa Westerhoff)

C’est fait! La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié ce mercredi 19 septembre, la liste définitive des candidats aux élections présidentielle et législatives du 23 décembre 2018 en République démocratique du Congo. Ils seront 21 à s’aligner dans les starting-blocks pour la conquête du fauteuil de Joseph Kabila et 15 355 pour les sièges d’élus nationaux. Jean-Pierre Bemba Gombo, Adolphe Muzito Fumutshi, Antoine Gizenga Fundji et Jean-Paul Moka Ngolo Mpati sont définitivement out de la compétition. Avec Moïse Katumbi Chapwe, ils seront les grands absents du triple rendez-vous électoral en un des présidentielle, législatives et provinciales qui s’annonce déterminant dans l’avenir politique de la RDC. Ils pourront toujours rendre service à l’opposition et même au peuple congolais, en soutenant par exemple un des leurs qui est en mesure de tenir la dragée haute au champion du pouvoir. Félix Tshilombo Tshisekedi, fils du sphinx de Limété, qui a donc déjà un nom, ou Vital Kamerhe qui a déjà acquis l’expérience d’homme d’Etat, en tant qu’ancien président de l’Assemblée nationale de la RDC, sont loin d’être de piètres prétendants à la magistrature suprême. Il ne reste donc plus à l’opposition qu’à opter pour le changement véritable, si tant est que c’est l’idéal que visent tous les opposants.

De toute façon, avec cette dernière fournée qui exclut pour de bon les poids lourds de l’opposition, Joseph Kabila reste dans son rôle de maître des jeux. Toutes ses volontés sont faites par les institutions, même celle dite indépendante, en vue d’ouvrir un boulevard pour le candidat du pouvoir. En effet, Emmanuel Ramazani Shadary, désigné par les soins du prince de Kinshasa pour défendre les couleurs de la majorité n’aura pas à soulever des montagnes dans cette compétition dont les règles du jeu, sont élaborées par son mentor. Arbitre très partial de ce match qu’il a décidé de ne plus jouer pour la troisième fois, contraint par la pression de la rue et celle d’une communauté internationale certes divisée, le chef de l’Etat sortant sortira sans doute la lourde artillerie pour la victoire finale de son poulain. La machine à voter, ou machine à voler comme l’ont baptisée les contempteurs du pouvoir lui sera sans doute d’un grand apport. L’objectif est clair, si celui qu’il aura contribué à élire ne lui fait pas faux bon en cours de chemin, Joseph Kabila pourra compter sur sa protection contre toute velléité judiciaire, au plan local ou à l’international, qui le guette inéluctablement lorsque tombera son manteau présidentiel protecteur. Mieux, le fin tacticien de Kinshasa peut même avoir dans ses plans, le coup à la Poutine et revenir donc au gouvernail du pays après cinq de purgatoire dans la peau de premier ministre par exemple, c’est-à-dire véritable chef de l’Etat, tirant les ficelles du pouvoir dans l’ombre. Pour l’instant, c’est l’affinement des stratégies qui se mettent en place, et se poursuivra avec la campagne électorale qui devrait s’ouvrir le 22 novembre prochain.

Quelle chance pour les opposants de sortir de ce traquenard savamment monté par le juge Kabila qui a déjà distribué des cartons rouges avant le match, mettant ainsi hors course des métronomes de l’opposition? S’unir ou périr! Or, comme nous l’avons déjà écrit souvent, ce sur quoi les opposants s’entendent le plus, c’est leur mésentente. Pourtant, au lieu de tomber dans le piège du pouvoir qui cherchera toujours à les diviser par diverses propositions, les opposants devraient rassembler leurs moyens humains et financiers, et surtout leur électorat au profit d’un des leurs, afin de se donner les chances de servir une belle alternance démocratique au peuple congolais. Mais ce serait sans doute trop demander à une opposition qui se combat  à l’interne, les égos de ses leaders dont chacun se croie toujours le mieux positionné, prenant à chaque fois le dessus sur l’intérêt de groupe. Les opposants de la RDC vont-ils pouvoir vaincre, cette fois-ci le signe indien? En tout cas, la course est lancée pour ces élections pour ces élections longtemps repoussées.

Par Wakat Séra