Impossibles élections en République démocratique du Congo (RDC) au titre de cette année. Le pavé a été jeté dans le fleuve Congo, par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui a prétexté des raisons surtout sécuritaires. Pour les observateurs de la vie socio-politique en RDC, ce n’était point une information, mais plutôt la confirmation des résultats d’une stratégie sordide et grossièrement montée par le pouvoir de Joseph Kabila pour rester aux affaires. Des querelles puériles sur le rapatriement du corps et l’organisation des funérailles de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi au climat de terreur et d’insécurité savamment monté dans ce pays-continent, notamment dans le Kasaï, en passant par la nomination d’un nouveau premier ministre qui n’a d’opposant que le nom, etc., sont autant de stratagèmes bien huilés par le fils de Laurent Désiré Kabila et qui ont abouti à cette annonce de la structure en charge de la conduite des élections en RDC. Ce n’est pas une surprise car, point n’était besoin de lire dans une boule de cristal ou être un diplômé en sciences po, pour lire le schéma sorti des laboratoires Kabila. Rien de nouveau donc sous le soleil congolais, n’en déplaise à ceux qui croyaient encore naïvement que les choses pouvaient évoluer autrement. Les accrocs du troisième mandat ont cela de commun que rien ne peut les arrêter et qu’ils sont capables de faire avaler n’importe quelle couleuvre aux uns et aux autres, jusqu’à ce que le peuple ou l’armée décident de prendre les choses en main.
Si l’ire des opposants qui n’a d’égal que le courroux du clergé congolais sous l’égide de qui a été arraché l’accord de la Saint-Sylvestre aujourd’hui malmené, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux ont joué le jeu dont était maître Joseph Kabila. Tombant dans le piège des intérêts égoïstes et très personnels, ils ont mené une politique aux antipodes des aspirations du peuple, s’engouffrant dans des querelles de leadership. Ce qui a permis à Joseph Kabila de les manipuler à souhait, les divisant foncièrement sur plusieurs questions sensibles comme la nomination du premier ministre. Toutes ces manœuvres ayant pratiquement réussi, au plan national, à faire aboutir son plan de rejeter l’organisation des élections aux calendes grecques, l’autre challenge de Joseph Kabila était maintenant de se donner une bouffée d’oxygène sur le plan international. Et le créneau tout trouvé fut le dernier sommet de l’Union Africaine en marge duquel le «syndicat des chefs d’Etat» qui ont condamné les sanctions ciblées prises par l’ONU et les Etats Unis contre les proches de Joseph Kabila qu’ils accusent de semer la violence dans la région de Kasaï et de contribuer ainsi à bloquer la tenue des élections. Du reste, les Etats Unis campent sur leur position et la raidisse même, enjoignant la RDC de tout faire pour tenir les élections présidentielle et législatives, gage de sortie de crise dans ce vaste pays qui suscite énormément de convoitise du fait de ses richesses naturelles.
L’option choisie par Joseph Kabila d’utiliser les institutions républicaines pour se maintenir au pouvoir pourrait bien lui exploser à la figure. L’exaspération du peuple dans ces cas est impossible à contenir quelle que soit la légalité dont le pouvoir veut se prévaloir, couvert par des lois taillées sur mesure par des institutions aux ordres. Mais comme le dit ce proverbe bien africain pour signifier que dans l’entêtement même les dangers les plus énormes sont minimisés, «quand l’âne veut te terrasser, tu ne vois plus ses oreilles». En tout cas, l’opposition et la société civile sont vent debout contre ces aveux fallacieux d’un président de la Céni qui ne vise d’autre but que celui de servir un maître dont la volonté suicidaire est le pouvoir à vie.
Par Wakat Séra