Après avoir renié sans vergogne leur soutien à Martin Fayulu suite à l’accord de Genève, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi, deux poids lourds de l’opposition viennent de retourner au bercail, en provenance de Nairobi au Kenya où ils ont conclu un accord au titre duquel le désistement du premier au profit du second est en vue. A en croire les deux secrétaires généraux, respectivement de l’Union des forces nouvelles (UFC) et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), d’autres ralliements sont prévus. Du reste, les deux opposants qui croient dur comme fer qu’ils sont les chevaux sur lesquels les populations doivent parier promettent de faire une mise en commun de leurs moyens pour entre de plain-pied dans une campagne électorale qui bat déjà son plein. Les deux «tickets gagnants» et leurs partis dont ils portent le flambeau ont saisi à nouveau cette opportunité de leur retour en République démocratique du Congo, pour réaffirmé leur position de prendre part à la compétition prévue pour le 23 décembre prochain, «avec ou sans machine à voter». Comme pour dire qu’ils ont aux antipodes des préoccupations des autres opposants, de la majorité du peuple congolais et même d’une bonne partie de la communauté internationale qui marquent une méfiance lourde à couper au couteau sur cette fameuse machine que les plus soupçonneux qualifient de «machine à voler».
Loin de toute condamnation de ce ménage à deux, l’on ne peut que se demander si elle pèsera plus que l’union à sept à laquelle avait abouti l’accord de Genève, conclu le 11 novembre 2018, autour de la candidature unique de Martin Fayulu sous les auspices de la Fondation Kofi Annan. Nul doute que ce sabordage de la coalition des sept leaders de l’opposition était un épouvantail plus effrayant pour les partis proches du pouvoir en place qui eux sont en ordre de bataille derrière Emmanuel Ramazani Shadary. Pire, les deux traitres, il ne faut pas avoir peur des mots, ramant à contre-courant du vent de l’alternance qui pouvait enfin souffler sur la RDC, font totalement fi du combat contre ce fichier électoral vicié et rempli d’électeurs fictifs dont de nombreux morts et fantômes, mais qui servira de base aux élections prochaines. Puant la fraude massive à mille lieux, l’élection présidentielle et les autres qui s’y greffent se dérouleront, du reste, presqu’à huis-clos, le chef de l’Etat, Joseph Kabila et ses courtisans, s’étant opposés à toute implication de la communauté internationale. C’est en toute logique donc que l’Union européenne ne compte point envoyer des observateurs afin de ne pas participer à la grande farce du 23 décembre. C’est presque certain, si elles se tiennent, ces élections qui ont déjà perdu toute crédibilité et viennent de s’enrichir négativement de la division de l’opposition, n’auront d’autres vainqueur que le pouvoir de Joseph Kabila.
Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi ne voudraient faire le jeu du pouvoir qu’ils ne s’y prendraient autrement. Sauf tsunami, cet affrontement fratricide entre opposants ne peut qu’ouvrir un large boulevard pour le clan Kabila, qui boit son petit lait, savourant déjà sa victoire prochaine. Car, les résultats qui sortiront des urnes, pardon des «machines à voter» ne peuvent qu’être ceux voulus par le pouvoir en place qui, pour rien au monde ne voudra céder le fauteuil de Kabila à un opposant, qu’il s’appelle Félix Tshisekedi ou Martin Fayulu. Le camp Fayulu prendra-t-il le risque de boycotter ces élections alors que ses opposants sont décidés à y aller? Contrairement à Judas Iscariote qui, selon les évangiles canoniques, a trahi Jésus en le livrant aux grands prêtres de Jérusalem pour enclencher le processus de sa mort sur la croix, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi se raviseront-ils et, pris de remords rendront-ils les «pièces d’argent», avant la crucifixion programmée de l’opposition le 23 décembre 2018? L’histoire nous le dira. Mais ce sera trop beau pour être vrai.
Par Wakat Séra
*Golgotha: lieu où Jésus a été exécuté selon les Saintes écritures