Les résultats provisoires des élections générales du 30 décembre 2018 ne font que renforcer les pouvoirs du Front commun pour le Congo (FCC), rendant de plus en plus nu un président élu dans des conditions encore très décriées. Si la présidentielle donne pour la première fois l’occasion aux Congolais de goûter aux effluves de l’alternance démocratique, il n’en demeure pas moins que la victoire de Félix Tshisekedi de l’opposition passe très mal. Les chiffres vomis pas les urnes sont loin d’être les bons, à en croire plusieurs pays dont la France et surtout la Conférence épiscopale nationale du Congo. La Cenco qui a déployé plus de 40 000 observateurs sur le terrain des scrutins demeurent persuadés que la volonté exprimée par le peuple n’a pas été prise en compte. Pire, les résultats des provinciales et des législatifs largement remportés par les «pro-Kabila» donnent si besoin en était encore, le preuve que le plan machiavélique mis en branle par le système Kabila pour conserver le pouvoir, fonctionne bien pour le bonheur du «boulanger» de Kinshasa. Tout se passe au détriment d’un peuple qui, malgré sa vive aspiration pour le changement, devra encore vivre engoncé dans la camisole «kabiliste», si les choses restent en l’état. Dans un pays où même des opposants ne résistent pas aux propositions aguichantes de Joseph Kabila qui reste le seul maître du jeu, que pourront les institutions qui ont été installées par lui et sont donc plus enclines à faire ses volontés que l’intérêt du peuple?
En tout cas, en attendant la Cour constitutionnelle pour le bouquet final, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et son truculent président, Corneille Nangaa viennent de jouer leur partition en servant les résultats qui arrangent Joseph Kabila. Certes les recours continuent de tomber sur la table de cette juridiction qui tient le couperet sur ces élections et Martin Fayulu, le candidat de Lamuka à la dernière présidentielle a déposé le sien le samedi 12 janvier dernier. Dans la lancée, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et l’organisation sous-régionale des pays des Grands lacs (CIRGL) appellent au recomptage des voix et à la constitution d’un gouvernement d’union nationale, moindre mal pour Joseph Kabila et son clan qui gardent la mainmise sur le pouvoir, grâce à la majorité absolue à l’assemblée nationale et la possession du sénat et leur score stalinien obtenu pour les provinciales. C’est peut-être le recomptage des voix, auquel se dit «favorable», le mot est bien pesé, la SADC et que demandent du reste, des dirigeants des pays voisins de la RDC, qui, s’il devient réalité et est fait dans les règles de l’art, pourrait relancer les débats en faveur de la «vox populi» qui, dit-on est «vox dei». En attendant, les péripéties électorales s’enchaînent suite à la proclamation des résultats provisoires de la Céni et les nuages eux continuent de s’amonceler, menaçants, dans le ciel congolais. Très difficile d’afficher un quelconque optimisme sur l’avenir socio-politique de la RDC, à moins qu’après avoir réussi l’organisation de «ses» élections à huis-clos, Joseph Kabila maintienne le statu quo en faisant fi des recommandations venues d’ailleurs et qui l’irritent au plus haut point.
C’est maintenant clair, Joseph Kabila a bien ficelé son coup et son absence dans les starting-blocks pour la présidentielle ne renforce que sa future puissance sur un pouvoir qui va échapper totalement au nouveau président, qu’il s’appelle Félix Tshisekedi, si celui-ci est confirmé ou, par miracle, Martin Fayulu, si les réclamations de la Cenco et des autres contestataires aboutissent. Il se contentera au moins d’inaugurer les chrysanthèmes.
Par Wakat Séra