Le collectif des syndicats de l’aéronautique civile a décidé de la suspension de sa grève annoncée initialement du 11 au 12 octobre en vue d’exiger le respect des textes dans la réalisation et l’exploitation en œuvre de l’aéroport de Donsin et de celui de Bobo-Dioulasso. Cette décision intervient après la rencontre que le regroupement a eu le 8 octobre avec le chef de l’exécutif burkinabè, Christophe Marie Joseph Dabiré, qui leur a donné des garanties que leurs droits ne seront pas lésés. M. Dabiré avait laissé entendre que ce projet d’intérêt national allait être exécuté de façon concertée et participative.
Confirmez-vous que votre grève annoncée du 11 au 12 est suspendue ?
Effectivement le préavis de grève est suspendu à la suite de l’assemblée générale que nous avons eue ce matin avec notre base car c’est elle qui avait le dernier mot après notre rencontre avec le Premier ministre (PM).
Lors de votre rencontre avant-hier, des engagements ont été pris, est-ce que vous pouvez les partager avec les lecteurs ?
C’est vrai que nous avons eu une rencontre avant-hier avec le PM et des engagements ont été pris et lorsque nous avons portés ces engagements à la base, elle a estimé que ce serait bien qu’avec cette main tendue que nous puissions suspendre la grève et voir la suite de la lutte. Le PM s’est engagé à nous mettre à un niveau où nous pourrons désormais discuté avec même les ministres. Ce qui n’était pas le cas avant puisque nous discutions dans une commission entre nous responsables au niveau de la conduite de ce projet. Maintenant nous sommes à un niveau tel que nous pouvons discuter sereinement avec les ministres concernés, ça déjà, c’est quelque chose d’assez appréciable. Le Premier ministre a dit aussi qu’il ne va pas mettre en œuvre ce projet en s’écartant de la loi.
Alors c’est la loi 10 qui règlemente ce processus, que dit-elle exactement ?
La loi dit clairement qu’il faut consolider les deux aéroports (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso) en même temps. C’est justement ce que nous avons toujours exigé. Comme il (chef du gouvernement) a donné des garanties qu’il va respecter la loi, nous sommes sereins parce que la loi dit de préserver tous les emplois. La loi n°10 du 26 avril 2010 dit clairement que ce processus ne peut se faire sans que les emplois ne soient préservés. Cette disposition dit aussi que les structures régaliennes de l’Etat doivent être restructurées pour être viables.
Donc si le projet va se faire en respectant la loi, nous ne pouvons qu’être partants. Il (Premier ministre) a aussi dit qu’ils vont cantonner la Maitrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin (MOAD) à son rôle de constructeur, pas celui qui va mener la stratégie. Il y a des corrections à faire de sorte qu’on peut prendre les arrêtés pour modifier les missions de la MOAD et le PM nous a dit qu’il est partant. Donc tous ces engagements sont plus ou moins rassurants pour nous pour suspendre notre mot d’ordre de grève.
Donnez-vous un délai au gouvernement pour voir mettre en œuvre les engagements dont vous avez parlé ?
Ils nous ont donné un délai raisonnable de deux semaines pour porter nos propositions et les griefs que nous avons pour ce projet. Ce temps ne va pas être ouvert de façon indéfinie. Donc par réciprocité, nous pensons qu’après ces deux semaines, on doit nous convoquer pour qu’on discute sereinement par rapport à nos préoccupations.
Selon des sources internes, la MOAD aurait, dans ce projet, « écrasé » les structures techniques. De quoi s’agit-il exactement ?
Dans le cadre de ce projet, il y a une confusion de rôle de la MOAD. En principe son rôle c’est de construire l’infrastructure. Or, ici, la MOAD (structure rattachée au Premier ministère) se retrouve à faire tout à la fois dans ce projet. C’est elle qui doit mettre en place la stratégie, c’est elle qui doit aussi construire l’aéroport. Donc vous voyez que c’est difficile d’être juge et partie. Dans ce processus-là, la MOAD a tout fait pour d’abord écarter les travailleurs. Il écrase les acteurs qui sont chargés de conduire ce projet de sorte que les structures ne peuvent pas conduire le projet de façon sereine. Pour preuve, la MOAD a rusé pour mettre en place un comité de pilotage où nous avons été écartés, les structures qui contiennent des experts ont été écartées et la stratégie a été introduite directement par le Premier ministre en Conseil des ministres et un décret a été pris dans ce sens. Même notre ministère de tutelle a été écarté. Ça pose problème.
Nous allons mettre tous ces griefs sous forme de mémorandums qu’on va adresser au Premier ministre et on s’attend à ce qu’on nous appelle pour qu’on puisse discuter.
Par Bernard BOUGOUM