Ce sont des centaines de petits jets privés et de gros avions présidentiels qui vont traverser le ciel africain, venant de tous les coins de la planète, pour déverser leurs occupants dans la belle cité balnéaire de Charm el-Cheikh, en Egypte. Au pays des pharaons qui accueille, depuis ce dimanche 6 novembre, la 27è conférence sur le climat, c’est-à-dire la COP 27 pour suivre la mode des gens qui luttent contre le réchauffement climatique, ceux qui nous dirigent, essaieront, une fois encore, de trouver les mots les plus durs pour condamner la production excessive des gaz à effet de serre qui continuent de détruire la couche d’ozone protectrice de «la maison commune». Mais, ils penseront aussi aux casiers où seront rangées les grandes annonces tonitruantes qui seront accouchées par ce sommet égyptien, le énième pour sauver la terre au profit des générations futures.
Certes, quelques résultats sont avancés avec beaucoup d’emphase et de publicité lors des plénières et travaux en commission interminables, mais permettent difficilement de rattraper les pas de géants faits par les puissants de ce monde dans la course à l’industrialisation. Sauf que la Chine, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde, la France, la Corée du nord, pour ne citer que ces pays, car le chapelet peut être égrené encore, ont fini de montrer leur incapacité à mettre en pratique les décisions nobles, justes et importantes issues de ces rencontres. Ainsi, ces grands-messes se suivent et se ressemblent par l’inaction après les longues nuits de discussion pour parvenir aux accords les plus merveilleux sur papier.
Comment donc expliquer à la petite vendeuse du coin de la rue à Gao, au Mali, elle qui assure, toute seule, les frais de scolarité de ses trois enfants dont le père est descendu dans les mines d’or artisanales, que tous ces avions qui vrombissent au-dessus de sa tête, en partance pour la COP 27, polluent moins l’environnement que le bois de chauffe de 200 FCFA, qu’elle achète chaque matin pour la cuisson de ses gâteaux? Comment convaincre Ibra, le chauffeur que son taxi vert qui lui permet de s’occuper de sa famille africaine, qui s’étend de la ville au village, et est à peine visible à 20 mètres dans la circulation de Ouagadougou, au Burkina, tant le véhicule est couvert par l’épaisse fumée noire qui sort du capot qui ne tient que par les fils de fers croisés avec art par le tôlier di garage d’à-côté? Comment amener les Personnes déplacées internes qui ont fui leurs localités sous la pression terroriste, à comprendre que les moyens colossaux qui sont engloutis par l’organisation de ces sommets aux résultats dont aucun compte n’est tenu dans la pratique, doivent prendre le pas sur l’équipement et la formation des armées des pays du Sahel engagées dans la guerre asymétrique que leur imposent les terroristes et autres hommes armés non identifiés, les fameux HANI? Pourtant, c’est l’Afrique, où tout est priorité, de la santé à l’éducation en passant par la nourriture, qui paie le tribut le plus lourd à la pollution de la planète dont les auteurs sont pourtant au nord. Et connus!
En conclusion, et il ne faut pas avoir peur des mots, le monde des soldats de l’environnement, peut peu, contre le réchauffement inexorable de la planète. En tout cas, tant que la course effrénée aux richesses sera d’actualité, et que le pollueur ne paiera jamais ses factures.
Par Wakat Séra