Au Burkina Faso, un tiers des grossesses contractées ne sont pas planifiées et une grossesse sur dix se termine par un avortement, selon un outil de plaidoyer développé conjointement par la Population Reference Bureau et le groupe de travail de SAFE ENGAGE au pays des Hommes intègres. Ce, malgré l’augmentation de la proportion de femmes en âge de procréer utilisant une méthode moderne de contraception. Elle est passée de 4% en 1993 à environ 27% en 2019.
« L’utilisation de la contraception protège les femmes, en particulier les adolescentes, des risques que peuvent représenter les grossesses pour leur santé », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est également un moyen plus efficace pour réduire le taux de grossesses non désirées, et permet de réduire le nombre d’avortements non sécurisés et de décès maternels.
Conscient de l’importance de la planification familiale, le Burkina Faso a déployé des efforts dans le domaine. Il a rendu gratuite la planification sur toute l’étendue de son territoire, et ce, depuis juillet 2020. Mais des efforts restent à faire dans le but de réduire considérablement les grossesses non désirées.
La contraception « joue un rôle très important dans la régulation des naissances et contribue à réduire de 30% le ratio de mortalité maternelle et de 20% le taux de mortalité infantile », a affirmé la ministre burkinabè de la Santé, Claudine Lougué, lors du lancement officiel de l’opération de gratuité de la planification, le samedi 26 septembre 2020, à Banfora, dans la région des Cascades.
Dans le tableau ci-dessous, nous vous proposons une liste de méthodes contraceptives et leur efficacité.
Mécanismes d’action et efficacité des méthodes contraceptives (des données de l’OMS)
Méthode | Comment fonctionne la méthode | Efficacité : grossesses pour 100 femmes par an moyennant une utilisation régulière et correcte | Efficacité : grossesses pour 100 femmes par an moyennant l’utilisation habituelle |
Contraceptifs oraux et combinés (COC) ou « pilule » | Ils empêchent la libération des ovocytes des ovaires (l’ovulation) | 0,3 |
7 |
Pilule à progestatif seul ou « minipilule » | Elle épaissit la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer ; elle inhibe aussi l’ovulation | 0,3 |
7 |
Implants | Ils épaississent la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer ; ils inhibent aussi l’ovulation | 0,1 | 0,1 |
Contraceptifs injectables à progestatifs seuls | Ils épaississent la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer ; ils inhibent aussi l’ovulation | 0,2 | 4 |
Contraceptifs injectables mensuels ou contraceptifs injectables combinés | Ils empêchent la libération des ovocytes des ovaires (l’ovulation) | 0,05 | 3 |
Patch contraceptif combiné et anneau vaginal contraceptif combiné | Il empêche la libération des ovocytes des ovaires (l’ovulation) | 0,3 (pour le patch)
0,3 (pour l’anneau vaginal) |
7 (pour le patch)
7 (pour l’anneau vaginal contraceptif) |
Dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre | Le cuivre endommage les spermatozoïdes et les empêche de rencontrer l’ovule | 0,6 | 0,8 |
Dispositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel | Le dispositif épaissit la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer | 0,5 | 0,7 |
Préservatifs masculins | Ils forment un obstacle qui empêche les spermatozoïdes et l’ovocyte de se rencontrer | 2 | 13 |
Préservatifs féminins | Ils forment un obstacle qui empêche les spermatozoïdes et l’ovocyte de se rencontrer | 5 | 21 |
Stérilisation masculine (vasectomie) | Les spermatozoïdes ne peuvent plus se mêler au sperme qui sera éjaculé | 0,1 | 0,15 |
Stérilisation féminine (ligature des trompes) | Les ovocytes ne peuvent plus rencontrer les spermatozoïdes | 0,5 | 0,5 |
Méthode de l’aménorrhée lactationnelle | Elle empêche la libération des ovocytes des ovaires (l’ovulation) | 0,9 (en six mois) | 2 (en six mois) |
Méthode des jours fixes | Le couple évite la grossesse en s’abstenant de rapports sexuels vaginaux non protégés lors des jours les plus féconds | 5 | 12 |
Méthode de la température basale du corps (TBC) | Le couple évite la grossesse en s’abstenant de rapports sexuels vaginaux non protégés lors des jours féconds | Taux d’efficacité fiables non disponibles | |
Méthode des deux jours | Le couple évite la grossesse en s’abstenant de rapports sexuels vaginaux non protégés lors des jours les plus féconds | 4 | 14 |
Méthode symptothermique | Le couple évite la grossesse en s’abstenant de rapports sexuels vaginaux non protégés lors des jours les plus féconds | <1 | 2 |
Pilules de contraception d’urgence (PCU) (acétate d’ulipristal 30 mg ou lévonorgestrel 1,5 mg) | Elles empêchent ou retardent la libération des ovocytes des ovaires. Les pilules sont prises pour éviter une grossesse jusqu’à cinq jours après des rapports sexuels non protégés. | < 1 pour les PCU à l’acétate d’ulipristal 1 pour les PCU contenant un progestatif seul 2 pour les PCU combinées estrogène/progestatif |
|
Méthode du calendrier ou méthode du rythme | Le couple évite la grossesse en évitant les rapports sexuels vaginaux non protégés durant les premiers et derniers jours du cycle estimés comme féconds, par l’abstinence ou en utilisant un préservatif. | Taux d’efficacité fiables non disponibles | 15 |
Retrait (coït interrompu) | Par cette méthode, l’homme s’efforce d’éviter que le sperme pénètre dans le vagin de la femme, pour empêcher la fécondation | 4 | 20 |
Les différentes méthodes contraceptives évoquées dans le tableau ci-dessus, ont différents modes d’action et leurs efficacités sont diverses dans la prévention des grossesses non désirées. L’efficacité de ces méthodes est évaluée par le nombre de grossesses pour 100 femmes utilisant la méthode chaque année.
Dans le tableau où les méthodes sont classées en fonction de leur efficacité par rapport à l’utilisation habituelle, il ressort que celles qui sont très efficaces vont de 0 à 0,9 grossesse pour 100 femmes. Il s’agit, notamment, de la stérilisation féminine (ligature des trompes), de la stérilisation masculine (vasectomie), Dispositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel et de l’implants.
Les méthodes efficaces vont de 1 à 9 grossesses pour 100 femmes. Là il s’agit des contraceptifs oraux et combinés (COC) ou « pilule », la pilule à progestatif seul ou « minipilule », la méthode symptothermique et les contraceptifs injectables mensuels ou contraceptifs injectables combinés.
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Les contraceptifs qui sont modérément efficaces, sont entre autres les préservatifs masculins, la méthode du calendrier ou méthode du rythme, et la Méthode des deux jours, qui vont de 10 à 19 grossesses pour 100 femmes. Enfin la méthode la moins efficace est le retrait ou coït interrompu qui va jusqu’à 20 grossesses ou plus pour 100 femmes.
Au Burkina, depuis 2016, l’implant est la méthode contraceptive la plus utilisée par les femmes en union avec un taux de 50,3%, selon l’enquête PMA2020. Pour ce qui est des femmes qui ne sont pas mariées mais qui sont sexuellement active, c’est le préservatif masculin qui est la méthode la plus utilisée avec un taux de 37,7%.
Malgré les efforts déployés au niveau national, les indicateurs de santé sont loin d’être satisfaisants car la prévalence contraceptive, notamment au niveau des femmes en union reste faible, soit 28% en 2019 avec un taux élevé des besoins non-satisfaits, soit 23,3% en 2018.
Des indicateurs clés de la planification familiale issus de l’enquête PMA2020 au Burkina Faso désagrégés par milieu de résidence
Au regard des données du tableau, il est à noter que les informations sur la planification sont bien passées en milieu rural qu’en milieu urbain au cours des des périodes novembre 2016 à janvier 2017, novembre 2017 à janvier 2018 et de décembre 2018 à janvier 2019, au Burkina. De décembre 2018 à janvier 2019, 33,6% des femmes âgées de 15 à 49 ans en milieu rural ont reçu des informations sur la planification familiale d’un prestataire contre 23% en milieu urbain. 90,6% des femmes en milieu rural ont choisi elles-mêmes ou avec l’aide de leurs partenaires la méthode de planification familiale, à la même période contre 79,7% en milieu urbain.
Selon les indicateurs clés de planification familiale mesurés par PMA2020, le taux de prévalence contraceptive (TPC) est à 26,4% pour toutes les femmes et 30,1% pour les femmes en union.
Dans l’outil de plaidoyer multimédia de la Population Reference Bureau et le groupe de travail de SAFE ENGAGE, il est ressorti que « si la moitié des femmes burkinabè avec un besoin non satisfait utilisaient une méthode de contraception moderne, il y aurait chaque année 116 000 grossesses non planifiées en moins, ce qui conduirait à 37 000 avortements non sécurisés et 350 décès maternels en moins ».
En 2012 au Burkina Faso, la grande majorité des avortements ont été pratiqués de manière clandestine et non sécurisée et parmi les femmes qui ont recours à un avortement, 41% se tournent vers des tradipraticiens et 23% se font avorter elles-mêmes. Les plus vulnérables aux complications liées à l’avortement non sécurisé sont les jeunes filles vivant en milieu rural.
Par Daouda ZONGO