Accueil Non classé Réhabilitation Thomas Sankara: « On a essayé de m’assassiner deux fois » (Jean-Hubert Bazié)

Réhabilitation Thomas Sankara: « On a essayé de m’assassiner deux fois » (Jean-Hubert Bazié)

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Jean-Hubert Bazié, ancien compagnon du père de la révolution burkinabè d’août 1984, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, a affirmé ce lundi 14 octobre 2019, qu' »on a essayé de l’assassiner deux fois » sous le régime du capitaine Blaise Compaoré qui a succédé au Conseil national de la révolution (CNR).

Un groupe de compagnon de Thomas Sankara entendent le réhabiliter, et par là, remettre au goût du jour les acquis de la Révolution démocratique et populaire (RDP). Jean Emmanuel Ouali, Firmin Diallo, Batian Bénao et Jean-Hubert Bazié ont communiqué, ce lundi 14 octobre 2019, veille de l’anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, sous forme de témoignages autour du thème: « Les acquis de la révolution d’août ».

Ce panel vise à mettre l’accent sur les acquis de la révolution pour que « la jeune génération comprenne ce qui a fait », a déclaré le panéliste principal, Jean-Hubert Bazié, soulignant que la révolution d’août « met l’homme, le citoyen, au centre de toute initiative » parce que le « responsable doit être exemplaire ».

En révolutionnaire « convaincu » qui a toujours défendu Sankara et la noblesse de son combat visant l’affranchissement de la masse populaire à tous les niveaux, M. Bazié a confié qu' »on a essayé de l’assassiner deux fois ». « Je ne l’avais pas dit parce que si Dieu vous aime, ce n’est pas la peine de l’exposer. Mais comme les tueurs sont dehors, je peux parler. Il y en a encore qui sont dedans, ils peuvent être opérationnels, mais ce temps est passé », a-t-il poursuivi.

« Il n’était pas du tout facile d’affirmer son sankarisme sous le régime de Blaise Comaporé » qui a régné pendant 27 ans, selon les communicateurs du jour. « Il y a eu le temps des balles, après c’était celui des poisons, aujourd’hui ceux qui le faisaient se révèlent », a dit Hubert Bazié, poursuivant qu' »on (leur) a privé la parole pendant une trentaine d’année » « Grâce à Dieu il y a eu l’insurrection populaire (des 30 et 31 octobre 2014), il y a eu une libération dans la parole et nous en profitons pour partager avec vous » les acquis de la révolution populaire, a affirmé M. Bazié.

A la question de savoir c’est quoi le mensonge dont certains attribueraient aux dirigeants de la révolution d’août, notamment son premier responsable, le capitaine Thomas Sankara, M. Bazié a indiqué que « c’est quand on dit que Sankara voulait tuer les autres, que Sankara voulait faire dévier la révolution, que c’est (lui) qui a fait tout le mal sous le CNR ». « Le mensonge c’est quand on assassine les camarades de Sankara », a-t-il dénoncé.

Pour les communicateurs, 32 ans après l’assassinat de Thomas Sankara, la question de la responsabilité politique, de l’engagement citoyen, le sacrifice du leader par rapport au citoyen ordinaire, les questions de justice, du genre (comment faire pour responsabiliser la femme), les questions de la sécurité, de l’éducation, de la santé, de l’élevage, de l’agriculture (…) restent en l’état.

Ils estiment que la jeunesse a été privée de la connaissance des acquis de la révolution parce que ceux qui ont pris le pouvoir après Sankara ont renié la révolution démocratique et populaire qui combattait la « gabegie, la corruption, le vol, le mensonge, etc ».

« Il y a tellement de chantiers qui ont été engagés sous la révolution, mais l’important, la leçon qu’il faut retenir, c’est qu’on peut partir de rien pour réaliser ses aspirations et non parachuter des fantaisies et des rêves qui ne sont pas les siens », a martelé Jean-Hubert Bazié.

Selon ce compagnon de Sankara, le salut de l’Afrique et du Burkina en particulier réside dans la lutte pour la « décolonisation des mentalités » afin de bâtir des « Etats nouveaux » basés sur le socle de nos terroirs.

Par Bernard BOUGOUM