A travers cette déclaration, les Ayants droit biologiques de Feu Paulin Babou Bamouni, donnent leur «part de vérité» sur la réinhumation du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons sur les lieux de leur assassinat le 15 octobre 1987. Ils ont pu finalement fournir un cercueil pour leur père. «Mais, nous sommes au regret de vous informer que notre démarche n’a pas été exécutée jusqu’au bout, car nous avons été confrontés à une mise en scène orchestrée de toutes pièces par les organisateurs», peut-on lire dans cet écrit d’ayants droit «offusqués».
«A cheval sur les valeurs de la politesse et du bon sens, nous les Ayants droit de Feu BAMOUNI Babou Paulin, remercions toutes les personnes qui ont œuvré pour que notre doléance, de voir les restes de notre père dans un cercueil de notre choix, ait pu aboutir.
Mais, nous sommes au regret de vous informer que notre démarche n’a pas été exécutée jusqu’au bout, car nous avons été confrontés à une mise en scène orchestrée de toutes pièces par les organisateurs. Les faits!
Suite à la livraison du cercueil, par nos soins, le 22 février 2023 dans l’après-midi au lieu indiqué, j’ai été contactée dans la nuit, soit quelques heures avant la cérémonie officielle de la fameuse réinhumation au Conseil de l’Entente, par l’Officier de Garnison qui m’a informé que le cercueil n’allait pouvoir être utilisé et que celui-ci pouvait être récupéré.
Motif avancé: dimensions du cercueil non conformes aux tombes préfabriquées du Conseil de l’entente. Ces tombes seraient de 1m80 de long sur 0.60 cm de large, en clair, des dimensions qui ne correspondent même pas à celles de cercueils standards.
Ce qui est étonnant c’est que lors de la visite de la délégation du Comité international du mémorial Thomas Sankara suite à notre déclaration dans la presse de notre pays, l’un des membres dudit comité, m’a communiqué, à propos des tombes creusées au Conseil de l’Entente, des dimensions de 2m de long sur 1m de large qui se rapprochent davantage des dimensions standards, ce qui aurait permis au cercueil de notre père d’être utilisé.
Par conséquent si les dimensions annoncées et qui justifieraient le rejet de notre cercueil sont bien celles des tombes préfabriquées, cela voudrait dire que l’histoire s’est bel et bien répétée, comme en cette nuit du 15 octobre 1987, où les corps du Président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, dont notre père, ont été enfouis en terre dans la précipitation au cimetière de Dagnoën.
Le sort réservé à ces Martyrs est toujours le même! Qu’est-ce qui pourrait bien justifier cette organisation hâtive qui n’aura permis de réaliser que des trous à rats qui ont fait office de tombes à ces camarades de lutte? Des casiers préfabriqués de moins de 2m!
Certes, il s’agit de restes mortels mais nos Martyrs méritaient d’avoir pour la première fois, à l’occasion de leur réinhumation, des vraies tombes et des vrais cercueils! Malheureusement, la bêtise humaine s’acharne encore contre eux! 35 ans après!
Ou bien, est-ce une rétractation qui serait plutôt due au fait que nous les ayants droit avons annoncé, après livraison dudit cercueil, notre non-participation aux inhumations, et cela suite aux désagréments subis? Était-ce la sanction inique trouvée par les organisateurs, contraints de nous avoir permis de fournir le cercueil? Pourquoi avoir attendu la nuit, soit juste à quelques heures de la cérémonie pour m’informer, me laissant ainsi le dos au mur ? C’est vraiment mesquin et ignoble!
Durant les différents échanges concernant cette requête visiblement encombrante pour mes interlocuteurs, l’un des acteurs du dossier brulant des «restes» m’a plutôt vue, en tant que promotrice d’une société de pompes funèbres que je suis, comme une commerçante sans vergogne et non comme une victime et m’a proposé de leur vendre des cercueils pour ces mêmes Martyrs en échange du droit de fournir celui de notre père! Une proposition indécente que j’ai catégoriquement rejetée et à la place de laquelle j’ai plutôt proposé d’offrir des cercueils à tous nos Martyrs. Sans tapage aucun.
Nous ayants droit sommes enfin offusqués du fait qu’une certaine autorité suite à notre requête de récupérer les restes mortels de notre père, à oser déclarer que les inhumations du 23 février 2023 au Conseil de l’entente étaient intangibles et que l’inhumation des civils auprès des militaires permettrait à ces civils de pas rentrer dans l’oubli.
Ces propos, pour nous, sont déplacés, insultants et choquants pour la mémoire de l’homme intègre que notre père agent civil de l’état a été, lui qui a péri pour son pays et pour ses idées.
Tant que ses ayants droit, sa descendance et des Burkinabè patriotes vivront, Paulin Babou BAMOUNI ne rentrera jamais dans l’oubli!
Paix à l’âme de tous nos Martyrs!»
Pour les Ayants droit de Feu BAMOUNI Babou Paulin
Céline BAMOUNI
Ouagadougou, le 26 février 2023