Les artistes Didi B (Côte d’Ivoire), Innoss’B (RD Congo), Ko-C (Cameroun), Djanii Alfa (Guinée), Didier Awadi (Sénégal), Kandy Guira, Imilo Lechanceux, Dez Altino et Zoug-nanzagmda (Burkina Faso), ont mis le feu à Ouagadougou lors des « Rema Play », un concert géant organisé aux Monuments des Héros nationaux pour marquer la clôture de la septième édition des Rencontres Musicales Africaines (REMA), le samedi 19 octobre 2024. Ces stars de la musique africaine dans une ambiance magnifique ont communié avec le public aux rythmes des mélodies et de la lumière pendant plus de huit heures.
Le boss du RAP game ivoirien, Didi B; le nouveau visage de la musique AfroCongo, Innoss’B, le célèbre rappeur et chanteur camerounais, Ko-C, le pionnier du rap africain engagé, Didier Awadi, le plus conscient des rappeurs guinéens, Djanii Alfa et les stars burkinabè, la reine de l’afropopp, Kandy Guira ; Zoug-nanzagmda évoluant dans le traditionnel, Dez Altino, l’une des figures emblématiques de la musique nationale et l’étoile montante de la scène musicale africaine, Imilo Lechanceux, ont électrisé la foule lors de la clôture de la septième des Rencontres Musicales Africaines (REMA). Des prestations XXL ont maintenu débout sur près de huit heures, les mélomanes restés pour être témoin jusqu’au petit matin, environ 5H00 du matin où le concert s’est terminé.
Innoss’B s’est « bien amusé » au REMA PLAY
Le pionnier du genre musical AfroCongo, une fusion de la rumba congolaise, du ndombolo et du folklore musical africain, Innoss’B, dit avoir « aimé son séjour à Ouaga ». Comment avez-vous trouvé le public de Ouagadougou ce soir ? « Génial ! Ce soir, je me suis bien amusé et le public m’a accompagné avec une belle chorale. C’était chaud », a-t-il répondu, indiquant que c’est sa « première expérience et ce ne serait pas la dernière parce qu’il y avait une bonne ambiance, de bonnes valeurs, de la positivité à partager ». Il a dit merci à Alif Naaba, le promoteur des REMA pour l’invitation et l’initiative.
Sur scène, après avoir rendu hommage au président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, Innoss’B a dédié une chanson à toute l’Afrique, particulièrement sa jeunesse. « Une jeunesse qui veut prendre sa vie en main, une jeunesse consciente, tournée vers la positivité », a-t-il lancé sur le géant podium dressé pour le spectacle.
« Le problème, c’est nous-mêmes »
Djanii Alfa, connu pour son rap conscient, ses textes incisifs en faveur de la justice et des Droits de l’Homme, s’est bien amusé sur la scène burkinabè qu’il découvre pour la première fois. « Je regrette d’avoir attendu trop longtemps avant de venir ici au Burkina Faso. Ça fait 40 ans que j’écume les scènes », a-t-il déclaré. Pour lui, au-delà de son invitation à venir se produire sur la scène musicale des REMA, il est tombé sur un peuple burkinabè magnifique qui donne envie d’y rester. « Depuis que je suis arrivé, les gens me disent bonjour, ça se passe bien, merci, au revoir…ça, c’est très rare actuellement dans beaucoup de pays africains », a-t-il salué avant de souligner que les Burkinabè sont « bien éduqués ».
Il a chanté des titres qui abordent beaucoup de sujets comme l’immigration, la mal gouvernance, la politique politicienne, la colonisation, le néocolonialisme et les querelles intestines entre Africains sur fond de conflits politique, ethnique et religieux. Sur ce dernier, il a une formule magique qui disait que le « problème c’est nous » car sur tout ce qui arrive à l’Afrique comme malheur, la responsabilité incombe aux Africains eux-mêmes.
Kandy Guira « attendait un peu ce bain de foule du Faso depuis longtemps »
La reine de l’afro électropop, Kandy Guira, dit avoir exprimé « une grande joie » après sa prestation live sur le plateau des REMA. « J’attendais un peu ce bain de foule du Faso depuis longtemps et je viens de le faire. C’est juste impressionnant. Ça fait plaisir de se faire applaudir partout, mais c’est encore exquis de se faire applaudir chez soi », a-t-elle affirmé, remerciant, les « REMA de (lui) avoir donné cette opportunité ».
Elle a poursuivi que « les REMA sont géniales ». « C’est un évènement que tous les artistes burkinabè ou externes doivent venir souvent et se rencontrer parce que ce sont des opportunités pour pouvoir professionnaliser le métier de la musique. C’est important qu’on se professionnalise si on veut vraiment s’exporter. Les REMA permettent cela et franchement, c’est à saluer et à encourager », a-t-elle conclu.
La 7ᵉ édition des REMA va « permettre aux artistes de savoir comment le digital fonctionne »
Le thème de cette édition des REMA : « L’AfroDigital créatif et économique en émergence » est une « idée géniale » parce qu’elle va permettre « à nous, artistes, tous ceux qui sont sur le digital de savoir comment il fonctionne », a fait savoir Imilo Lechanceux. Répondant à une question sur l’apport des REMA dans l’évolution d’un artiste, il a dit que le rôle des REMA dans l’évolution de la carrière d’un artiste est « capital ». Il a salué dans cette dynamique l’initiative de son grand-frère Alif Naaba qui « valorise le pays ».
Le Burkina Faso « traverse des moments durs, c’est vrai, mais à Ouagadougou, comme dans certaines villes des régions, il y a la vie. C’est en ce moment que les artistes doivent être beaucoup plus organisés pour organiser ces spectacles-là pour que les étrangers viennent voir que la paix, c’est la meilleure des choses », a dit l’homme aux multiples concepts musicaux.
« Stopper les voleurs de la République » et « stopper Israël »
Connu pour son rap engagé, le Lion de la Téranga qui est sur une scène musicale burkinabè qu’il a domptée, l’a démontré une fois de plus avec son groupe. « Je suis en foulard pour marquer mon soutien au peuple palestinien » qui fait face aux conséquences incalculables du conflit qui oppose leur pays à Israël, a affirmé Didier Awadi. Sur une mélodie de chanson où il demande de « stopper les voleurs de la République », Didier Awadi a demandé au public de reprendre le refrain avec en ligne de mire l’Israël ».
Didier Awadi dont le studio à Dakar porte le nom de son « héros », le père de la révolution burkinabè, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, a profité de l’occasion pour rendre un vibrant hommage au président Sankara dont la commémoration des 37 ans de son assassinat a eu lieu au Mémorial qui lui est dédié, le 15 octobre dernier.
Ko-C et Amzy dans une belle communion au REMA PLAY
Le Camerounais Ko-C a soulevé le public avec ses chansons dont lui seul a le secret de la composition. Ses tubes dont l’écho ont résonné jusqu’en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina, dès son entrée en scène avec « Quand j’aurai l’argent », Ko-C a vu déjà qu’il avait conquis les spectateurs. C’est tout naturellement qu’à la suite de ce titre, l’artiste a enchaîné avec d’autres de ses chansons comme « La galère », « Caleçon », « Sango », « Deux œufs spaguetti ».
L’artiste qui excelle dans le mélange des styles que sont l’afrobeat, l’afropop, le pop, l’amapiano, a monté le mercure de l’ambiance quand il a appelé son « ami » Amzy, le rappeur et chanteur burkinabè adulé par la jeunesse. Quand il a demandé au Dj qui l’accompagnait de balancer un son de Amzy, le « Gandaogo national », avant que le DJ ne s’exécute, la foule, l’a devancé en chantant certains des tubes de la star burkinabè dont « Wa Locké ». Il faut souligner que Amzy et Ko-C ont déjà sorti une chanson « GTPA » ensemble.
Le Shogun était sur un terrain conquis…
Sans conteste, la guest-star de cette soirée apothéose est Didi B, surnommé le « Shogun » par ses admirateurs. Le boss rap game en Côte d’ivoire est arrivé avec toute sa bande aux environs de 3H00 dans les loges. Tous portaient des cagoules noires. Malgré une longue attente, les fans de Didi B ne voulaient sous aucun prétexte rater ce rendez-vous unique que leur offrent les REMA de Alif Naaba qui de fil en aiguille est en train de position son festival sur l’échiquier africain.
Quand les deux speakers de la soirée, Daouda Sané et Guy Serge Aka ont annoncé le leader du mythique groupe, Kiff no beats, après que sa bande, ses musiciens, se soient installés vers 4H30 du matin, Didi B de son vrai nom Bassa Zérehoué Diyilem, la foule était surchauffée. L’impatience qu’elle laissait voir, s’est vite dissipée, vu comment les spectateurs reprenaient en chœur les tubes de l’enfant du village Ki-Yi, un creuset des acteurs culturels majeurs de la Côte d’Ivoire dont le père de l’artiste-même est un pur produit avec des paroliers comme Bomou Mamadou.
Prix Brésil jeune talent: la Sénégalaise Diyane Adam’s succède à la kenyane Nile Dawta
Pour cette édition, les artistes qui ont presté en showcases, il y avait un prix à la sortie. Et c’est la Sénégalaise Diyane Adam’s qui a remporté le « Prix Brésil jeune talent » à cette 7ᵉ édition des REMA qui enregistré au total 400 candidatures lors de la présélection. Elle repart avec un prix d’une valeur de 1 000 dollars, soit plus de 600 000 francs CFA.
L’Ambassadrice du Brésil au Burkina, Ellen Osthoff Ferreira De Barros, a déclaré que « le Brésil, c’est l’Afrique que peut-être, vous ne connaissez pas suffisamment. Alors, je suis très contente d’être là », a-t-elle dit sur le podium pendant la proclamation des résultats du prix que son pays porte. Le prix a été remporté, à l’édition passée, par la jeune chanteuse kenyane, Nile Dawta.
Lancées le 17 octobre dernier, les REMA ont réuni plus de 800 professionnels de la musique, venus de plus de 25 pays, pour réfléchir sur l’apport du digital à l’évolution des artistes africains. Les REMA s’exportent cette édition du côté de Bobo-Dioulasso à travers son concept les « REMA next » qui se tiendront les vendredi et samedi prochain avec un concert au stade Wobi pour l’apothéose.
Par Bernard BOUGOUM