Alors que les différents états-majors des partis politiques avaient affûté leurs armes pour démarrer la chasse aux voix, ce jeudi, ce dans le cadre des prochaines élections législatives et régionales, Faure Gnassingbé refroidit toutes les ardeurs, y compris celles de son propre camp politique de l’UNIR. Si une partie de l’opposition n’en décolère pas, considérant ce report cavalier et entrant dans le cadre de l’agenda politique du pouvoir, en face, l’option du chef de l’Etat est applaudie, car devant permettre aux uns et aux autres de mener des «consultations» beaucoup plus larges sur l’initiative venue de certains députés de donner un coup de neuf à la constitution. Ainsi, le nouveau texte voté par 89 élus et qui doit faire basculer le Togo dans la 5e République, le faisant passer d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, retourne à son port de départ.
Pourtant, cette constitution constitue une nouveauté dans la gouvernance togolaise. Elle renforce les pouvoir des institutions comme le Parlement. Car, la tâche reviendra, avec la nouvelle loi fondamentale, à l’Assemblée nationale et au Sénat de désigner le président de la République, qui devient une sorte de roi d’Angleterre, et le président du Conseil des ministres qui détiendra la réalité du pouvoir. Et c’en était, en principe, fini du président de la république omniscient et omnipotent, ayant pratiquement droit de vie et de mort sur ses concitoyens. Mais, face au rejet de cette réforme par des opposants et des représentants de la société civile, et sans doute avec le poids de la religion catholique dont les évêques lui ont demandé de ne pas promulguer la nouvelle constitution, le chef de l’Etat togolais l’a renvoyée, en seconde lecture, devant l’Assemblée nationale, haut-lieu des débats politiques s’il en est. Geste qui devrait donc prouver, à suffisance, que Faure Gnassingbé est à l’écoute de son peuple, de son opposition et des chefs religieux.
Problème: le pays et ses politiciens, ont la tête déjà plongée dans des régionales et surtout des législatives qui doivent permettre de renouveler l’hémicycle un peu trop monocolore, c’est-à-dire aux couleurs de l’UNIR, le parti au pouvoir. De plus, le mandat des élus actuels a échu en décembre dernier. Pourtant, l’Afrique ayant une culture prononcée des résolutions de crises par le dialogue, c’est sous l’arbre à palabres que la plupart des problèmes trouvent solution. Malheureusement, tout cela intervient après des marches réprimées par des forces de l’ordre qui trouvent ainsi l’opportunité de se dérouiller les muscles et de tester leurs grenades lacrymogènes et gourdins! Parfois, les balles réelles se confondent aux balles blanches et bonjour les dégâts irréparables. Raison pour laquelle il urge de tourner le dos aux démons de la violence et de donner toute la place aux débats dans le cadre plus indiqué de l’Assemblée nationale où le peuple a ses représentants. Mais autant les populations doivent parler le langage de la non-violence, autant les gouvernants ont l’impérieux devoir de maintenir le cap de la cohésion nationale et de la paix sociale.
Il urge donc que, dans l’intérêt national, toutes les parties sachent raison garder, afin que cette nouvelle constitution qui, en principe affaiblit le roi et renforce le pouvoir du peuple, ne soit pas source de division pour un Togo où tous ont droit au bon vivre. La balle est donc de nouveau dans le camp de l’Assemblée nationale qui doit pouvoir, fort de sa composition d’élus du peuple, présenter le meilleur au peuple, pour sa quiétude.
Par Wakat Séra