L’ambassadeur de la République populaire de Chine au Burkina, Jian Li, a affirmé le jeudi 26 septembre 2019, que «parmi les 100 ponts les plus difficiles à construire par l’humanité, il y a 90 ponts chinois», au cours d’une cérémonie en marge des 70 ans de l’indépendance de l’«Empire du Milieu» qui sera célébré le 1er octobre prochain. Nous vous diffusons in extenso le discours de monsieur l’ambassadeur qui explique la vision chinoise du développement, sa diplomatie avec les pays africains plus particulièrement sa coopération avec le Burkina, entre autres. « Les expériences réussies de la Chine pendant ces sept décennies n’ont pas été des plus aisées et ne se sont pas passées comme une lettre à la poste. Pour nous, c’est une longue marche avec 70 ans de lutte acharnée. Rien n’était garanti à l’avance mais nous avions foi que nous pouvions y arriver. Mieux, nous étions convaincus que nous avions le devoir et l’obligation de réaliser nous-mêmes notre développement », a déclaré Jian Li devant un parterre d’invités de marque dont le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé.
Discours de l’Ambassadeur de Chine au Burkina Faso S.E.M. LI Jian pendant la réception de 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine
Le 26 septembre 2019 à l’Hôtel Laïco, Ouagadougou
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs le Doyen, les Ambassadeurs, les Consuls Honoraires et les Représentant des Organisations Internationales,
Autorités coutumières et religieuses, militaires et paramilitaires,
Mesdames et Messieurs les hommes de Médias Burkinabè et Internationaux,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Chers Collègues,
Grande est ma joie de vous recevoir ce soir pour fêter ensemble le 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine. Je vous remercie vivement de votre présence et pour l’intérêt que vous portez à mon pays.
Mais avant de continuer, je voudrais que nous marquions une minute de silence en l’honneur de tous ces vaillants soldats burkinabè qui sont tombés armes à la main pour la défense de la nation et que nous aillions une pensée pieuse à l’endroit de ces hommes et femmes qui, jour et nuit, se sacrifie pour l’intégrité du Burkina Faso.
Je vous remercie.
Mesdames et Messieurs,
Dans le livre de son histoire, la République populaire de Chine est aujourd’hui à sa 70e page. 70 pages qu’elle a écrites elle-même, pour lesquelles elle s’est battue et par laquelle elle s’identifie pleinement. Un ami burkinabè m’a dit une fois que si on ne sait pas d’où on vient, on ne peut pas savoir où on va. Il est donc impossible de comprendre la Chine d’aujourd’hui sans jeter un regard rétrospectif sur son passé.
Le 1er octobre 1949, Chairman MAO Zedong a proclamé sur la place de Tiananmen la création de la République populaire de Chine. (Image) après un siècle d’humiliation, de colonisation, le peuple chinois a décidé de ne plus être agenouillée. Elle s’est désormais tenue debout. Mais à cette époque, la Chine n’était qu’un pays très pauvre, avec d’énormes défis tant économique, social qu’infrastructurel à relever. (Images) Avec une population de plus de 540 millions d’habitants, le PIB par habitant n’était à l’époque que de 27 dollars selon les statistiques de l’ONU. 27 dollars ! Et l’espérance de vie en moyenne était seulement 35 ans. Malgré la pauvreté, c’est la 1ère fois depuis un siècle que la Chine ne dépendait plus de personne, et que les Chinois ont tenu leur propre bol de riz dans leur main. Cette indépendance vraie et réelle du peuple chinois a montré au monde entier, à tous les peuples opprimés, qu’il est possible de changer le cours de l’histoire en menant un combat acharné.
Mesdames et Messieurs,
Pendant 7 décennies, la Chine n’a jamais cessé de chercher sa propre voie de développement. (Image) En 1978, la politique de réformes et d’ouverture a été lancée par DENG Xiaoping pendant la 3e session plénière du 11e comité central du Parti communiste chinois. Le développement économique du pays était à l’époque placé au centre des priorités de l’État. Que s’est-il passé ? J’aimerais tout d’abord vous montrer une petite présentation de graphiques dynamiques. (Vidéo). Derrière ces chiffres qui, à l’heure actuelle, continuent d’évoluer, se cachent des réformes profondes sur un vaste chantier dans toute la Chine. (Image) En haut, vous avez la photo d’une école primaire dans les années 50s située au sud-ouest de la Chine. Il n’a rien de différent avec une école sous paillotte ici. Ces enfants, dans cette salle de classe de fortune, faisaient partie des 20% des enfants de la Chine à l’époque qui avaient eu la chance d’être scolarisés. Mais la situation a littéralement changé pour leurs petits enfants comme vous pouvez bien le constater sur la deuxième photo. Aujourd’hui, le taux de scolarisation en Chine a atteint presque 100%. L’éducation est devenue non seulement un droit mais une obligation pour tout le monde. (Image) Voici la ville de Shenzhen. Elle était au départ un village de pêcheurs dans les années 80s. Mais en moins de 40 ans, son visage a complètement changé. Ces dernières années, Shenzhen a même dépassé Hongkong en termes de PIB pour devenir la troisième ville économique en Chine. Ces deux exemples n’est qu’une infime représentation. Le changement et l’évolution de la Chine est perceptible à tous les endroits et presque simultanément. Le chemin de fer pour les trains à grande vitesse a relié toute la Chine avec plus de 29 mille kilomètres, ce qui dépasse 2 tiers de la longueur mondiale. Nous avons construit plus de 1 millions de ponts modernes mêmes dans les régions montagneuses. Parmi les 100 ponts les plus difficiles à construire par l’humanité pendant 21e siècle, il y a 90 ponts chinois.
Je me rappelle qu’il y avait des amis burkinabè qui me parlaient souvent du miracle chinois. Je les ai beaucoup remerciés, mais à mon fort intérieur, je sais très bien qu’il n’y a rien de miraculeux dans tout cela. Les expériences réussies de la Chine pendant ces 7 décennies n’ont pas été des plus aisées et ne se sont pas passées comme une lettre à la poste. Pour nous, c’est une longue marche avec 70 ans de lutte acharnée. Rien n’était garanti en avance mais nous avions foi que nous pouvions y arriver. Mieux, nous étions convaincus que nous avions le devoir et l’obligation de réaliser nous-même notre développement.
Mais posons-nous les bonnes questions. Comment a-t-on pu garder le cap, maintenir une vision unique orientée vers le développement pendant 70 ans ? Premièrement, il y a toujours un plan stratégique à très long terme. Ce n’est pas des projets de développement qu’on envisage pour 3 ans ou 5 ans mais des grandes lignes que nous respectons et exécutons inlassablement pendant plusieurs décennies. Deuxièmement, notre système nous permet de pouvoir concentrer toutes les ressources et toutes nos énergies sur de grandes réalisations prioritaires et structurantes dans une méthodologie claire, précise concordante. Troisièmement, nous restons toujours ouverts à tous les pays, nous apprenons d’eux sans aucun préjugé et nous nous inspirons des aspects positifs que nous adaptons à nos réalités. Quatrièmement, il y a le rôle très particulier et important que joue la culture traditionnelle chinoise qui met beaucoup d’accent sur l’unité, la discipline, la diligence et la persévérance.
Cependant, tout n’aurait jamais été possible sans un leadership ferme et éclairé du Parti communiste chinois. Comme dit un proverbe de chez nous : « Les grandes réalisations commencent par des débuts modestes ». Depuis presque 100 ans, le PCC a œuvré à éveiller la conviction et le patriotisme de tout un peuple afin de remporter des succès remarquables. Toutefois, cette entreprise est sans fin. Elle s’inscrit dans l’éternité. C’est en effet un travail perpétuel auquel chaque génération se doit de remplir mieux que la précédente. Le Président chinois, S.E.M. XI Jinping a ainsi réaffirmé la nécessité pour tous les membres du PCC de toujours faire preuve de modestie, de prudence et de sobriété, de ne jamais reculer devant aucune difficulté et aucun sacrifice, de lutter sans relâche pour réaliser les « deux objectifs centenaires » et le rêve chinois du grand renouveau de la nation.
Ce rêve que nous chérissons tant passe inéluctablement par la réunification de la nation chinoise. Ces dernières semaines, les Îles Salomon et les Kiribati ont successivement rompu leurs relations avec Taïwan. Le Premier Ministre des Îles Salomon Rick Houenipwela a même rappelé que Taïwan n’est pas reconnu par l’ONU comme étant un pays et n’a aucun droit d’établir des relations diplomatiques avec aucun pays souverains. Il se pose cette question : Que recherchent encore les autres pays qui sont toujours en soi-disant relations diplomatiques avec Taiwan alors que le monde entier est unanime sur le principe d’une seule Chine? Ces exemples montrent une fois de plus que le principe d’une seule Chine est une tendance historique que nul ne peut empêcher. La Chine doit se réunir et va se réunir. La bonne décision du Burkina Faso de revenir à la normale en rétablissant ses relations diplomatiques avec la Chine a été suivie et continuera d’être suivie.
Mesdames et Messieurs,
Une Chine développée est une bonne nouvelle pour le monde. Selon les statistiques du Fond monétaire international (FMI), la contribution de la Chine pour la croissance économique mondiale entre 2009 et 2018 est de 34%, occupant ainsi la 1ère place mondiale. Elle joue un rôle de plus en plus important dans l’innovation du modèle de coopération et dans le perfectionnement de la gouvernance économique mondiale. Fervente défenseur du multilatéralisme et de l’ouverture, elle apporte sa part de contribution au sein des instances internationales telles que le sommet du G20, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Conférence sur les changements climatiques, etc. Sur ce, nous partageons la même vision et le Président du Faso, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE a dit il y a 2 jours à l’Assemblée générale de l’ONU que plus qu’une conviction, le multilatéralisme reste pour le Burkina Faso, l’unique voie pour trouver des solutions aux grandes problématiques du monde.
Une Chine puissante est une bonne nouvelle pour l’Afrique. La Chine et l’Afrique sont respectivement le plus grand pays en voie de développement et le continent qui regroupe le plus grand nombre de pays en voie de développement. Les deux peuples ont subi les mêmes situations très difficiles et partagent aujourd’hui les mêmes aspirations à l’indépendance réelle et au développement. Le soutien mutuel de ces deux peuples est condition sine qua none pour relever les défis communs qui se présentent à eux. Dans les années 1970 la Chine était elle-même plus pauvre que beaucoup de pays africains, mais cela ne l’a pas empêché de construire le Chemin de fer reliant la Tanzanie et la Zambie au nom de l’amitié. Maintenant que sa situation s’améliore, la Chine contribuera davantage au processus d’industrialisation et de la modernisation de l’Afrique et fournira encore plus de fonds, de technologies et de compétences pour son décollage social et économique. La Chine défend fermement le principe de ne jamais imposer aucune condition préalable à la coopération avec l’Afrique et ne cherche nullement à se construire un pré carré en Afrique pour ses intérêts égoïstes. Ce que nous voulons, c’est un grand jardin gagnant-gagnant dans lequel prospèrent tous les partenaires. Un autre ami burkinabè m’a confié une fois que lorsque la Chine se lèvera, l’Afrique ne devra pas se tenir derrière elle, mais devra se tenir à ses côtés. Oui, nous avançons et avancerons toujours ensemble. Cela me rappelle les propos d’un célèbre auteur qui dit ceci : Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon ami.
Mesdames et Messieurs,
Depuis plus d’un an déjà, les fruits abondants de la coopération bilatérale entre la Chine et le Burkina Faso sont reconnus et salués à travers le monde. Il y a quelques jours de cela, j’ai accompagné le Ministre de l’Éducation nationale Monsieur Stanislas OUARO pour inspecter les travaux de construction des 100 complexes scolaires dans les localités de Betta et de Boulba dans la commune de Ziniaré. C’est la troisième fois que nous voyageons ensemble en bons compagnons de route. La première fois, c’était pour constater des écoles sous paillotes et les dures conditions dans lesquelles étaient les élèves et les enseignants. La deuxième fois, c’était pour poser la première pierre d’une école financée par le gouvernement chinois. La troisième fois, c’était pour voir ces écoles modernes sortir de terre.
En Afrique, on dit qu’un homme se distingue par le respect de sa parole donnée. Je suis très fier de dire que ce qui est dit est fait. La Chine est un partenaire sincère et pragmatique qui se donne toujours les moyens d’honorer ses engagements. Il en va de même pour les autres projets dans le domaine de l’agriculture, des infrastructures, de la santé, etc. Il y a des défis, oui, mais je ne doute pas un seul instant de nos capacités conjuguées à les surmonter.
Mesdames et Messieurs,
Dans le domaine de la sécurité, nous faisons front ensemble. D’ores et déjà, la Chine soutient l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel avec un soutien de 300 millions de Yuan, soit plus de 23 milliards de FCFA. De plus, dans le cadre de la coopération militaire chinoise, nous envisageons renforcer les équipements des forces de défense et de sécurité burkinabè afin qu’ils puissent être davantage opérationnelles sur le terrain et défendre la nation. Mais notre accompagnement ne se limite pas qu’au matériel. C’est ainsi que 54 élèves-officiers burkinabè se sont rendus en Chine cette année pour suivre des formations militaires bien structurées. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, nous plaidons continuellement pour que l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel soit soutenue par l’ensemble de la communauté internationale.
Dans toutes les guerres, il y a toujours des moments très difficiles. Mais plutôt que de nous diviser, l’adversité doit susciter en nous davantage d’union et de solidarité. Je reste convaincu qu’avec tous les efforts mobilisés et avec un peuple aussi persévérant que le vôtre, nous viendrons ensemble à bout des forces du mal.
Mesdames et Messieurs,
La commémoration de ce 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine coïncide avec le 100e anniversaire de la création de la République de Haute volta, actuelle Burkina Faso. C’est vous dire à quel point ces deux pays sont liés par l’histoire. La Chine était autrefois à la croisée des chemins et a su tracer sa propre voie pour se faire une place de choix sous le soleil. Ses portes restent ouvertes à ses amis, pour leur partager son expérience. Le souhait de la Chine, c’est que ses progrès puissent davantage enclencher le développement économique et social du Burkina Faso, sans arrière-pensée. Je travaille avec vous, pour que la coopération sino-burkinabè soit un exemple à suivre pour la coopération Sud-Sud. Le chemin qui mène au développement est parsemé d’obstacles de tous genres. Mais ensemble, nous déplaceront des montagnes.
Pour terminer, je souhaite, à l’occasion du 70e anniversaire de mon pays, la prospérité à la Chine et au Burkina Faso, et l’amitié éternelle aux peuples chinois et burkinabè. A ce moment fort, je me permets de vous apprendre une expression en chinois « 我爱你中国 », qui veut dire « je t’aime la Chine ». « 我爱你中国 » .
Merci beaucoup !