Le secrétaire général du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT), Jean-Paul Koudougou, a animé ce jeudi 29 novembre 2018 à Ouagadougou, une conférence de presse, sur la restitution de biens culturels africains se trouvant dans les institutions patrimoniales de France et d’ailleurs. Il a indiqué que le Burkina Faso est « prêt » pour le rapatriement de ses objets d’art parce qu’il a les moyens humains et techniques pour les accueillir.
Le 28 novembre 2017 à l’université Ouaga I-Professeur Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou, le président français, Emmanuel Macron, avait promis aux yeux du monde devant au moins 800 étudiants présents à la rencontre, qu’il allait travailler à ce que d’ici cinq ans, « les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ».
Pour donner suite à sa déclaration solennelle prononcée dans la capitale burkinabè, M. Macron a commis deux experts en l’occurrence l’économiste sénégalais Felwine Sarr de l’université Gaston Berger de Saint Louis et la française Bénédicte Savoy, du collège de France, d’étudier les conditions de réalisation de cet engagement pris devant la jeunesse et les citoyens africains à Ouagadougou. Après une année de travail, les deux experts ont déposé leur rapport.
Pour ce qui concerne le Burkina, la présence de collections d’objets d’art et d’archives dans les collections d’institutions patrimoniales françaises est évidente, a reconnu Jean-Paul Koudougou qui a noté que cependant jusque-là, l’on ne saurait donner le « nombre exact et le contexte dans lequel ces collections se retrouvent aujourd’hui en France ». En effet, le rapport de M. Sarr et de Mme Savoy publié le vendredi dernier évoque la difficulté pour l’heure d’avoir un inventaire exhaustif des biens culturels africains en France.
Selon le SG du MCAT, en se référant aux inventaires disponibles actuellement, le Burkina Faso compte « 1 088 objets présents dans les institutions patrimoniales en France ». Pour le processus à mettre en place pour le rapatriement du patrimoine burkinabè, M. Koudougou a déclaré qu’en réalité, avant et depuis l’annonce du président français, « un travail de fond a été réalisé au sein des directions techniques du MCAT, en collaboration avec les chercheurs de l’université de Ouagadougou et de l’Institut national des sciences des Sociétés à l’effet d’éclairer la décision de l’autorité ».
La question du rapatriement des biens culturels nationaux « n’est pas nouvelle pour notre pays » parce que la politique nationale en matière de gestion du patrimoine culturel assigne à la Direction générale du patrimoine culturel (DGPC) « d’élaborer et de mettre en œuvre la politique du rapatriement des biens culturels meubles du Burkina Faso », a fait observer Jean-Paul Koudougou. « Déjà en 2008, le Burkina Faso avait procédé au rapatriement de près de 33 heures de documents sonores inédits collectés par des chercheurs français depuis les années 30 et détenus par le Laboratoire d’ethnomusicologie du Musée de l’Homme, place Trocadéro », s’est-il souvenu.
Poursuivant dans cette veine, il a signifié que depuis quelques années, le ministère en charge de la Culture a travaillé à renforcer la lutte contre le trafic illicite des biens culturels par des campagnes de sensibilisation au profit des forces chargées du contrôle aux frontières, la mise en place d’équipes mobiles de contrôle, l’inventaire général des collections des musées et la réactualisation de certains textes.
A la lecture des conclusions des deux experts sénégalais et français, il ressort que la mise en œuvre du long et complexe processus de retour des biens culturels africains nécessite la mise en place et l’adoption d’un certain nombre de dispositifs règlementaire et organisationnel tant au niveau de l’Hexagone que des pays africains, s’est dit conscient le deuxième responsable du MCAT qui a rassuré que « notre pays dispose déjà d’un arsenal d’instruments normatifs, nationaux et internationaux au nombre desquels la loi n°024/AN du 13 novembre 2007 portant protection du patrimoine culturel au Burkina Faso et a ratifié la plupart des textes et conventions internationales en la matière ».
Pour ce qui concerne le volet organisationnel, le Burkina dispose de musées publics et privés, des institutions d’enseignement et de recherche dotées de personnels très qualifiés et de laboratoires d’investigation, d’analyse et de publication sur le patrimoine, a-t-il avancé en ajoutant qu’il s’agira donc de préparer ces équipements et institutions pour accueillir les éventuels biens qui viendraient à être restitués et à élaborer une feuille de route pour leur promotion.
Selon le MCAT, une fois les objets d’art rapatriés, il sera mis en place une politique de promotion de ces biens culturels nationaux.
Par Bernard BOUGOUM