L’opposition politique ne trouve pas de « gêne » à ce que l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire précisément à Abidjan fin octobre 2014 à la suite de manifestations populaires, retourne au bercail. Elle a répondu à une question en lien avec cette actualité, ressortie dans le sondage du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qui indique que 58% des sondés sont favorables au retour de l’ex-chef de l’Etat ayant passé 27 ans au pouvoir.
« On n’a pas de gêne que Blaise Compaoré revienne. Qu’il revienne et qu’on l’interroge pour qu’il parle », a dit El Hadj Mamadou Kabré, président du Parti républicain pour l’indépendance totale/Lanaya (PRIT/Lanaya), estimant que « c’est d’autres personnes qui ont peur qu’il parle mais pas nous ».
Pour M. Kabré qui se réclame d’être sankariste, « il est heureux qu’il (Blaise Compaoré) soit en vie parce que nous ne voulons pas qu’un ancien président vive la situation de Thomas Sankara (père de la révolution burkinabè d’août 1983, NDLR). S’il peut être-là pour témoigner jusqu’à ce que la mort l’appelle de façon naturelle, ça nous fera une expérience », a-t-il ajouté.
De ce point de vue, « l’opposition n’a pas a priori un refus à ce que M. Compaoré revienne d’autant plus qu’il ne peut plus être candidat à la présidentielle, donc il ne nous inquiète sur aucun plan », a poursuivi le porte-parole du jour de l’opposition, y trouvant même « intéressant » que l’ex-homme fort du Burkina « revienne pour qu’on sache ce qui s’est réellement passé le 15 octobre 1987 (date de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara) puisqu’il dit qu’il souffrait d’un mal de tête et dormait, donc ne sait vraiment pas ce qui s’est passé ».
Insistant sur sa position, pour l’opposant, le débat du retour de Blaise Compaoré est un « faux débat » car personne n’interdit à l’ancien président de revenir au Burkina. « Blaise Compaoré n’est pas banni du Burkina », a-t-il appuyé son point de vue. Si M. Compaoré rentre au pays, cela pourrait même participer à accélérer la réconciliation demandée par tous parce que c’est sa présence à l’extérieur qui fait que certains, notamment le pouvoir en place, « l’accusent d’être de connivence avec les terroristes pour attaquer le pays », a-t-il poursuivi.
« Si c’est ça le salut pour que nous ne puissions plus subir les attaques qui causent la mort des agents de sécurité et des civils, nous ne pouvons qu’applaudir son retour », a conclu Mamadou Kabré, président du PRIT/Lanaya.
Par Bernard BOUGOUM
