L’amorce du dialogue entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et l’AFC/M23 est, visiblement, mort avant même de naître! Ainsi donc, la réunion de Luanda, n’aura pas lieu! Pas se mardi 18 mars en tout cas, alors que le facilitateur angolais avait annoncé, dans son pays, la présence physique des délégations des deux principaux belligérants, qui, elles-mêmes l’avaient confirmées.
Certes, l’AFC/M23 émettait des réserves sur sa participation, demandant des garanties sécuritaires. Mais, ça c’était avant! Car, avec la publication de sa liste de sanctions ciblant des personnes, dont certaines sont des responsables militaires du mouvement rebelle, l’Union Européenne a comme poussé l’AFC/M23 à annuler son séjour en terre angolaise. Pour l’instant, le dialogue devient donc une chimère, faute d’une des parties. Dans le même temps, le gouvernement congolais, qui, jusqu’à cette réunion avortée, avait opposé un refus catégorique de prendre langue avec ses ennemis qu’il accusait le Rwanda de soutenir, n’avait rien laissé filtrer sur les identités de ses représentants à Luanda. Et l’absence d’un format précis des pourparlers ne constituait pas moins un doute supplémentaire sur la tentative affichée par l’Angola, de rabibocher, dans l’immédiat, les deux parties en conflit. A défaut d’être un poker menteur mis en place avec art par certains acteurs, cette réunion de Luanda présentait beaucoup trop d’incertitudes. Luanda semblait simplement trop beau pour être vrai!
Et maintenant? Que vaudra la «feuille de route» accouchée par les ministres des Affaires étrangères de l’EAC et de la SADC, au cours de leur rencontre conjointe de Harare, ce lundi, sur la base des recommandations des chefs d’état-major des deux régions? Luanda reviendra-t-il encore à l’ordre du jour, avec les sanctions prises, et celles en vue, et que l’AFC/M23 pointe du doigt comme un frein à la marche vers la sortie de conflit? Florilège: «L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) exprime ses profonds regrets de constater que certaines institutions internationales s’emploient délibérément à saboter les efforts de paix en République Démocratique du Congo et à rendre impossibles les pourparlers tant attendus. Les sanctions successives imposées à nos membres, y compris celles adoptées à la veille des discussions de Luanda, compromettent gravement le dialogue direct et empêchent toute avancée.» Chantage ou menace du M23 sur le processus de retour à la paix en RD Congo, et, plus généralement dans la sous-région?
Trop d’écueils dans le jeu! Sans oublier que la guerre diplomatique bat son plein, entre le Rwanda, pointé du doigt comme le soutien de l’AFC/M23, et la Belgique que Paul Kagame, lui, accuse de prendre partie pour une des…parties en conflit.. Le dernier épisode en date, étant la rupture annoncée par Kigali, ce lundi, de ses relation avec le royaume belge. Une flamme de plus, qui ravivera certainement le feu dans le sud et le nord-Kivu, où les armes n’ont jamais cessé de tonner, malgré les mille et un cessez-le-feu demandés et souhaités, par la communauté internationale et les institutions sous-régionales.
En tout cas, comme si les égos et la mauvaise foi visibles du Congolais Felix Tshisekedi et du Rwandais Paul Kagame ne suffisaient pas, voici que le dialogue annoncé, vient de prendre, de nouveau, du plomb dans l’aile. Il faut donc craindre le pire, si la Monusco que Kinshasa avait déclarée non grata, mais sur laquelle presque tous les espoirs reposent désormais, n’est pas dotée de l’arsenal militaire et de l’armature juridique nécessaires, pour servir de force d’imposition dans un pays plus que jamais victime de convoitise, pour a richesse de son sous-sol.
Pour le moment, la RD Congo attend toujours le bon sapeur-pompier, alors que les ingrédients s’accumulent dans la marmite et la rendent davantage explosive!
Par Wakat Séra
