Au moins 87% des suffrages exprimés pour un taux de participation de plus de 73%. Vladimir Vladimirovitch Poutine, 71 ans, a donc été réélu, pardon plébiscité, ce dimanche, selon les premiers résultats officiels, pour un énième mandat de six ans à la tête de la fédération de Russie. A eux trois réunis, les co-challengers du président russe ont peiné à réunir 12% des voix! Loin d’être un record dans un pays dont les scores staliniens à l’élection présidentielle ont fini par prêter leur qualificatif à des votes en Afrique, cette moisson de voix récoltées par Vladimir Poutine n’est point une surprise. Même que c’est le contraire qui aurait étonné à Moscou, mais aussi sous les tropiques où les élections sont, pour la plupart, de véritables simulacres pour faire croire à la bonne implantation de la démocratie et de la vitalité du multipartisme dévoyés. Avec les pays africains, la Russie, est de ces Etats où le vainqueur de la présidentielle est connue avant même que les électeurs soient convoqués aux urnes.
«Y’a a rien en face», comme le disaient les partisans de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. En lieu et place d’une compétition saine, où les programmes de gouvernance doivent constituer la seule boussole pour les potentiels électeurs, c’est la corruption, c’est l’achat des voix et ce sont les propositions indécentes de strapontins, qui font la différence. Les opposants, qu’ils soient farouches ou modérés, n’ont d’autre univers que la prison, s’ils tiennent à vivre dans leur pays. Les moins chanceux, comme l’avocat et opposant russe Alexeï Anatolievitch Navalny, sont envoyés six pieds sous terre, par une petite explosion ou un poison lent ou tout autre moyen dont les services secrets russes ont le…secret. Comme quoi, le secret de la longévité au pouvoir est à portée de main. Poutine en maîtrise l’art, lui qui a su, avant de reprendre les clés du Kremlin, quitté le pouvoir sans le quitter, en devenant le Premier ministre omnipotent de son lieutenant à l’époque, Dmitri Medvedev, de 2008 à 2012!
Cela fait 24 ans que Vladimir Poutine est au pouvoir en Russie et il y sera encore autant d’années qu’il le veut, sauf tsunami. Et c’est l’une de ses forces dans les nombreux bras-de-fer qu’il engage avec ses homologues européens et américains qui sont, eux, contraints par la camisole de la Constitution. Contrairement en Russie, où toute la réalité du pouvoir est concentrée dans les mains du seul «homme fort», Vladimir Poutine pour ne pas le nommer, qui en fait ce qu’il veut, ailleurs, dans les pays de démocratie vraie, comme au Sénégal, l’une des exceptions africaines, où le Conseil constitutionnel vient de remettre Macky Sall à sa place, ce sont les institutions qui sont «fortes» et les mandats limités. Certes, sur le continent, les velléités à la Poutine ont conduit à des présidences à vie, finie, écourtée ou en cours, mais pour l’essentiel, les «3e mandats» font long feu! Et les anciens présidents nigérien, Feu Mamadou Tandja, burkinabè Blaise Compaoré, ou guinéen Alpha Condé, pour ne citer que ceux-ci, en connaissent un rayon, eux qui ont essayé de s’accrocher ad vitam aeternam à leurs fauteuils!
La réélection massive de Vladimir Poutine est dans l’ordre normal de la marche des aiguilles de l’horloge. Et il en sera ainsi, jusqu’à ce que dans le cycle logique de la vie des êtres et des choses, la machine se déglingue aussi, un jour. Sinon, pour le moment, tout est sous contrôle au Kremlin!
Il n’y a rien de nouveau à l’est!
Par Wakat Séra