Ils ont passé ce week-end à Dar es Salaam, en Tanzanie, non pas en villégiature, mais au chevet de la République démocratique du Congo, où le M23, que l’ONU, entre autres, accuse le Rwanda d’être le soutien, laisse sur son passage, larmes et sang. Ils ont, en l’absence physique de Félix Tshisekedi, qui a suivi plénière et huis-clos grâce à la magie de l’internet, réclamé, un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et la fin des hostilités dans l’Est de la RD Congo, où le M23 marche, de conquête en conquête. Paul Kagame, qui a toujours nié l’implication de l’armée rwandaise aux côtés du M23 et, contrairement à son homologue congolais a répondu à l’appel de la SADC et de l’EAC, était satisfait des conclusions de ce sommet qui a le mérite d’avoir fait un premier pas, peut-être, vers une cessation, ne serait-ce qu’éphémère, de ce conflit qui a déjà fait près de 3000 morts, rien que dans la prise de Goma par le M23. En tout cas, même au sein de ces organisations qui jouent aux sapeurs-pompiers, tout comme au titre de la communauté internationale, Félix Tshisekedi est loin de ne compter que des amis!
Mais, ce sommet extraordinaire conjoint SADC-EAC, n’a été qu’une rencontre de plus, car il en faut plus pour faire taire les armes, et le cas échéant, obtenir le retrait, de la RD Congo, du M23 qui tient des positions solides, malgré le renfort dont bénéficie l’armée congolaise, de la part des Wazalendo et de certains pays voisins, dont le Burundi et l’Afrique du Sud. Le premier facteur de l’échec annoncé de l’appel d’ensemble EAC-SADC au cessez-le-feu, est qu’aucun accord formel n’a été signé à ce propos. Deuxièmement, alors que Kigali est dénoncé comme le soutien principal du M23, aucun des participants n’a pu, pointer, le moindre doigt accusateur vers Paul Kagame durant le sommet, ce qui a été, évidemment, mal perçu du côté de Kinshasa qui s’attendait au contraire. De plus, sans doute ayant fait le constat, de l’absence de toute véritable stratégie diplomatico-militaire de Kinshasa et de la souffrance du peuple qui paie le plus lourd tribut à cette guerre, les représentants des églises chrétiennes en RD Congo continuent de réfléchir sur un schéma de fin des hostilités, avec tous les acteurs, y compris le M23, autour de la table des négociations. Ce que Félix Tshisekedi ne veut entendre, pas même en rêve. Pour lui, il faut déloger de force le M23 du territoire congolais!
Du reste, l’occasion est trop belle, pour ne pas être saisie par les hommes de Dieu, de désavouer, Félix Tshisekedi, eux qui n’ont jamais accepté la parodie des élections et du verdict des urnes qui ont amené le champion de l’UDPC au pouvoir. Que va-t-il se passer maintenant? Ceux qui voyaient en la chute de Goma, celle de Félix Tshisekedi auront-ils eu raison trop tôt? Pendant combien de temps le premier des Congolais tiendra-t-il encore avant de capituler, c’est-à-dire d’engager le dialogue avec le M23, et peut-être même céder à toutes les revendications du mouvement des rebelles? Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, tout porte à croire que les protagonistes de cette guerre et leurs alliés sont encore loin de marcher, la fleur au fusil.
Par Wakat Séra