Mariée et mère de trois enfants, la directrice et fondatrice du centre de formation professionnelle NAS mode n’avait jamais imaginé devenir, un jour, la «maman» de centaines «d’enfants». Pourtant c’est le bonheur qu’elle vit aujourd’hui. Dès qu’elle franchit le portail de cet établissement qui en impose par la qualité de l’enseignement qui y est dispensé et la convivialité entre les élèves et leurs encadreurs, «maman», comme l’appellent affectueusement les 240 apprenants de cette année scolaire en cours, est accueillie par une véritable chaleur de famille.
Safi Ouattara est de ces personnes qu’il est difficile d’oublier après les avoir rencontrées. La joie de vivre que répand autour d’elle la responsable de NAS Mode est d’une spontanéité qui ne vient que de ces hommes et femmes qui vivent par et pour les autres. Pour cette inconditionnelle du sport de maintien, habituée matinale du Parc Bangrewéogo, l’altruisme est une seconde nature. Et elle en fait bien montre, que ce soit dans son quartier de Dassasgho, ou au sein de son centre sis à Rayongo ou à l’annexe qui se trouve à Wayalghin. Mais ce penchant qui la rapproche de Mère Thérésa, n’empêche point Mme Ouattara de faire preuve d’une haute pointe de management. La rigueur, elle sait la brandir quand il le faut, car c’est une amoureuse du travail bien fait. Il suffit de la suivre lorsqu’elle supervise les travaux ou quand elle tient des réunions avec ses collaborateurs ou des partenaires du centre qui peut s’enorgueillir de ses filières de formation, en l’occurrence, le stylisme, le modélisme, la coiffure et l’esthétique.
Famille, famille
Mais, nonobstant son programme professionnel souvent bien chargé, Safi Ouattara Diallo, est très famille. Et après chaque journée de travail et de rendez-vous bien remplie, c’est auprès des siens qu’elle trouve amour et réconfort. dans son cocon familial autour d’une bonne salade, après quoi place à la causette du soir sur ce qui s’est passé dans la journée du côté des enfants et de son mari. A ses temps libres elle aime bien suivre la télévision, notamment, les documentaires, les films d’action. La télévision et le cinéma, ça connait d’ailleurs bien Mme Ouattara qui a été costumière sur plusieurs films. L’autre habitude de cette dame au grand cœur, c’est la lecture avant le coucher.
NAS Mode, se plaît-elle toujours à le rappeler à ses interlocuteurs qui admirent cette structure au service de l’éducation et de la formation des jeunes, y compris les démunis, c’est un rêve devenu réalité. NAS Mode, c’est cette SARL créée en 2001 qui vise à apprendre un métier aux jeunes filles pour leur épanouissement dans la société. A côté de l’entreprise, chemine l’ONG NAS Mode que la fondatrice a mise en place avec des amis suisses, et qui prend totalement en charge la formation de jeunes filles défavorisées afin de leur donner la chance de réussir leurs vies. C’est dans cette logique qu’à la fin de leur formation, NAS Mode octroie à ces apprenantes, des microcrédits pour faciliter leur insertion sur le marché de l’auto-emploi.
Métiers «prêt-à-porter»
Plus qu’une simple formatrice, Mme Ouattara est aussi une maman toute trouvée pour ces adolescentes, qui l’entourent. Elle a compris donc qu’au-delà de la formation, il faudra les aider à construire leur vie personnelle, leur faire avoir confiance en elles pour faire les bons choix.
La directrice fondatrice de NAS Mode précise que ce sont des métiers entiers, très rentables, «prêt à porter» qui sont enseignés au centre. Ainsi, toute personne qui sent la passion d’aller à l’apprentissage de ces activités qui nourrissent bien ceux qui s’y adonnent, peut également venir au centre. Du reste, affirme Mme Ouattara, il y’a des étudiantes qui suivent aussi la formation tout en fréquentant les amphis.
Et comment fonctionne NAS Mode dans ce climat d’insécurité qui règne au Burkina? Mme Ouattara, tout en déplorant cette situation «qui n’arrange personne» est catégorique: «Chacun doit jouer sa partition pour participer à la lutte contre les forces du mal qui endeuillent notre pays. Et en ces jours d’après 8-Mars, la Journée internationale des droits de la femme, elle invite surtout les femmes «à plus de mobilisation autour de nos sœurs déplacées». C’est dans cette optique qu’elle-même, militante d’associations, collecte des dons, dans le but de soulager les nombreux exilés internes, surtout les femmes qui ont perdu leurs enfants, époux et qui ont été contraintes de fuir, souvent «avec un seul pagne». Et c’est d’une voix émue qu’elle murmure: «Nous sommes tous des frères et un jour, j’ai foi que tout cela finira».
«Chaque femme doit se battre»
Issue, elle-même, d’une famille nombreuse, Safiatou Ouattara/Diallo aime être entourée des enfants. Cependant, elle pense que de nos jours, compte tenu de la conjoncture économique difficile, ce ne serait pas mauvais de limiter le nombre d’enfants afin de mieux les éduquer et en faire des hommes et femmes accomplis pour l’avenir. Parlant de futur, elle souhaite se focaliser sur le développement du centre NAS Mode et de l’ONG éponyme. C’est ainsi qu’elle lance un cri du cœur à l’endroit des femmes qui ont 30 ans et plus, qui pensent que leurs échecs sont la fin de leurs vies. Elle les invite à se relever et à apprendre un métier pour se remettre en selle. Car, pour «Maman Safi», tant qu’il y’a de la vie il y’a toujours quelque chose à faire. Chaque femme doit se battre peu importe l’âge, affirme-t-elle sans se départir de son éternel sourire.
Par Wakat Séra