Un hélicoptère des forces Barkhane abattu par des djihadistes. Ce n’est pas de la fiction mais bien la réalité, à en croire nos confrères de RFI. C’était le 14 juin dernier et les occupants de l’appareil blessés ont eu la vie sauve, selon le récit des événements, un peu par miracle et surtout grâce à une décision courageuse des soldats pris pour cibles par les «fous de Dieu». Si l’on peut se demander pourquoi c’est seulement maintenant que l’information est révélée au public, c’est plus facile de comprendre que l’état-major français, sans doute pour des raisons stratégiques, ait camouflé la descente précipitée de l’appareil en «atterrissage d’urgence». Et c’est la preuve que ces hommes sans foi ni loi qui écument la bande sahélo-saharienne dont ils ont fait leur sanctuaire n’épargnent personne dans leur hargne meurtrière. Pire, acculés par les opérations conjointes de Barkhane et des forces armées nationales du Niger et du Mali, qui ont emporté nombre des leurs, les terroristes ont opté de pousser plus loin leur témérité en rendant les airs dangereux pour leurs ennemis. Meilleurs connaisseurs du terrain au sol où ils ont leurs cachettes et caches d’armes, ils sont à nu quand l’adversaire met en branle ses moyens aériens dont les drones, hélicoptères et autres avions de guerre.
Les Français qui essuient beaucoup de critiques très négatives sur leur présence dans le Sahel où les djihadistes sont rois malgré tout, viennent de démontrer si besoin en est encore, qu’ils sont loin de faire dans l’inertie. Ils ont peut-être en face, des guerriers d’une autre dimension qui profitent de toutes les ruses de cette guerre asymétrique dans laquelle ils sont passés maîtres, et qui jouissent aussi de la complicité de populations civiles parmi lesquelles ils se dissimulent facilement pour échapper à des frappes d’envergure. Et c’est au sein de ces mêmes populations abandonnées par le train du développement qui n’atteint que les grandes villes, que les djihadistes recrutent à satiété. C’est dire combien la lutte contre le terrorisme, en dehors des arguments militaires, doit passer également par la justice et l’équité, dans les actions de développement. La force Barkhane qui, il faut le reconnaître bande davantage les muscles quand la vie d’un Français ou les intérêts de la France sont menacés, ne peut être tenue pour seul bouc émissaire de la montée en puissance du terrorisme. Et c’est plus que jamais l’occasion pour les contempteurs de la France et surtout de la Force Barkhane de faire de prendre la défense et la sécurité de leurs territoires en charge. Tout compte fait, comme l’avait dit, de son vivant, le sage historien et homme politique burkinabè, le Professeur Joseph Ki-Zerbo, «on ne développe pas, on se développe».
En tout cas, cette révélation de l’hélicoptère abattu qui peut bien s’assimiler à de la communication dans une période où l’image de la France, est mise à mal dans nombre de pays africains, constitue la preuve que les djihadistes ont une puissance de feu à anéantir au plus vite pour espérer sécuriser le Sahel africain.
Par Wakat Séra