La 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU 76) s’est ouverte le 14 septembre et dont le débat général de haut niveau s’est déroulé du 21 au 27 septembre sous le thème «Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin de se relever de la COVID-19, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la planète, respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des Nations Unies». Les priorités des Etats-Unis pour l’AGNU 76 pouvaient se résumer autour de trois axes: la promotion du leadership américain en matière de santé mondiale, de préparation aux pandémies et de réponse et de rétablissement face à la COVID-19; la réaffirmation des engagements mondiaux pour lutter contre la crise climatique; et la promotion des droits humains et la défense de la démocratie et de l’ordre international fondé sur des règles. C’est dans cette logique que, Marissa Scott, la porte-parole francophone du Département d’Etat américain, a fait la lecture suivante, du discours du président américain Joe Biden, prononcé ce 21 septembre, à la tribune des Nations-Unies. L’entretien a été réalisé le 21 septembre par internet, sur ces questions précises et sur le G5 Sahel.
Wakat Séra: De quel bilan peuvent se targuer les Etats-Unis en matière de santé dans le monde?
Marissa Scott: Une action soutenue pour vaincre la COVID-19 et faire face à ses impacts profonds est la priorité absolue de l’administration Biden. Nous édifions une coalition de gouvernements, d’entreprises, d’institutions internationales et de la société civile pour élargir la production de vaccins, ainsi que la production de produits thérapeutiques et d’autres produits médicaux essentiels; accélérer l’accès à des vaccins sûrs et efficaces et à des traitements vitaux dans le monde entier; et renforcer les systèmes de santé. Nous ferons notre part du travail, mais nous avons besoin que d’autres gouvernements, le secteur privé et les organisations non gouvernementales se joignent à nous pour travailler ensemble pour vaincre ce virus.
Les États-Unis veulent galvaniser les engagements mondiaux pour mettre fin à la pandémie de COVID-19 et financer la sécurité sanitaire mondiale, afin que le monde soit mieux préparé à prévenir de futures épidémies et à y réagir. En tant que plus grand donateur bilatéral au monde d’aide à la santé et à la sécurité sanitaire mondiales, les États-Unis sont bien placés pour mener cette conversation sur la réponse mondiale à la COVID-19 et l’importance du progrès en matière de sécurité sanitaire mondiale.
Quelle est la part contributive des Etats-Unis dans l’accès des pays pauvres, surtout le continent africain qui demeure soumis à une famine vaccinale dans la lutte contre le Covid-19?
Les États-Unis se sont engagés à prendre la tête de la réponse mondiale à la COVID-19 et à accélérer la fabrication et la distribution mondiales de vaccins sûrs et efficaces nécessaires pour mettre fin à la pandémie. Nous sommes le plus important contributeur financier à Gavi, par le biais de COVAX, et avons déjà fait un don de 4 milliards de dollars. Avec notre engagement à fournir 500 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech, nous avons encouragé nos partenaires du G7 à se joindre à nous pour s’engager à faire don d’un total de 2 milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 à ceux qui en ont le plus besoin. Chaque semaine, les États-Unis font don de vaccins sûrs et efficaces à d’autres pays pour autant de personnes dans le monde, et le plus rapidement possible.
Soutien considérable à l’Afrique
D’autre part, en juillet dernier la Société de financement du développement international des États-Unis (DFC), la Société financière internationale (SFI), la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’AFD, l’Agence française de développement, ont annoncé leur engagement à soutenir la Fondation Institut Pasteur de Dakar (IPD), un fabricant de vaccins au Sénégal, afin de faciliter la production de vaccins contre la COVID-19 dans le pays. La Société de financement du développement international des États-Unis a également annoncé un plan de financement conjoint de 600 millions d’euros pour Aspen Pharmacare Holdings Ltd., dont le siège est en Afrique du Sud, afin d’accroître la capacité de fabrication de vaccins au niveau local.
Plus que les vaccins
Mais, les Etats-Unis ne se limitent pas aux vaccins: en juin, l’assistante de l’administratrice de USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, NDLR), Sarah Charles, a annoncé au Conseil économique et social des Nations Unies une aide supplémentaire de plus de 97 millions de dollars pour répondre aux impacts de la pandémie de COVID-19 en Afrique, dont près de 83 millions de dollars seront consacrés à la lutte contre l’insécurité alimentaire croissante liée à la COVID. Ce financement permettra de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle, des soins de santé, des services de protection et un soutien psychosocial d’urgence aux populations de sept pays d’Afrique. (Lire ici.)
Après avoir fait des annonces importantes et entraîné des nations comme eux les plus pollueurs de la planète, quel point peuvent faire aujourd’hui, les Etats-Unis dans la résorption, voire l’éradication des gaz à effet de serre, et plus généralement des efforts pour lutter contre la crise climatique?
Le président Biden a signé l’instrument de réintégration à l’Accord de Paris dès le premier jour de son administration. En avril, il a organisé un sommet des dirigeants sur le climat pour encourager les nations à faire preuve d’encore plus d’ambition climatique dans la perspective de la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) qui se tiendra en novembre en Écosse.
L’administration Biden s’est engagée à réduire les émissions des États-Unis de 50 % à 52 % au cours des 10 prochaines années et a annoncé des politiques audacieuses pour mettre cet engagement en œuvre. Nous devons tous faire preuve de plus d’ambition et nous engager à accélérer le déploiement d’énergies propres et à réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre au cours des dix prochaines années. Les États-Unis donnent l’exemple et redoublent d’efforts dans le cadre de l’Accord de Paris en démontrant que l’action climatique est synonyme d’emplois, d’opportunités et de croissance économique, et encouragent vivement d’autres pays –en particulier d’autres grandes économies –à s’engager également sur la voie d’actions compatibles avec la réalisation de l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius.
Quelle est la réaction des Etats-Unis contre les Troisièmes mandats en Afrique et les prises de pouvoir par l’armée au Mali, au Tchad et en Guinée?
L’administration entend accorder une plus grande priorité aux questions relatives à la démocratie, la bonne gouvernance et aux droits de l’homme dans notre politique étrangère, y compris dans nos relations avec nos partenaires africains. Le respect des droits de l’homme, l’état de droit, la responsabilité, l’accès à la justice, le respect des mandats prescrits par la Constitution et des institutions démocratiques fortes sont non seulement essentiels en soi, mais ils sont fondamentaux pour la paix et la prospérité d’un pays. Les électeurs africains comprennent à quel point la démocratie est importante et soutiennent massivement le fait d’avoir leur mot à dire sur la manière dont ils sont gouvernés et par qui. Lorsqu’ils ont la possibilité de voter, ils le font avec enthousiasme.
Les droits de l’homme sont sérieusement mis à mal dans bien des pays comme en Afghanistan. Quelle est, et sera, la stratégie des Etats-Unis pour renverser la tendance dans le monde?
La défense des droits humains universels et des valeurs démocratiques dans notre pays et dans le monde est essentielle pour réaffirmer la force nationale des États-Unis et promouvoir nos intérêts. Alors que l’État de droit et une gouvernance transparente, inclusive et responsable sont de plus en plus menacés par la progression de l’autoritarisme dans le monde, nous serons solidaires d’autres pays dans la lutte contre la répression. Nous soutiendrons ceux qui défendent les droits humains, ainsi que ceux qui sont en transition vers une gouvernance démocratique. Et nous encouragerons les pays en recul à revenir sur la voie de la démocratie.
Les États-Unis sont également candidats à l’élection au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour le mandat 2022-2024. En cherchant à être de nouveau membre de ce Conseil, nous entendons travailler avec la communauté internationale pour défendre et faire progresser les droits humains, et lutter contre le racisme systémique. L’ordre international fondé sur des règles, en particulier, mais sans s’y limiter, le système des Nations unies, maintient la paix et la sécurité internationales et repose sur le droit, les principes, les valeurs et les normes internationaux, notamment les obligations et les engagements découlant de la Déclaration universelle des droits de l’homme, entre autres.
Le G5 Sahel peut-il enfin compter sur les Etats-Unis pour sa force conjointe soit placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations–Unies?
L’Amérique est un partenaire de la région du Sahel. Nous savons qu’une aide plus importante est nécessaire. Nous nous efforçons d’alléger les souffrances et réitérons notre engagement à soutenir nos partenaires africains dans leur travail pour remédier non seulement aux souffrances, mais aussi aux facteurs générateurs de conflits. Les populations de l’ensemble de la région –en particulier celles qui sont éloignées des sièges nationaux du pouvoir –cherchent à faire entendre leur voix en matière de gouvernance. Et les gouvernements doivent protéger leurs citoyens et répondre à leurs besoins. Lorsque les forces de sécurité violent et piétinent les droits humains, les gouvernements doivent demander des comptes aux responsables.
L’administration réexamine actuellement notre approche au Sahel, en particulier nos programmes diplomatiques, de sécurité et autres programmes d’assistance. Elle s’efforcera de maximiser nos partenariats dans la région et à l’échelle internationale, afin de promouvoir la sécurité, de renforcer la gouvernance et de favoriser le développement pour s’attaquer aux facteurs d’insécurité.
Propos recueillis par Wakat Séra