La réélection de Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle française avec 58% des voix face à Marine Le Pen qui en a engrangé 41%, a été saluée presque à l’unanimité par les dirigeants du monde dont ceux de l’Afrique. De Yamoussoukro à N’Djamena, en passant par Niamey, Dakar, Kigali, Porto-Novo, Lomé et Libreville, pour ne citer que ces capitales sous les tropiques, toutes applaudissent ce deuxième quinquennat qui s’annonce pour le candidat de La République En Marche (LREM). Même Bangui en pleine idylle avec Moscou, n’est pas en reste, malgré les critiques acerbes des Occidentaux, dont Paris, contre les éléments de la société privée de sécurité russe Wagner, qualifiés de «mercenaires» et accusés des pires exactions contre les populations civiles centrafricaines.
Cependant, les réalités que Macron a laissées derrière lui, le temps d’une campagne et d’un vote pas du tout gagné d’avance, n’ont pas changé. Elles ont même empiré, à la crise sécuritaire s’étant greffées celle humanitaire et celle alimentaire qui se profile à l’horizon. C’est dans cet environnement hostile où tout est priorité pour les populations que les attaques armées, qu’elles soient de main djihadiste ou organisées par des bandits de grand chemin, s’alignent sur un tempo vertigineux. La psychose généralisée a même glissé du Sahel pour atteindre le Golfe de Guinée où les terroristes sévissent depuis lors, opérant souvent au Bénin, parfois en Côte d’Ivoire et au Togo.
Un nouveau quinquennat qui coïncide avec la réarticulation de Barkhane et de Takuba! C’est peut-être un de ces clins d’œil dont seul le destin est maître. Si elles ont fait leur paquetage et ont quitté le Mali, sous la pression des autorités de transition qui filent désormais le parfait amour avec la Russie, plus précisément avec Wagner, les forces française et européenne, ne s’éloignent pas pour autant du Sahel et de l’Afrique de l’ouest où elles ont pour vocation de lutter contre le terrorisme, aux côtés des armées locales. En tout cas, tout en félicitant Emmanuel Macron pour sa «brillante réélection», le président nigérien Mohamed Bazoum, n’en perd pas sa lucidité dans la coopération diversifiée pour laquelle son pays a optée dans sa quête sécuritaire.
Un Niger qui a établi des partenariats de développement et de sécurité, autant avec les Etats-Unis, que la Chine, la Turquie, l’Inde, la Russie, la France pour ne citer que ceux-ci, et où les élus du peuple viennent de voter pour l’accueil des forces étrangères sur le territoire pour un appui conséquent à l’armée nationale. «Son expérience des sujets internationaux en général et du Sahel en particulier en fait un partenaire précieux pour nous dans notre combat contre le terrorisme». Foi du président nigérien pour qui Emmanuel Macron est l’homme de la situation, bien que les relations entre l’Afrique et la France sont appelées à connaître un polissage et un lustrage de qualité.
C’est dire combien le nouveau quinquennat de Macron sera scruté depuis un Sahel rouge du sang de ses enfants décimés par une hydre terroriste dont les têtes repoussent aussitôt tranchées. C’est peu de le dire, la France de Macron II et l’Afrique sont dans les starting-blocks d’un nouveau départ pour un avenir meilleur…ou un divorce fracassant!
Par Wakat Séra