Le professeur Ousséni Illy, enseignant-chercheur burkinabè en droit monétaire et financier international, sur les sanctions communautaires prises à l’encontre du Mali, «pense que la CEDEAO doit être embarrassée aujourd’hui». Il a fait cette affirmation à une conférence publique organisée par la Société Burkinabè de la Géopolitique (SBG) de l’espace CEDEAO le samedi 22 janvier 2022 à Ouagadougou.
« Je crois que les sanctions prises auraient pu être modérées pour permettre à la CEDEAO de pouvoir à la fois mettre la pression sur les autorités de la Transition mais également avoir un soutien populaire », a déclaré le professeur Illy qui concède néanmoins qu’« il y a des bases légales qui permettent à la CEDEAO lorsqu’un Etat membre ne respecte pas les dispositions prévues, ici c’est la question du coup d’Etat qui est banni dans la communauté ».
Selon le spécialiste de la question du droit monétaire et financier, « quand on analyse et on regarde l’ampleur des sanctions, leur sévérité et leur caractère un peu brutal, l’impact sur les populations (restrictions de voyage et de transfert d’argent), cela va avoir énormément de conséquence sur les populations et cela peut malheureusement se retourner contre la CEDEAO ».
Il a fait observer que « les sanctions avaient été prises pour que les populations soient remontées contre les autorités mais ce qu’on constate sur le terrain, c’est le contraire car il y a tout un élan de solidarité et de soutien au-delà même du Mali pour la junte », expliquant que la géopolitique est une science qui permet la réflexion sur les questions développement, les enjeux, les intérêts et les rapports entre les Etats.
La conférence publique a permis aux participants et au communicateur de d’abord discuter des fondements pour une meilleure compréhension de ce que l’on entend par géopolitique. Ensuite, il a été discuté les différents enjeux géopolitique et géostratégique de la sous-région, ses différents acteurs, leurs places, leurs intérêts, y compris les acteurs extérieurs comme les grandes puissances.
Après cela, le communicateur s’est focalisé sur le cas spécifique du Burkina Faso. A ce niveau, il a été question de savoir quelles sont les stratégies que le pays pourra mettre en œuvre pour pouvoir défendre ses intérêts. Le Pr Ousséni Illy a laissé entendre qu’il terminera sa communication par l’étude de deux cas concrets devant intéresser la géopolitique de la sous-région à savoir la monnaie (ECO) et ensuite la crise malienne pour y voir quel a été le rôle qu’a joué chaque acteur dans cette situation.
L’Afrique de l’Ouest est en proie à des soubresauts socio-politiques, militaires et sécuritaires énormes. La crise s’est installée dans plusieurs pays et menace de s’étendre à l’ensemble de l’espace CEDEAO. Dans le même temps, les peuples partout s’éveillent et revendiquent un monde plus juste, plus équitable et plus libre. La jeunesse africaine prise dans cet engrenage se pose moult et une questions.
C’est dans la lignée de ces interrogations que la SBG a sollicité le Pr Ousséni Illy à communiquer sur la thématique : « La géopolitique de la CEDEAO », a justifié Inoussa Ouédraogo, porte-parole de la structure panafricaine. Il a signifié que la SBG est l’aboutissement de l’initiative de femmes et d’hommes désireux d’apporter leur contribution à l’édification et à l’émergence d’une société équilibrée et dynamique. Elle est une initiative de jeunes burkinabè de plusieurs profils dont des juristes, des économistes, des diplomates, des journalistes et communicateurs, des militaires et de paramilitaires, des sociologues, des géographes, des informaticiens, etc.
Le président du SBG, Amidou Dipama, a ajouté que son organisation s’est fixée pour objectif général de contribuer à la maîtrise des enjeux géopolitiques, géostratégiques, géoéconomiques et géoinformationnels au Burkina Faso. Elle vise, entre autres, de façon spécifique à assurer la réflexion, l’analyse, la recherche et le plaidoyer sur des enjeux du moment.
Par Bernard BOUGOUM