Trois syndicats de la santé ont créé ce samedi 11 août 2018 à Ouagadougou la Fédération nationale des syndicats de la santé humaine du Burkina Faso (F-SANTE-BF) en vue de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs. Selon le Dr Alfred Ouédraogo, porte-parole de la nouvelle coalition, cette nouvelle structure syndicale «n’a pas d’idéologie politique». Elle mettra au cœur de son fonctionnement interne, «le principe du consensus basé sur la critique et l’autocritique pour la construction d’un système de santé performant» au Burkina.
C’est conscient que les luttes « unitaires, constructives et responsables permettront au front social d’engranger des victoires pour l’amélioration conséquente de l’offre de soins » que le Syndicat des médecins du Burkina Faso (SYMEB), le Syndicat autonome des infirmiers et infirmières du Burkina (SAIB) et du Syndicat des sages-femmes, maïeuticiens et accoucheuses du Burkina (SYSFMAB) se sont alliés pour devenir la F-SANTE-BF.
La F-SANTE-BF veut œuvrer pour « l’existence et le renforcement d’un syndicalisme national libre, constructif, responsable et démocratique », a souligné M. Ouédraogo, précisant que leur fédération, « progressiste et anti-impérialiste », dispose de sa souveraineté syndicale et fonctionnera sur la base d’un principe de « subsidiarité qui laissera les syndicats de base autonomes pour les question spécifiques à chaque syndicat ». Ses acteurs notent également qu’elle s’occupera « plus des questions transversales ».
La F-SANTE-BF a pour objet d’« étudier et de défendre des droits, intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels des personnes affiliées, de promouvoir les libertés syndicales, l’offre sanitaire de qualité pour tous, de rechercher une meilleure et équitable répartition des richesses nationales, d’améliorer les conditions de vie des travailleurs, de la contribution au financement de la santé et de lutter contre la privatisation de la santé ».
Aussi, la création de cette fédération se justifierait d’autant plus que la « donne a changé » avec le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), la plus grosse structure syndicale sanitaire du pays. Selon Alfred Ouédraogo, « au fil du temps avec l’évolution, il y a eu des particularités pour chaque corps si bien qu’on a assisté à la création de plusieurs syndicats de la santé pour s’attaquer à des questions spécifiques malgré l’existence du SYNTSHA ».
Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a des plateformes où souvent ce trio de syndicats est du même point de vue que le SYNTSHA sur certaines questions, à en croire leur porte-parole. Pour lui, les syndicats qui se sont créés veulent pouvoir de façon sectorielle et corporatiste travailler sur la base de la spécificité de leur corps.
Seulement, le regroupement dont Alfred Ouédraogo est le porte-parole n’a pas d’idéologie politique contrairement au SYNTSHA qui est d’idéologie « communiste de gauche », ce qui se rapproche beaucoup à une prise position éminemment politique où à une lutte politique. « Notre idéologie, c’est l’intérêt des populations à travers l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs », a insisté Dr Ouédraogo qui a laissé entendre que lui et ses camarades veulent un syndicalisme de « type scandinave ou les syndicats sont plus forts que ceux du Burkina, où on ne discute pas des questions politiques ».
La F-SANTE-BF est membre de l’ISP, un mouvement mondial syndicaliste démocratique, regroupant au moins 700 syndicats qui prônent l’unité d’action.
Par Bernard BOUGOUM