Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu pour le 2 juin prochain. C’est l’une des conclusions du Dialogue national qui a tombé les rideaux ce mardi, après 48 heures studieuses. Cette proposition, avant d’être concrétisée doit d’abord passer dans les mains de Macky Sall qui doit prendre un nouveau décret pour appeler, de nouveau, les Sénégalais aux urnes. Mais avant tout, le chef de l’Etat compte soumettre cette recommandation au Conseil constitutionnel dans l’espoir d’avoir son aval. L’option sortie de la cuisine du Dialogue national boycotté par une partie de l’opposition et des candidats à la présidentielle, sera-t-elle retenue par les Sept Sages qui ont déjà rejeté le décret de report au 15 décembre de l’élection, décret pris par Macky Sall alors que la campagne électorale allait démarrer pour l’élection du 25 février?
En tout cas, c’est le Conseil constitutionnel qui avait demandé au président sortant, qui ne peut plus prendre place dans la course à sa propre succession, de fixer une nouvelle date dans les plus brefs délais. La grande juridiction, si elle a opposé un refus catégorique à la dizaine de mois de bonus que Macky Sall voulait s’octroyer après la fin de son mandat, a bien reconnu que l’échéance du 25 février était devenue intenable. Et voici donc une autre date qui, verra, sans aucun doute, le Sénégal faire face à un dépassement du mandat constitutionnel de Macky Sall, qui doit garder la maison, jusqu’à l’arrivée d’un nouveau locataire.
De plus, le Dialogue national, tout en proposant de maintenir le statu quo sur la liste des 19 candidats aptes, selon leurs dossiers, à prendre part à l’élection suprême, demande au Conseil constitutionnel de plancher, une fois de plus, sur les cas des candidats renvoyés à leurs familles politiques et ceux qui se disent spoliés. Le but de l’exercice sera de remettre dans la course au fauteuil présidentiel, Karim Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS), et peut-être, Ousmane Sonko de l’ex-Pastef, s’il est libéré, grâce à la mesure d’amnistie prise par Macky Sall à l’endroit des prisonniers politiques dont un grand nombre respire déjà l’air si bienfaisant de la liberté.
En attendant la décision présidentielle qui ne peut qu’être favorable à son endroit, et le verdict des Sept Sages sur cette nouvelle date, c’est la réaction de cette frange importante de l’opposition et de candidats ayant passé le tamis du Conseil constitutionnel, qui sera décisive pour la suite des évènements. Les politiciens et membres de la société civile, notamment les militants du mouvement Aar Sunu Election-Protéger notre élection-, eux, ne veulent plus entendre parler de Macky Sall, après le 2 avril, qu’affublé du titre d’«ancien président».
C’est dire que le Sénégal ne s’est visiblement pas encore assuré l’apaisement que dit vouloir Macky Sall en sortant le Dialogue national de son bonnet magique! Les manifestations de rue, pacifiques mais qui ont déjà fait au moins trois morts, vont-elles continuer de plus belle? Ou, au contraire, les opposants mettront-ils de l’eau dans leur bissap en dépassant le fétichisme des dates? C’est certain, le déficit de confiance est bien réel et pourrait éloigner davantage Macky Sall de ses interlocuteurs, qui n’acceptent pas de subir le changement des règles du jeu en plein match!
La démocratie sénégalaise, ne cessera donc jamais de faire parler d’elle! Toujours en bien ou désormais en mal? That is the question!
Par Wakat Séra