Le chemin pour arriver aux urnes, le 31 juillet, à l’occasion des élections législatives, sera-t-il rouge du sang des Sénégalais? Il faut espérer que non.
Sauf que les manifestations de ce mercredi, à la place de la nation de Dakar, contre le rejet de la liste nationale de l’une des plus grandes coalitions de l’opposition du Sénégal sonne simplement comme un mauvais présage. En effet, ils étaient des milliers à manifester leur ire contre le président Macky Sall et son ministre de l’Intérieur en charge des élections. Même les sages du conseil constitutionnel qui ont manqué de…sagesse sur ce coup, n’ont pas échappé à cette colère populaire. Pourtant, l’«erreur d’inattention» peut, comme toute erreur humaine, être corrigée. Surtout quand cette correction peut contribuer à la stabilité sociale pour des élections calmes et pacifiques.
Certes, cette faute peut sembler inacceptable, elle qui a conduit les cadres de Yewwi Askan Wi, dans la confection de leur liste nationale sur laquelle une candidate, se retrouve titulaire et en même temps suppléante. Mais la participation de l’actuel maire de Ziguinchor à la course à l’un des fauteuils de l’Assemblée nationale, et le cas échéant aux débats houleux et constructeurs de la très enviée démocratie sénégalaise, est encore plus importante pour le pays de la Teranga.
Dura lex, sed lex! La loi est dure, mais c’est la loi! Et elle frappe dans la foulée, également, une liste, mais de suppléants, de Benno Bokk Yakaar, la coalition du pouvoir, parce que sa composition fait fi du genre. Mais au lieu de sanctionner négativement, il importait simplement pour les grands juges du conseil constitutionnel, de tenir compte de l’intérêt national, sans parti pris. Ce que leur a, d’ailleurs, reproché les manifestants de ce mercredi. Manifestation qui figurait depuis bien longtemps à l’agenda de l’opposition, et qui a été marquée par des slogans très inflammables comme celui réclamant la gouvernance et celui dénonçant la cherté de la vie.
Même le «non au 3e mandat de Macky Sall», qui soulève et galvanise les foules, s’est invité au bal des récriminations contre le pouvoir. Tout comme lors des heurts, en mars, entre sympathisants de…Ousmane Sonko, accusé en son temps, par une employée de salon de beauté, de «viol et de menaces de mort». Mais, de toute évidence, l’occasion rêvée s’étant présentée de mettre hors-course des opposants de grand gabarit, le pouvoir et sa justice ont sévi sans autre forme de procès. Que va-t-il se passer maintenant si les positions demeurent tranchées au niveau des protagonistes d’un conflit qui peut être réglé autrement?
En tout cas, la cocotte-minute politique recommence à siffler à Dakar à la veille des élections législatives prévues pour le 31 juillet! La faute à qui? Au pouvoir et à l’opposition qui sont en train de raviver dans les esprits, le film des événements violents et meurtriers de mars 2021. Les mêmes causes avec pratiquement les mêmes personnages vont-elles causer les mêmes effets? Rien n’est moins sûr, les ingrédients de l’explosion étant en train de se mettre progressivement en place et le feu sous la marmite qui a commencé à bouillonner prenant lentement, mais sûrement du volume.
Il faut vite un pompier! Les sages du conseil constitutionnel qui auraient pu jouer ce rôle et sauver le pays d’une autre irruption volcanique ayant préféré, eux, appliquer la loi dans toute sa rigueur, au détriment de la sauvegarde de la paix et de la cohésion nationale. Pourquoi, sous les tropiques, élections et violences doivent-elles toujours rimer? Non! Les urnes de la démocratie ne doivent pas tuer autant, sinon plus que les armes des putschs militaires! A moins que ceux qui nous gouvernent et devraient savoir manier avec expertise le bâton et la carotte n’aient pas encore véritablement compris leur mission de «pasteur» et de «père de la nation».
Par Wakat Séra