Des affrontements ont éclaté lundi à Dakar et Ziguinchor entre des partisans de l’opposant et les Forces de l’ordre. Toujours barricadé à son domicile, le député, visé par une plainte pour viols, a reçu plusieurs soutiens.
Ses sympathisants l’ont pris au mot. Invités dimanche soir par Ousmane Sonko lui-même à « rester mobilisés » et à se « tenir prêts », des dizaines de manifestants se sont massés dès le lendemain matin devant son domicile dakarois de Keur Gorgui. Tous étaient venus soutenir le président du parti Pastef, visé par une plainte pour viols et menaces de mort par une jeune femme d’une vingtaine d’années travaillant dans un salon de massages fréquenté par le député. Des accusations que ce dernier réfute, dénonçant une « cabale politique ».
Ses partisans ont ensuite été dispersés par la police en milieu de journée. Selon une personne présente sur les lieux, les Forces de l’ordre ont argué des mesures anti-rassemblement liées à la Covid-19 pour mettre fin à cet attroupement.
Débordements et arrestations
Des affrontements ont alors été rapportés dans les quartiers avoisinants, où des barrages ont été dressés aux ronds-points et certains magasins vandalisés. Des étudiants ont aussi manifesté à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, où des débordements ont été constatés.
Au moins 43 personnes ont été arrêtées à Dakar, et trois autres à Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays. La majorité d’entre elles étaient toujours détenues ce mardi matin.
Plusieurs personnalités politiques se sont également rendues lundi au domicile du député. Parmi eux, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, venu « témoigner sa solidarité et condamner la violence contre [les] militants et sympathisants » de Ousmane Sonko, selon son équipe.
Barthélémy Dias, maire socialiste de la commune dakaroise de Mermoz-Sacré-Cœur, était également présent, de même que l’ancien député Thierno Bocoum ou les activistes Guy Marius Sagna et Assane Diouf, « l’insulteur du web ». L’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, l’ancien ministre Thierno Alassane Sall ou le député d’opposition Mamadou Lamine Diallo ont eux aussi manifesté leur soutien à l’opposant.
Enquête bouclée
Ousmane Sonko était toujours présent à son domicile mardi – domicile autour duquel les Forces de l’ordre ont érigé des barrières pour en interdire l’accès. « Personne ne peut y accéder, ils sont complètement barricadés », a confirmé l’un de ses proches à Jeune Afrique.
Selon le quotidien gouvernemental Le Soleil, la procédure de demande de levée de l’immunité parlementaire devait être déposée ce 9 février auprès de l’Assemblée nationale, « sauf retournement de situation ».
« Nous savons qu’ils ont bouclé l’enquête, confirme Koureissy Ba, l’un des avocats de Sonko. C’est sur cette base que la commission chargée d’étudier son dossier pourra commencer à travailler. Elle aura accès à l’ensemble des éléments du dossier alors que, en tant qu’avocats, nous ne sommes pas dans la procédure ». Son immunité levée, Ousmane Sonko pourrait être directement déféré devant le juge d’instruction, selon son avocat.
Source : Jeune Afrique