Les cheveux blancs sont l’un des symboles physiques et visibles de la sagesse. Certes Me Abdoulaye Wade n’en n’a pas, mais son âge avancé, 92 ans et sa longue expérience d’opposant historique et de président de la République sur deux mandats, soit 2000 à 2012 devraient lui permettre de se ressaisir dans sa rhétorique va-t’en guerre qui pourrait mettre à mal, non seulement la démocratie, mais tout un pays. Oui, l’avocat et ancien chef de l’Etat voudrait mettre le feu au Sénégal, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Le pays de la Teranga, jaloux de son hospitalité légendaire, n’a nullement besoin des propos pyromanes du «Vieux». Comment comprendre que le dépositaire du «sopi», changement annoncé mais décevant au soir de son deuxième septennat, puisse demander le boycott d’un acte aussi solennel, fondement de la démocratie, qu’est l’élection présidentielle? C’est vrai, l’homme de droit est bien placé pour défendre…ce droit que lui concède la constitution. Mais demander à ses partisans de brûler le matériel de vote pour rendre impossible la tenue du vote, il y a tout de même une limite que Me Wade n’aurait jamais dû se permettre de sauter. Mais il l’a fait, simplement parce que son fils, le techniquement brillant, mais politiquement diminué, Karim Wade a été empêché par une justice certes aux ordres, de s’aligner dans les starting-blocks de la prochaine présidentielle.
Me Abdoulaye Wade a franchi le Rubicon et il n’aurait jamais dû le faire, à moins de vouloir se présenter en candidat potentiel pour Rebeuss, prison d’où justement celui qu’il préparait pour sa succession en tant que président est sorti en 2016, après y avoir séjourné à partir de 2014, accusé d’enrichissement illicite et détournements de fonds. Le plan diabolique de Abdoulaye Wade de vouloir priver le Sénégal de cette compétition, pilier de la démocratie, ne peut prospérer, fort heureusement dans un pays à forte tradition de démocratie, où les hommes politiques ne sont pas des indigents «tube-digestivites» et où la société civile n’est pas non plus prête de s’en laisser conter. Mieux, les populations sont également bien éduquées politiquement et savent faire la part des choses entre une volonté acharnée pour la défense d’intérêts purement et trivialement familiaux et la lutte plus noble pour l’encrage de l’alternance démocratique. Certes, Macky Sall n’est pas moins coupable de cette radicalisation suicidaire de Abdoulaye Wade, le chef de l’Etat sortant mais à la reconquête de la présidence s’étant outrageusement acharné, par le biais de la justice, sur Karim Wade et surtout le très populaire ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, les véritables candidats à même de lui ravir son fauteuil. Ces opposants réduits à leur plus simple expression, Macky Sall qui ne vise ni plus ni moins que le coup KO dès le premier tour, est presque certain de retourner en roues libres vers le palais de la République. Et c’est faute d’autre alternative et stratégie infaillibles pour briser le rêve de celui qui l’a chassé des affaires et l’a empêché de surcroit de mettre son fils sur orbite que Abdoulaye Wade joue son va-tout, quitte à se la loi à dos.
Question: pourquoi le père ne veut-il pas laisser le fils entrer dans l’arène pour se battre et accéder dans la gloire aux lambris dorés de la présidence? S’il n’a pas les arguments pour convaincre ses compatriotes de le pousser au sommet malgré les pièges de Macky Sall, il faut que lui et son père aient la décence de laisser le processus démocratique se dérouler et aller à son terme. Du reste, le Parti démocratique sénégalais (PDS) sur lequel règne sans partage Wade père, son inamovible géniteur pouvait bien se trouver un candidat à même de tenir la dragée haute à Macky Sall, en attendant que Karim Wade fasse sagement ses armes.
Par Wakat Séra