Accueil A la une Sénégal: fin de parcours brusque pour la «caravane de la liberté»

Sénégal: fin de parcours brusque pour la «caravane de la liberté»

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L'opposant sénégalais, Ousmane Sonko (chapeau de couleur beige) a été ramené à Dakar par les forces de l'ordre (Ph. d'illustration)

Ousmane Sonko a une fois de plus reçu les honneurs de la République en se faisant ramener à Dakar, par les forces de l’ordre ce dimanche! Sauf que cette sécurité renforcée, mais forcée, l’opposant sénégalais aurait bien voulu s’en passer. Mais cette caravane, qui n’a pas reçu d’autorisation, selon le gouvernement sénégalais, a déjà fait un mort sur sa route et bien malin qui peut imaginer la comptabilité macabre finale qu’elle pourrait générer avant d’entrer ou après son entrée dans Dakar.

En effet, le leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) comptait rentrer dans la capitale, à la tête d’un cortège de sympathisants qui l’escortait depuis la Casamance où le maire de Ziguinchor s’était retiré au moment où il était convoqué par les juges pour répondre dans l’affaire qui l’oppose à Adji Sarr. Une simple affaire de fesses qui est devenue une affaire d’Etat et dans laquelle l’ex-employée du salon de massage Sweet Beauté, accuse de «viols répétés», le champion de Yewwi Askan Wi, la plus grande coalition de l’opposition sénégalaise. Le délibéré du jugement est attendu, en principe, ce jeudi.

Le verdict du procès qu’il a boycotté risque d’être très amer pour Ousmane Sonko, surtout qu’il n’était pas présent pour apporter la contradiction à son accusatrice qui s’est livrée à une description des scènes de «viols» avec force détails. De la  «sodomie» au «positions» en passant par les différents types de massage, etc., tout y est passé, sans que le présumé auteur qui a toujours nié les faits, mais a également refusé de se soumettre à tout test ADN, n’ait pu se défendre! Même ses avocats qui s’étaient retirés de la salle d’audience, n’ont pas pu assurer une défense à leur client, par cette opportunité offerte par la tenue d’un procès en bonne et due forme.

De quoi a peur Ousmane Sonko? La question est pour l’instant sans réponse, l’opposant se réfugiant juste derrière le fait qu’il est l’objet d’une cabale politique. Les militants acquis à sa cause ne disent pas le contraire, eux qui pensent que les occasions de ces procès sont mises à profit par le pouvoir en place pour éliminer, sous le couvert de la justice, un candidat sérieux à la présidentielle de février 2024. Soit! S’il faut suivre la logique de Sonko et de ses sympathisants, faut-il en conclure que toutes ces séances de massages qui finalement font plus de mal que du bien à l’opposant, ont été programmés par des hommes de main de Macky Sall?

Nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes, Ousmane Sonko, s’il a le droit de nourrir des ambitions au sommet, devait éviter de donner à ses adversaires, le martinet pour le flageller. Certes, la perfection n’est pas de ce monde des humains, et «que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre», mais ce serait une erreur monumentale et préjudiciable à la société, que de concéder certaines dérives, comme celle de défier autant la justice et l’autorité de l’Etat, à des hommes politiques. Qui plus est, vouloir être le dirigeant de tout un peuple induit bien des contraintes à s’infliger! Et ça, Ousmane Sonko, devenu, peut-être à son corps défendant, un habitué des reconduites à la maison par les forces de l’ordre, ne peut en faire fi.

Que va-t-il maintenant se passer dans cette nouvelle semaine, où le quotidien sénégalais sera encore rythmé par la «résistance» de Ousmane Sonko? L’opposant va-t-il inexorablement vers une fin de parcours politique? En tout cas, les épisodes de la série se poursuivent et ne présagent, pour l’instant, que d’un dénouement explosif pour le Sénégal qui attend, une fois de plus, une élection présidentielle des plus redoutée. Il urge, pour le bonheur de ce pays de démocratie en Afrique, qu’une passerelle soit aménagée pour que la justice et l’autorité de l’Etat soit respectées, mais surtout pas dans l’arbitraire! Le peuple de la Teranga a besoin de paix, pas de guerre!

Par Wakat Séra