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Sénégal: jusqu’où ira Macky Sall avant de fixer la date de la présidentielle?

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Le président sénégalais Macky Sall

Si la loi d’amnistie passe par le double tamis de l’Assemblée nationale, ce ne sera, ni plus ni moins, que la prime à l’impunité offerte par Macky Sall, au nom de son entreprise de «pacifier l’espace public sénégalais» et d’«appeler à la réconciliation». La soixantaine de morts, les nombreux blessés et le chapelet fastidieux à égrener des dégâts matériels, durant les manifestations ou à cause de motivations politiques, dans la fourchette du 1er février 2021 au 25 février 2024, passeront, purement et simplement par pertes et profits. Leurs auteurs interpellés, jugés ou non, recouvreront la liberté. Et la vie continuera, bien entendu dans la douleur indicible et éternelle pour les victimes et leurs parents, et l’immunité totale fabriquée pour les bourreaux.

Pendant ce temps, le président sortant qui n’a pas voulu…sortir à la date imposée par la constitution, et qui consacrait la fin de son mandat, aura eu, à moindre frais pour lui, le bonus qu’il voulait. Certes, il clame sur tous les toits qu’il remettra les clés du palais présidentiel au plus tard le 2 avril. Mais, n’est-ce pas une ruse de plus, pour étirer à satiété son bail à la tête du pays qui, jusque là, continue de porter, non sans fierté son titre de «phare de la démocratie» de l’Afrique de l’ouest, voire du continent? L’élection présidentielle initialement fixée au 25 février n’a toujours pas trouvé une nouvelle date à la suite de son report, même si le Dialogue national, l’un des moyens trouvés par Macky Sall pour continuer à tenir le gouvernail du bateau Sénégal, a sorti de son laboratoire le 2 juin comme prochain jour de vote. Sachant qu’un second tour pourrait être nécessaire et même que le Dialogue national propose que Macky Sall reste en place jusqu’à la désignation de son successeur, est-ce vraiment réaliste de croire que le président sortant quitte les affaires le 2 avril?

De plus, l’examen à nouveau de candidatures retoquées par le Conseil constitutionnel, sur des bases que les candidats et leurs soutiens contestent, ne rencontre pas, d’ailleurs, tout comme le Dialogue national lui-même, l’adhésion d’une bonne partie de l’opposition et de la société civile, encore moins de 16 des 19 prétendants au fauteuil de Macky Sall. Or, c’est par ce jeu de réexamen de certaines candidatures que le candidat du PDS, Karim Wade, espère revenir dans la course, lui qui a été écarté sur le fil, par les 7 Sages pour bi-nationalité franco-sénégalaise. Le fils d’Abdoulaye Wade, avait pourtant, renoncé, peut-être un peu trop tard, à sa nationalité française!

En tout cas, cette loi d’amnistie, si elle est votée par les députés, en commission et par la suite, en plénière, devrait favoriser le retour plus rapide et plus facile que prévu, dans la course à la présidentielle, des leaders de l’opposition comme Bassirou Diomaye Faye, candidat de l’ex-Pastef. Elle devrait également remettre politiquement en selle, Ousmane Sonko, l’éternel poil à gratter de Macky Sall, toujours en prison, comme son lieutenant et remplaçant pour la présidentielle. C’est certain, le chef de l’Etat multiplie les trouvailles, dans le dessein caché de retarder visiblement sa sortie, qu’il maintient pourtant pour le 2 avril.

Jusqu’où ira donc Macky Sall pour se garantir un prolongement de mandat, ou, tout au moins, une sortie honorable, après avoir procédé à un dérèglement…en règle du processus électoral? Question pour un champion!

Par Wakat Séra