«Nous les exécutifs territoriaux du Sénégal, après avoir évalué le bilan de la politique du président Macky Sall dans les territoires, en sommes arrivés à la conclusion qu’en 12 ans, à l’image du Sénégal, les communes et départements sont en train de passer de l’indigence à l’émergence. (…) Nous nous engageons en conséquence et sommes prêts à lui renouveler notre confiance pour l’intérêt, le bonheur et la gloire du Sénégal. C’est pourquoi nous signons cette pétition pour lui demander de se présenter en 2024. La démarche sera pérennisée par une plate-forme de concertation, de réflexion et d’action pour accompagner judicieusement la candidature du président Macky Sall jusqu’à la victoire finale en 2024.» Ce sont des termes d’une pétition initiée par l’Association des maires du Sénégal (AMS). Sur un total de 558 signataires probables, le document a déjà recueilli 472 signatures, donc l’aval de 84,5% des premiers édiles. Pour conforter la démarche des membres de l’AMS, 39 présidents de conseil départemental, soit 84,78%, ont également apporté un soutien ferme à l’initiative.
En accordant la bonne foi d’une action volontaire et donc pas télécommandée aux élus locaux, c’est dire combien, l’intention de la 3e candidature prêtée au président sortant est loin d’être diabolisée par tous les citoyens sénégalais. Elle rencontre même l’adhésion totale de ces personnes et personnalités les plus proches des populations, dont elles vivent le quotidien et connaissent les besoins et satisfactions. Du reste, ont d’ailleurs dit ces élus locaux, «c’est parce qu’ils-le maire et le président du conseil départemental- sont le mur de lamentations qu’ils sont les plus légitimes et les mieux placés pour évaluer les politiques publiques».
Ainsi va la démocratie au Sénégal et ailleurs. Sauf que sous les tropiques, la preuve a toujours été faite que les appels du peuple aux dirigeants pour rester au pouvoir, sont rarement spontanés, car toujours mus par une main invisible, pourtant très … visible! Les crises sont donc inévitables, vu que pour et contre, suivent des intérêts égoïstes et très personnels. Malheureusement, ceux qui nous dirigent et qui sont pour la plupart du temps pris en otages par des parents, des amis, des proches et sangsues de tous genres, manquent de lucidité pour échapper à ce piège souvent mortel! Or, ils porteront, seuls, au bout du rouleau, l’entière responsabilité des conséquences qui en découlent. Le Sénégal qui s’est toujours fait peur à la veille des élections, notamment la présidentielle, est en passe de tomber dans les mêmes travers.
Macky Sall saura-t-il se détourner des sirènes de cette 3e candidature contre laquelle sont vent debout, un groupe de journalistes, une partie de l’opposition et certaines organisations de la société civile? Rien n’est moins sûr! Lors de son récent séjour parisien, revigoré par l’adrénaline d’un public de partisans transis acquis à sa cause et qui exigeait de lui la poursuite de l’aventure présidentielle, le locataire sortant du palais du Plateau à Dakar, a répondu le plus naturellement du monde: «Nous nous maintiendrons au pouvoir». Dans le même temps, l’opposant Ousmane Sonko qui continue de mettre à mal l’autorité de la justice et de l’Etat ne compte visiblement pas mettre de l’eau dans son bissap, toute chose qui conduit également à un raidissement de la position de Macky Sall.
«Ça passe ou ça casse», c’est ce qui semble être l’option de l’un et l’autre protagoniste de cette crise pré-électorale qui n’augure rien de bon pour le Sénégal. En tout cas, le chef de l’Etat a promis de s’adresser à la Nation après la Tabasky, et il est très attendu, tout comme sera scrutée la réaction d’Ousmane Sonko, lorsque lui sera notifée la décision de justice qui lui a infligé deux ans de prison ferme dans l’affaire dite «Adji Sarr».
Question: ne peut-on servir son pays qu’étant président? Espoir que le sang du mouton de la Tabasky immolé pour rappeler aux fidèles musulmans la soumission de Ibrahim à Dieu qui lui a demandé son fils Ismaël en sacrifice, apportera de la sagesse, tant à Macky Sall qu’à Ousmane Sonko et leurs militants, afin qu’ils agissent pour le bonheur des Sénégalais au nom de qui ils disent parler et agir!
Par Wakat Séra