La Commission Africaine des Droits de l’homme et des peuples, dans le communiqué de presse suivant relatif aux manifestations au Sénégal, se dit « préoccupée par la suspension des télévisions Sen TV et Walf TV pour avoir couvert en direct les manifestations… ».
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec attention les évènements en cours au Sénégal , notamment les affrontements qui ont éclaté entre les Forces de l’ordre sénégalaises et les manifestants dans la capitale Dakar, et dans d’autres parties du pays, suite à l’arrestation d’un chef de l’opposition, M. Ousmane Sonko, le mercredi 3 mars 2021, faisant plusieurs morts, de nombreux autres blessés et la destruction des biens matériels.
La Commission est profondément préoccupée par les informations selon lesquelles les signaux de deux chaînes de télévision locales, à savoir Sen TV et Walf TV, ont été suspendus pour avoir couvert en direct les manifestations, ainsi que la perturbation de l’accès aux applications et aux plateformes des médias sociaux.
La Commission déplore les pertes de vies et les blessures subies par les manifestants ; et condamne fermement la destruction de biens, l’interruption arbitraire de certains moyens de communication et la restriction indue de l’accès à l’information pendant cette période.
La Commission rappelle au Gouvernement de la République du Sénégal ses obligations en vertu de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique, des Lignes directrices sur la liberté d’association et de réunion en Afrique, des Lignes directrices pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunions en Afrique et d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par le Sénégal.
Par ailleurs, la Commission appelle au calme et exhorte les citoyens sénégalais à exercer leur droit à la liberté de réunion de manifestation dans les limites légitimes fixées par les normes régionales et internationales en matière de droits de l’homme, sans recourir à des actes de violence.
La Commission demeure saisie de la situation.
Fait le 9 mars 2021