«Maintenant, c’est la coupe du monde que nous visons et nous l’aurons, incha Allah». C’est le vœu d’un des centaines de milliers de Sénégalais qui ont pris d’assaut, l’aéroport Léopold Sédar Senghor et les rues de Dakar, ce lundi, pour réserver un accueil royal aux Lions de la Téranga, désormais champions d’Afrique de football. La journée ayant été déclarée chômée et pays par l’Etat, l’occasion historique a été saisie par le chef de l’Etat Macky Sall pour rassembler autour de ce trophée, non seulement les Sénégalais lambda, mais ses opposants qui ont fait mieux que lui donner du fil à retordre sur le terrain des élections municipales et départementales, au titres desquelles ils ont arraché des parts de…lion, comme Dakar, Ziguinchor, Kaolack, Diourbel. Comme pour annoncer les couleurs, en attendant le grand plat de résistance, la présidentielle prévue pour 2024. Mais à l’heure d’une fête aussi grande que la première victoire des Lions «féroces», pour emprunter le qualificatif au président sénégalais, les querelles politiques ne sont pas de mise. Encore moins les petites bisbilles entre politicards qui n’ont place qu’au fond du placard d’où elles ne sortiront que lorsque la fièvre autour de la première étoile africaine des Lions de la Téranga sera tombée.
Ils l’ont donc fait! Même s’ils étaient attendus parmi les favoris de cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations, les Lions de la Téranga ont fait quelque peu douter leurs supporters dans un premier tour où ils ont juste assuré le service minimum, avec une victoire et deux nuls, ils ont battu les Pharaons d’Egypte par 4 tirs au but à 2, après un match nul et vierge. Mais au fil de la compétition, à l’instar de leur prodige casamançais, le virevoltant Sadio Mané, l’équipe Sénégalais retrouve fière allure. Crinière au vent, les «Gaindés*» ont sorti griffes et crocs pour dévorer des proies qui ont fait les frais de l’appétit d’ogre des Sénégalais, qui, pour qui la troisième finale est la bonne. Désormais, après avoir gravi, non sans peine, la pyramide égyptienne, les joueurs de Aliou Cissé, ont réussi à accrocher à la tunique verte, la première étoile de champion d’Afrique. Si le coach n’a pas réussi à le faire en tant que joueur, il vient de réaliser ce rêve avec ses dreadlocks fétiches de sélectionneur, à la tête d’une meute de Lions qui avaient très faim. Et dans ce match épique, entre Lions et Pharaons, se jouait un autre match entre des partenaires de club, le sénégalais Sadio Mané et l’Egyptien Mohamed Salah.
A Liverpool en Premier League anglaise, les deux magiciens africains du ballon rond marquaient dans le même but. Cette fois-ci ils étaient l’un contre l’autre et avaient le même ascendant dans leurs équipes respectives mais ne bénéficiaient pas de la même qualité de collectif. L’Egypte, jouant admirablement avec le mental, a peu joué se contentant du minimum syndical. Certes, les Pharaons ont souqué ferme pour atteindre cette finale, auréolée d’une victoire contre les Lions Indomptables du Cameroun, les hôtes de la CAN 2021, qu’ils ont écartés en demi-finale, même si les deux équipes ont été départagées par les tirs au but. Assurément, la nuit sera encore longue dans les rues de Dakar, Tambacounda, Bambali, Ziguinchor. Pour sa 8e étoile, l’Egypte, pays qui a déjà célébré 7 noces avec Dame Coupe devra attendre une autre CAN. Peut-être sur les bords de la Lagune Ebrié, la Côte d’Ivoire devant accueillir, en principe, la grande fête du foot africain en 2023.
Par Wakat Séra