Sorti directement de la prison pour s’installer triomphalement au palais présidentiel depuis le 2 avril 2024, alors qu’il était un candidat par défaut, Bassirou Diomaye Faye n’ignorait sans doute pas qu’à l’épreuve du pouvoir, il aura à sortir les grandes décisions des manches de son costume ou des pans de son boubou. Son gouvernement accusé, il n’y a pas très longtemps, de vouloir couler les organes de presse par des mesures fiscales qui les asphyxiaient, doit, à présent, faire face à l’hostilité des députés de l’Assemblée nationale. Car, alors que son Premier ministre, Ousmane Sonko a refusé de se présenter devant les élus pour décliner son discours de politique, ceux-ci viennent de voter contre le projet de révision de la constitution émanant du gouvernement et qui a pour but, la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental, deux institutions dirigées par des proches de l’ancien président Macky Sall, et que les autorités actuelles trouvent budgétivores.
Du coup, le bras-de-fer qui est engagé entre le législatif et l’exécutif a pris des allures d’une crise qui n’aura eu d’autre but que de gripper la machine du pouvoir. Mais le rapport de force penche, pour l’instant, en faveur de Bassirou Diomaye Faye qui, par décret, a limogé les présidents des institutions mises en cause, les transformant en coquilles vides, donc les rapprochant de l’enterrement de première classe. Dans sa lancée, et pour contourner cette Assemblée nationale où il n’a pas que des amis, car n’y disposant pas de la majorité absolue, le président sénégalais n’a d’autre solution que de s’en débarrasser. C’est ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale est en téléchargement, et pourra être réalité à partir du 12 septembre, délai constitutionnel! Les députés dans un baroud d’honneur opposent alors la menace d’une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Réponse du berger à la bergère, Bassirou Diomaye Faye, qui, comme ces nombreux pairs africains se trouve actuellement à l’ombre de la Grande Muraille de Chine, à la grand-messe du 9e Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), célébrée par Xi Jinping, convoque l’Assemblée nationale en session extraordinaire, ce jeudi, histoire de couper l’herbe sous les pieds des députés, dans leur élan de faire tomber le gouvernement!
Comme on le dirait trivialement, c’est chaud entre l’exécutif et le législatif sénégalais. Mais le match entre Bassirou Diomaye Faye et son opposition, qui lui ne compte pas pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations, CAN 2025, ne fait que commencer! Il faudra bien une recomposition de l’Assemblée nationale, donc des élections législatives, et l’évidence est loin d’être acquise que Bassirou Diomaye Faye aura sa majorité absolue à l’issue des scrutins. Certes le parti des Patriotes africains du Sénégal, pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a traversé bien des zones de turbulence avant de se retrouver au pouvoir aujourd’hui. Mais cette ascension fulgurante, relève surtout des errements et des erreurs de casting de l’ancien président sénégalais Macky Sall qui a fini par faire du Pastef et de ses dirigeants des héros qui sont venus à bout d’un long chapelet de machinations politiques mises en branle pour les broyer.
Le récit du combat épique de «David contre Goliath» de la bible des chrétiens, qui a attiré, naturellement, la sympathie de la jeunesse pour le «plus faible», va-t-il se répéter, afin que les électeurs votent en masse pour le parti d’Ousmane Sonko, pour le faire maître de l’Hémicycle? En matière d’élection, où même les sondages les plus rigoureux font parfois flop, l’on ne peut être sûr de rien. Surtout qu’en politique, le vent change, parfois, trop vite de direction, faisant que la réalité d’aujourd’hui ne sera pas forcément celle de demain.
En tout cas, le thiéboudiène, le célèbre plat de riz au poisson sénégalais, recommence à être bien épicé, après les différents épisodes du feuilleton à succès «Macky Sall-Ousmane Sonko» qui a longtemps tenu en haleine au pays de la Teranga!
Par Wakat Séra
