Si Ousmane Sonko ne le sait pas encore, ou qu’il feint de l’ignorer, à moins que la mue soit toujours difficile à réaliser dans sa tête, dites-lui donc qu’il est, maintenant, le Premier ministre du Sénégal. Rappelez au leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qu’il a même failli être président de la république, n’eurent été les diverses manœuvres dans lesquelles l’ont empêtré le président sorti Macky Sall qui avait fait de lui son mouton noir. Il est donc temps qu’Ousmane Sonko extirpe définitivement de son vocabulaire, en tout cas durant tout le temps qu’il est aux affaires, les discours et actes bassement haineux ou à forte connotation populiste aux airs de revanche personnelle. Surtout quand il s’en prend à la presse, dont la plupart des organes ont fait front contre les attaques, ourdies de toutes pièces ou vraies, qui avaient pour but de le déstabiliser, alors qu’il était opposant. Et quand cette presse sénégalaise, qui, comme ailleurs est passée par la case Covid 19, et est soumise au même régime fiscal que toutes les autres entreprises, malgré son statut d’utilité publique, Ousmane Sonko et son gouvernement doivent revoir leur copie.
Quand on a la chance d’avoir une presse, dans l’ensemble aussi responsable comme celle sénégalaise, il faut plutôt la soutenir par des mesures exceptionnelles, sans en considérer les animateurs comme des surhommes, exempts de péché et autres manipulations. Ousmane Sonko, gagnerait, plutôt, à rendre davantage professionnelle, la presse de son pays. Certes, les attentes des Sénégalais sont légion en matière de mieux-être et de justice sociale. Mais, au lieu de faire des journalistes, des boucs émissaires d’une situation nationale à laquelle ils sont totalement étrangers, le Premier ministre sénégalais ferait mieux de leur donner les moyens adéquats pour expliquer à leurs concitoyens qu’il leur faudra un peu plus de patience pour rôder la machine de gouvernance.
Les prédateurs de la presse ne se comptent pas que dans les goulags à ciel ouvert et pays anti-démocratiques, mais aussi dans ceux où des dirigeants comme Ousmane Sonko n’arrivent pas à trouver le bon environnement d’imposition pour la presse. Il faut juste offrir aux responsables, et aux hommes et femmes des médias, les conditions d’exercer correctement cette noble profession, en leur servant, par exemple, un régime fiscal qui ne doit pas être celui d’autres secteurs. Car la presse est un secteur vital mais constamment fragilisé par plusieurs aléas dont les pandémies, les mesures fiscales et la farouche volonté des politiciens de contrôler les contenus des productions.
Pour qui connaît le rôle essentiel joué par la presse dans la consolidation de la démocratie, surtout dans un pays comme le Sénégal où elle a toujours contribué à sécuriser les processus de vote, des listes électorales aux résultats, en passant par la sensibilisation des électeurs, la museler par quelque moyen que ce soit, serait s’ériger en fossoyeur, ou tout au moins en ennemi de la liberté d’expression. Et ça, Ousmane Sonko doit le savoir!
Par Wakat Séra