Alea jacta est! Pas de 3e candidature pour Macky Sall! Le président sortant l’a affirmé dans une adresse solennelle à la nation, ce lundi soir. Saluée par une avalanche de félicitations, tant de la part de ses concitoyens que de ses homologues à travers le monde, la déclaration de Macky Sall n’a fait des malheureux, paradoxalement, qu’au sein des siens, eux qui étaient persuadés que leur champion irait au 3e mandat. C’est dire combien la pression était forte sur le patron de l’Alliance pour la république (APR).
Comme l’a dit quelqu’un en plaisantant, combien de comprimés de courage a donc avalés Macky Sall, pour se livrer à cet exercice périlleux qui l’a fait traiter de…«traitre» par ses propres partisans? Ces derniers ont, presque tous, fondu en larmes, alors qu’ils s’étaient préparés à pousser des «hourra» de soir de victoire électorale. Certes, Macky Sall peut ne pas être applaudi en héros, juste parce qu’il a dit publiquement qu’il ne va pas compétir pour sa propre succession pour la troisième fois, mais il mérite bien la reconnaissance d’un pays qui était encore sur le point de s’embraser, parce que d’autres le voulaient ainsi!
En effet, brûler le Sénégal pour un fauteuil présidentiel pour cinq, voire 10 ans! Rien que ça! Tel semble être l’option choisie par certains manifestants qui avaient cassé et détruit des domiciles privés mais aussi des infrastructures publiques dans des manifestations qui ont déjà fait au moins 16 morts. Une voie qui ressemble, curieusement, au modus operandi des artisans du 3e mandat, ce virus qui pique de plus en plus de chefs d’Etat sous les tropiques, et qui les fait marcher sur des cadavres pour assouvir leur dessein. C’est donc l’alibi de la 3e candidature que le leader du Parti africain du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pasef), Ousmane Sonko a collé au locataire actuel du palais du Plateau à Dakar, pour le mettre en difficulté. De plus, ce procès d’intention fait à Macky Sall permettait au maire de Ziguinchor de se glisser très facilement dans la peau du présidentiable que le pouvoir en place compte éliminer à tout prix. C’est ainsi que se faisant passer pour la victime d’une machine qui cherche à l’écraser, Ousmane Sonko a réussi à mobiliser la rue autour de sa personne et de ses mots d’ordre lancés chaque fois qu’il est invité par la justice de son pays à répondre à des accusations de «diffamation» et de «viols répétés».
Convaincu de l’infaillibilité de son plan, celui qui crie aujourd’hui à sa séquestration dans sa résidence de la Cité Keur Gorgui, et dont l’arrestation peut intervenir à tout moment suite à sa condamnation par contumace pour deux ans de prison ferme, continue de la dérouler, sans aucune considération pour le risque de chaos qu’il fait courir au Sénégal. C’est dans cette logique qu’Ousmane Sonko, a appelé, dans la nuit du dimanche 2 juin, à des manifestations pour le «combat final». S’il faut reconnaître cette propension des politiciens à mettre en danger la vie de leurs compatriotes pour des causes personnelles, ce ne serait pas vain de dénoncer cette attitude anti-citoyenne d’Ousmane Sonko qui, tout en aspirant à diriger un pays, met à mal son institution pilier, la justice. Nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes, Ousmane Sonko, à moins de faire preuve de mauvaise foi manifeste, ne peut accuser le pouvoir de cabale contre sa personne. A moins que ce soit Macky Sall qui lui a donné l’adresse du salon de massage «Sweet Beauté» ou qui l’y a conduit, le tenant par la main!
En tout cas, de la même façon que Macky Sall, au nom de l’apaisement dit avoir instauré un «dialogue national» dont l’application des recommandations constitue un vrai adjuvant pour la cohésion nationale, il est temps qu’Ousmane Sonko songe à respecter les décisions de justice et la République qu’il n’a eu de cesse de rudoyer! Toutefois, il faut dénoncer ce sport dans lequel excelle des dirigeants africains à utiliser la justice pour mettre hors-jeu, leurs challengers politiques. Et Macky Sall est loin d’être exempt de tout reproche dans ce jeu malsain.
«Nous maintiendrons au pouvoir», avait dit Macky Sall à ses partisans lors de son dernier séjour sur les bords de la Seine. Est-ce encore possible pour son camp de demeurer aux affaires alors qu’à moins de huit mois de la présidentielle, on ne lui connaît aucun dauphin digne de ce nom? La compétition dont il sera en principe un arbitre impartial s’annonce bien ouverte! Elle sera davantage relevée si Karim Wade et Khalifa Sall reviennent dans le jeu, comme le préconisent les conclusions du «dialogue national».
Par Wakat Séra