Après trois jours de violences meurtrières et de destruction sans commune mesure de biens publics et privés, le Sénégal a retrouvé son calme depuis ce dimanche. Mais un calme bien précaire, vu que le feu couve sous la cendre. Il suffit juste d’un tout petit souffle sur la braise, comme l’arrestation de Ousmane Sonko qui peut intervenir à tout moment, ou l’entêtement de Macky Sall à faire le mystère autour du fameux 3e mandat, pour faire exploser, de nouveau, Dakar ou Ziguinchor. Le Sénégal, il ne faut pas avoir peur des mots, est à la croisée des chemins! Le pays où le thiéboudiène, cette spécialité culinaire sénégalaise de riz et de poisson, est si délicieux. Sauf qu’en temps de houle socio-juridico-politique qui secoue actuellement le Sénégal, même le bissap bien sucré qui accompagne ce met onctueux, a un goût de fiel!
Il urge de transformer l’essai du calme précaire en paix des braves. Et ça, c’est le vœu ardent de la majorité des Sénégalais, notamment de ces étudiants dont certains vivent des moments de détresse, parce que leurs universités sont brûlées ou qu’ils ont été sommés de les évacuer dans la précipitation, sans savoir où déposer leurs baluchons. Que dire de tous ces commerçants qui ont dû baisser rideau, sans oublier les propriétaires et employés de ces établissements financiers saccagés et incendiés, pour ne citer que ces victimes de la furia de manifestants chauffés à blanc par des discours de politiciens aux intérêts égoïstes et parfois vils?
Non, un mort de plus sera un mort de trop! Plus aucune famille sénégalaise ne doit encore être endeuillée parce qu’un justiciable, en l’occurrence Ousmane Sonko, défie la justice et qu’un président sortant, Macky Sall, pour ne pas dire son nom, s’entête à entretenir un flou lourd à couper au couteau, autour de ses intentions, réelles ou supposées, de flirter avec une «3e candidature» à la fin de ses deux mandats constitutionnels. Mais où sont donc passés tous les ressorts sociaux dont le Sénégal, à l’instar d’autres pays sur le continent noir, dispose et qui savent ramener la paix en cas de troubles causés par des membres de la communauté? Pourquoi ce silence des leaders religieux qui, pourtant, ont seuls l’art d’user de leur grande influence auprès de leurs ouailles pour les rendre dociles?
Combien de morts faut-il encore pour dire «y’en marre» aux pyromanes qui confondent manifestation et vandalisme? En somme, pourquoi les Serignes, ces grands guides spirituels sénégalais, s’emmurent-ils dans ce mutisme incompréhensible, face à cette vague destructrice qui menace le Sénégal, pays d’hospitalité légendaire? A moins que les maîtres de la religion et des choses de la vie soient devenus subitement impuissants au point de ne pouvoir ramener les uns et les autres à la raison, pour des raisons que la Raison ignore.
Certes, la politique n’est pas un jeu d’enfant. Cependant, l’intérêt de la nation doit toujours être placé au-dessus des visées singulières de personne ou de conglomérat de personnes qui se servent du pouvoir pour porter leurs bretelles pendant que le peuple, le vrai, se serre la ceinture jusqu’à étranglement! Que des mains invisibles soient derrière l’un et l’autre des protagonistes ne doit pas constituer un obstacle pour l’action des leaders religieux qui savent se muer en «sages» pour renforcer le ciment de la cohésion sociale.
Serignes de tout le Sénégal, unissez-vous et sortez vite de votre torpeur pour chasser les démons qui enflamment le pays! Surtout que la présidentielle, c’est dans seulement huit mois! Février 2024, c’est déjà demain!
Par Wakat Séra