Pendant combien de temps encore Ousmane Sonko jouera-t-il au chat et à la souris avec la justice de son pays? Attendu, après le renvoi du 16 mai dernier, au palais de justice de Dakar ce mardi, le leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a encore brillé par son absence.
Au lieu d’affronter courageusement les faits de «viols répétés» qui lui sont reprochés, et, du coup, montrer au peuple qu’il compte diriger, si la présidentielle de février 2024 lui sourit, que «nul n’est au-dessus de la loi», le leader de Yewwi Askan Wi, la plus grande coalition de l’opposition sénégalaise, continue de se cacher derrière le rideau humain mis en place autour de lui par ses partisans. Questions: ces militants, savent-ils qu’ils se mettent à dos la loi, en empêchant, dans le même temps, leur champion de se forger son destin, de dirigeant exemplaire? Ousmane Sonko est-il conscient que l’occasion qui lui est offerte est la seule qui peut lui permettre de faire jaillir la lumière et, le cas échéant, prouver que cette accusation contre sa personne est un montage qui est fait pour l’empêcher de s’asseoir dans le fauteuil de Macky Sall? S’il devient président, quelle sera sa réaction face à un citoyen qui humiliera autant la justice dont il sera le garant?
En tout cas, plus que ses «défenseurs» qui ont entassé des sacs de sable et autres objets hétéroclites autour de son domicile casamançais et dans les rues y donnant accès, c’est le maire de Ziguinchor qui finira par répondre devant l’histoire. Certes, ce serait naïf de ne pas reconnaître que le malheur de Ousmane Sonko fait le bonheur de Macky Sall qui ne boudera pas son plaisir d’enfoncer davantage l’un de ses adversaires les plus redoutés en plein tourment. Rares sont les hommes au pouvoir qui, en gentlemans, savent être compatissants, à fortiori justes, lorsque leurs adversaires politiques sont dans le pétrin. Ils en tirent plutôt le plus grand profit. Et le président sénégalais, lui, suspecté par l’opposition et la société civile d’être sur le point de tomber sous le charme du 3e mandat, boit, sans aucun doute, son «petit bissap», devant les déboires de celui qui est devenu son poil à gratter. Il ferait même plus que cela, car la main invisible qui, ferait faire du zèle à la justice, serait la sienne.
Et pendant qu’Ousmane Sonko, au risque de ramasser la lourde peine qu’impose le jugement par contumace, continue de tenir la barre de l’opposition mais refuse de venir à celle de la justice, le procès a été ouvert ce mardi. Adji Sarr, l’ex employée du salon qui se plaint des assauts du maire de Ziguinchor sur sa personne, fait le show dans un prétoire déserté par les avocats de Sonko. Occasion pour le public de se délecter de détails croustillants de massage simple au massage à quatre mains sensuel, intégral ou «avec finition». Même les «positions» n’échappent pas aux révélations de Adji Sarr, qui campe, elle, sur sa…position: «Il m’a forcée». Son ex patronne, la seule qui peut lui apporter la contradiction le fait, remettant en cause certaines dates et spécialités de massage évoquées! C’est clair, ce massage n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Pire, les effets d’habitude relaxants du massage mettent plutôt tout un pays en ébullition, avec à la clé plusieurs morts. Il en a toujours été ainsi quand les politiciens décident de manipuler le peuple, de transformer une affaire privée en affaire d’Etat.
Une chose est certaine, la suite, et surtout la fin de ce procès, n’augurent rien de serein pour un Sénégal, phare de la démocratie en Afrique de l’ouest, mais qui se fait désormais peur avant chaque élection présidentielle. Il faudra bien exécuter la décision de justice, qui, sauf tsunami, ne sera pas favorable à Ousmane Sonko qui a refusé de comparaître. L’opposant va-t-il vivre éternellement reclus à Ziguinchor, entouré de sa muraille de partisans? Pourtant, l’Etat doit justifier son existence et justice doit se faire! A moins qu’un règlement politique ou religieux enterre le judiciaire, dans le but de desserrer l’étau autour du Sénégal, en mode haute tension.
Par Wakat Séra