Les Sénégalais pourraient se rendre aux urnes le dimanche 24 mars, soit dans moins de 20 jours, pour désigner le successeur de Macky Sall. Le conditionnel reste de mise, compte tenu du rendez-vous manqué du 25 février, date initialement fixée pour la présidentielle, mais surtout des subterfuges utilisés, à satiété, par le président sortant pour arracher un bonus. Visiblement, l’actuel locataire du palais présidentiel sénégalais qui voulait garder les clés de la maison au-delà du bail, doit libérer les lieux au plus tard le 2 avril. Pas un jour de plus! Ainsi en dispose la Constitution, ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel face aux tentatives de Macky Sall d’aller plus loin! Ses propositions de nouvelles dates, soit le 15 décembre, puis le 2 juin sorti des laboratoires du Dialogue national, ayant toutes deux buté contre la citadelle infranchissable dressée par les Sept Sages autour de la Loi fondamentale, Macky Sall a dû retenir, sans doute la mort dans l’âme, le 24 mars prochain, pour le 1er tour de la présidentielle.
Même un tour de vis supplémentaire a été donnée par les gardiens de la constitution, à la liste des candidats, qui demeure à 19, nonobstant l’intention du Dialogue national convoqué par Macky Sall, pour, a dit ce dernier, «pacifier l’espace public sénégalais» et «appeler à la réconciliation», de ramener dans les starting-blocks de la présidentielle, le champion du PDS, Karim Wade. Ce dernier restera donc sur la touche! Tout comme le farouche opposant Ousmane Sonko, même si la loi sur l’amnistie pour les crimes commis dans la période de février 2021 à février 2024, en lien avec des manifestations ou des accusations politiques, adoptée ce 6 mars par l’Assemblée nationale, pourrait conduire à sa libération.
En dehors de la confusion sur les dates de cette présidentielle longtemps menacée, le Conseil constitutionnelle, ayant, entre temps, opté pour le 31 mars alors que le gouvernement habilité à convoquer le corps électoral, a fait le choix du 24 mars, les Sénégalais doivent pouvoir, enfin, se rendre aux urnes pour trouver un remplaçant à Macky Sall. A moins que le président qui fait de la résistance sorte un autre joker de son bonnet! Les nuages amoncelés dans le ciel politique sénégalais sont-ils tous dissipés? Rien n’est moins sûr! La loi sur l’amnistie continue de faire polémique. Les 60 morts dans les manifestations de ces trois dernières années, les nombreux blessés, les dégâts matériels énormes, pour ne citer que ces préjudices, seront-ils passés par pertes et profits, offrant ainsi une prime royale à l’impunité? Non, ont déjà répliqué des organisations de la société civile, Amnesty International, des victimes et familles de victimes qui ne se sont, certes, pas encore manifestées officiellement.
Mais la paix étant une denrée rare de nos jours, surtout dans un pays de la Teranga politiquement déchiré, sans offenser la mémoire des morts, dont les proches seront certainement indemnisés financièrement à l’instar des blessés, cette amnistie devrait constituer le moindre mal. Même si amnistie est loin d’être synonyme d’amnésie!
Alors, le Sénégal votera ou votera pas fin mars? Question à Macky Sall qui vient de démettre son gouvernement. Officiellement, cette «dissolution» fracassante de l’exécutif répondrait à la nécessité de donner le temps de faire campagne, au désormais ancien Premier ministre et candidat de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba! L’argument est loin de faire l’unanimité dans le microcosme politique sénégalais, compte tenu des dernières frictions entre le prédécesseur de Sidiki Kaba et le président Macky Sall!
En tout cas, le Sénégal vient de faire la preuve qu’il sera difficilement déchu de son titre de champion de la démocratie, après avoir perdu celui de champion d’Afrique de football, au profit des Eléphants ivoiriens, lors de la Coupe d’Afrique des nations, la CAN 2023 qui vient de se jouer en Côte d’Ivoire.
Par Wakat Séra