Enfin tout le pouvoir pour Bassirou Diomaye Faye et ses Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef)! Après la présidentielle, il fallait aux nouveaux dirigeants, une majorité importante à l’Assemblée nationale pour mener à bien leur programme, notamment leurs réformes «profondes». C’est désormais chose faite, avec la déferlante Pastef qui n’a presque rien laissé sur son passage, en dehors d’une part congrue pour une opposition qui n’a pas fait le poids alors que les pronostics annonçaient un match serré. La razzia fut sans commune mesure, et, avant même que les résultats provisoires des législatives anticipés du 17 novembre ne soient rendus, officiellement, publics, les adversaires du Pastef avaient déjà rangé les armes, adressant leurs félicitations au parti au pouvoir.
Dans tous les coins et recoins du Sénégal, la machine conduite par le Premier ministre Ousmane Sonko, a ratissé large, écrasant même dans leurs propres bureaux de vote et leurs bastions originels, les ténors de l’opposition, comme le maire de Dakar, Barthélémy Dias et l’ancien Premier ministre Amadou Ba. Même l’ancien président Macky Sall qui a quitté sa retraite marocaine pour prendre une part active, malheureusement de loin, à ces joutes électorales, a reçu une correction politique mémorable. Il a, sans doute, oublié cette règle non écrite, mais toujours respectée, dont lui-même a bénéficiée alors qu’il était aux affaires, coutume selon laquelle, les Sénégalais ont toujours donné au vainqueur de la présidentielle, les moyens de rérouler son programme, en s’appuyant sur une assemblée nationale acquise à sa cause. Le rituel est donc respecté. Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye aura désormais «son» Assemblée nationale aux couleurs du Pastef, après avoir renvoyé les anciens députés à la maison, le jeudi 12 septembre.
Mais que fera le Pastef de tout ce pouvoir qui est désormais sien? La victoire a été écrasante, mais la gouvernance doit être juste et au service de tous les Sénégalais, et non pour venger, suivez mon regard, des militants du Pastef! Les attentes des Sénégalais en matière de justice sociale sont énormes et urgentes. Avant tout, il faudra, à Diomaye Faye, dans la vision de rupture radicale qu’il a promise à son peuple et dans la logique de son plan de développement «Sénégal 2050», créer des emplois, beaucoup d’emplois! C’est le vœu et l’espoir auquel s’accroche la jeunesse sénégalaise qui a voté, en masse, pour le Pastef. Car, il faut mettre fin à la profusion des «Mbour», nous nommons ainsi, ces embarcations de fortune, qui lèvent l’ancre de la ville portuaire éponyme du Sénégal, pour aller déverser, presque toujours, leurs passagers dans la Méditerranée, devenue un cimetière à ciel ouvert pour candidats à l’immigration. Grâce à cette majorité absolue à l’Assemblée nationale, le duo Diomaye Faye-Ousmane Sonko, doit opérer en tout sérénité, des réformes fortes pour lutter contre le chômage et les inégalités sociales, toutes choses qui contribuent à pousser les jeunes à préférer les lames de la mer aux larmes de la mère, dans leur assaut à grands risques sur l’Europe, la citadelle devenue imprenable.
L’essai de la présidentielle transformée, par le biais de ces législatives anticipées, qui ont constitué une preuve d’adhésion massive du peuple à leur endroit, les nouveaux gouvernants, ont le devoir pressant de recoller les morceaux d’un tissu socio-politique sénégalais qui va en lambeaux, par la faute des politiciens qui ne reculent devant rien pour étancher leur soif du pouvoir. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, qui ont vécu, en plus de la persécution des anciens dirigeants, le quotidien de ce peuple confronté aux dures réalités de la vie, notamment de sa cherté, n’auront pas droit à l’erreur. Ils doivent faire mentir cet adage «du pouvoir qui corrompt». En plus de l’exécutif, le Pastef a désormais le législatif pour lui, et doit composer avec le judiciaire et mettre la presse, le «4e pouvoir» dans les conditions idoines pour permettre aux citoyens de jouir de tous leurs droits, afin d’accomplir, en retour, tous leurs devoirs.
En tout cas, il faudra, au Pastef, éviter la tentation fatale de faire de cette Assemblée nationale, pratiquement monocolore, un lieu d’absence du débat, où, des idées contradictoires, naissent la lumière et la vérité pour une gouvernance juste.
Par Wakat Séra