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Sénégal: si Ousmane Sonko se taisait pour une fois, ça fait quoi?

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L'opposant Ousmane Sonko (Ph. d'archives)

N’en déplaise à Ousmane Sonko, il faut féliciter Macky Sall! Il faut féliciter Macky Sall parce qu’il a osé dire publiquement et officiellement qu’il ne se présentera pas, pour la troisième fois, à la course à sa propre succession. Macky Sall l’a fait pour faire tomber la fièvre meurtrière qui s’est emparée du Sénégal, car, en réalité, rien d’autre ne l’y obligeait puisqu’il n’a jamais dit qu’il était tenté par un 3e mandat, même si, en bon politicien, il n’a pas essayé de contredire ses supporters, encore moins ses adversaires et ses détracteurs.

Il faut féliciter Macky Sall qui a eu le courage de dire «non» au pouvoir, alors que l’ouest africain et même le continent, sont en plein printemps de «3e mandats», ou des tentatives avortées, et de coups d’Etat. Il faut féliciter Macky Sall qui a su, malgré la pression de ses partisans, faire profil bas pour calmer le jeu, dans une situation de chaos à laquelle lui-même Ousmane Sonko, n’est pas étranger parce que prenant la «rue» comme bouclier humain à chacune de ses convocations par la justice.L’effet de foule étant imprévisible, donc difficile à maîtriser, ces manifestations dont le Sénégal aurait pu faire l’économie, ont déjà provoqué la mort de 16 innocents au moins.

Il faut féliciter Macky Sall pour son sens de l’apaisement que certains qualifient d’«abdication». En tout cas, qu’il soit volontaire ou sous la contrainte, l’acte posé par Macky Sall est à saluer. Le mérite de Macky Sall est d’autant plus grand qu’en face, Ousmane Sonko et les militants de son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), par leurs déclarations bellicistes, continuent d’exposer le pays de la Teranga aux vents violents.

Tout ce qui compte pour Ousmane Sonko et les siens, c’est la présidentielle de février 2024, puisse-t-elle se tenir dans le désordre total, les listes électorales collées dans les centres de vote avec le sang des Sénégalais! Les attaques «à bouche armée» fleurissent contre Macky Sall et son homologue ivoirien Alassane Ouattara, celui-ci ayant succombé aux charmes du 3e mandat en 2020. Ce qui a déjà conduit à l’interpellation et la garde à vue de Birame Soulèye Diop, numéro 2 du Pastef et président du groupe parlementaire de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi.

Les déclarations de militants va-t-en-guerre ne pouvant que pousser l’adrénaline chez le «séquestré» de la Cité Keur Gorgui et client en sursis de la prison de Reubeuss, car sous le coup d’une arrestation pour condamnation de deux ans ferme par la justice, pour «corruption de la jeunesse», Ousmane Sonko, vient une fois de plus de parler du haut d’une fierté puérile. «Il n’y aura pas d’élection dans ce pays, ou alors ce sera dans un chaos indescriptible si par des combines judiciaires le président Macky Sall voulait empêcher ma candidature», a dit M. Sonko à notre confrère Marc Perelman de France 24.

Comme quoi, les autres candidats pour lesquels le leader du Pastef, certain déjà de remporter sans coup férir la présidentielle de 2024, n’a point de considération, comptent pour du beurre. C’est une évidence, Ousmane Sonko en fait trop, oubliant que la violence appelle la violence. Tout se passe chez Ousmane Sonko comme si en dehors de sa personne, le Sénégal ne peut, après Macky Sall, avoir un autre président! Toute chose qui s’apparente, à s’y méprendre, à de la pure prétention, sans vouloir mettre en doute, la popularité d’Ousmane Sonko qui refuse cependant de faire face à la justice et d’assumer ses actes posés dans des affaires privées.

Certes, le Sénégal n’est pas à l’abri de ces revirements spectaculaires dont sont maîtres les hommes politiques, notamment les chefs d’Etat en matière de parole donnée. Mais pour l’instant, Macky Sall a mis l’intérêt national en avant, et, il faut l’en féliciter, l’ego surdimensionné d’Ousmane Sonko doit-il en souffrir!

Par Wakat Séra