C’est un Sénégal bien divisé entre des leaders politiques aux intérêts égoïstes et très personnels avec pour seule obsession, l’élection présidentielle du 25 février 2024, qui a fêté en grande pompe, le 63e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale ce mardi. Une commémoration qui servira certainement de répit au pays de la Teranga chauffé à blanc par les dernières manifestations de rue provoquées par les convocations répétées par la justice, de l’opposant et poils à gratter du pouvoir, Ousmane Sonko. Mais plus que ces affaires personnelles de diffamation et de viols qui font monter le mercure socio-politique, surtout à Dakar, c’est la présidentielle prévue pour se tenir, maintenant dans moins d’un an, qui passionne le débat et ravive la tension.
Comme d’habitude, est-on tenté d’avancer, le Sénégal post-électoral s’étant toujours fait peur! Ce n’est surtout pas la candidature contestée de l’ancien président Abdoulaye Wade en 2012 face à un certain…Macky Sall qui dira le contraire. Les mêmes causes produisant les mêmes effets et les hommes politiques étant tous les mêmes, c’est au tour de l’actuel locataire du palais du Plateau de jeter de l’huile sur le feu avec cette intention de troisième qui lui est prêtée.
Macky Sall qui, loin de trancher la question, ajoute plutôt de l’opaque sur le flou, assurant que le volet juridique de son mandat a été résolu. Option de ni oui, ni non, qui a l’art d’enflammer une opposition qui saisit, d’ailleurs, toutes les opportunités qui se présentent à elle pour investir la rue et dire son ras-le-bol de ce pouvoir qui, visiblement, voudrait bien jouer les prolongations. Et c’était normal que les Sénégalais attendent beaucoup du discours de veille de fête de l’indépendance que leur a préparé Macky Sall. Sauf que l’attente fut celle du Godot de Samuel Beckett. Le chef de l’Etat, n’a pas dérogé à la coutume, évitant soigneusement de transformer son adresse à la nation en tribune de révélations politiques. Il a tout de même tendu la main à ses détracteurs et ancienne camarade de parti comme l’ancienne Premier ministre «Mimi» Touré, vent debout contre le 3e mandat.
Préférant évoquer des «différences» en lieu et place des différends profonds qui l’opposent à ses adversaires qui ont décidé de le mettre à la retraite, «manu militari» s’il le faut, Macky Sall fait encore confiance à la vertu de la «sagesse» des Anciens pour sortir le Sénégal du creux de la vague. «Dans cet esprit, je reste ouvert au dialogue et à la concertation avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’État de droit et des institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale». Ainsi parla le chef de l’Etat sénégalais, laissant ses concitoyens sur leur faim.
Mais sur quoi donc veut dialoguer Macky Sall, alors que la position en face, semble, pour l’instant en tout cas, sans équivoque? La principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, qui est persuadée que son leader Ousmane Sonko est victime de cabale politique par le biais d’une justice qu’elle dit partisane, acceptera-t-elle de négocier avec Macky Sall? Du reste, négocier quoi? C’est la grande question. Il ne reste plus à espérer pour le Sénégal que ces «différences» finissent sur le tapis d’un des influents khalifes d’une de ses célèbres confréries qui servent de soupapes de sécurité dans les grandes crises socio-politiques au pays de la Teranga.
En attendant, les leaders de Yewwi Askan Wi qui ont décliné l’invitation à assister à la parade officielle du 63e anniversaire d’indépendance du Sénégal, restent droits dans leurs babouches!
Par Wakat Séra
