Au Sénégal, «le président de la république n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison». Or, seul le juge, est en mesure de définir ce que peut être cette «haute trahison». Jugera-t-il donc ainsi, la falsification des chiffres de la dette publique et du déficit budgétaire, pour des emprunts cachés durant le double mandat, de Macky Sall, soit de 2012 à 2024, atteignant la rondelette somme de sept milliards de dollars américains et révélée par la Cour des comptes? Si le juge en décide ainsi, l’ancien président sénégalais, actuellement installé au Maroc et auréolé de son titre tout frais de membre du Conseil de la Fondation Mo Ibrahim, sera, certainement, dans de beaux draps.
Macky Sall pourrait devenir un locataire de choix pour la MAR, la Maison d’arrêt de Reubeuss. C’est l’objectif du remuant député des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), Guy Marius Sagna. L’élu du parti au pouvoir espère, en tout cas, que la proposition de mise en accusation qu’il a introduite auprès de l’Assemblée nationale, sera votée par ses pairs, pour montre à Macky Sall, comme on le dit dans les rues d’Abidjan, «qui a mis l’eau dans coco». Le vœu du militant du Pastef qui épouse, sans doute, celui d’un Ousmane Sonko, son chef de parti, peut, très vite, devenir réalité! L’illustre institution où sont fabriquées les lois étant aux couleurs du…Pastef, qui y compte 130 députés sur 165! Pourtant, il faut juste 99 votants pour, afin que la proposition de résolution passe comme lettre à la poste! Après le vote de la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie du 13 mars 2024, par le parlement sénégalais, l’ancien pouvoir subira, probablement, un deuxième coup dur, qui ne sera, sans doute pas le dernier, vu l’engagement des nouveaux hommes forts à ne lui laisser aucun répit.
Traqué, Macky Sall l’est bel et bien, depuis qu’il a été contraint de quitter le palais présidentiel tombé dans les mains de ceux qu’il a essayé d’en éloigner, par tous les moyens, y compris le canal de l’instrumentalisation de certaines institutions. Le président de la république, Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, sortis de prison pour venir aux affaires, en ont visiblement gros sur le cœur et aimeraient bien que leur ancien geôlier séjourne également dans cet hôtel où le client est gratuitement logé et nourri, mais perd toute liberté d’aller et venir. Pire, quand il est politicien, il peut également, s’il est condamné par la justice, être déchu de ses droits civiques, et devenir, donc, inéligible à toute haute fonction. Nombre d’hommes politiques, de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, au chef du gouvernement sénégalais Ousmane Sonko, en passant par l’ancien ministre de son père, Karim Wade, pour ne citer que ceux-ci, n’ont pas échappé à la case prison, qui, avec l’exil forcé ou, pire, l’assassinat, constitue l’armes favorite de nombre de dirigeants africains, pour se débarrasser d’opposants ou de concurrents sérieux au fauteuil présidentiel.
Si ce n’est une chasse aux sorcières, en toute légalité, difficile de trouver d’autres mots justes, pour qualifier cette charge des nouveaux dirigeants contre leurs prédécesseurs. Il faut juste que les chasseurs d’aujourd’hui garde à l’esprit, qu’ils peuvent devenir les gibiers de demain, d’où l’obligation pour eux, de savoir mettre de l’eau dans leur bissap, s’ils ne peuvent, avoir chevillée au corps, la bonne gouvernance, la gouvernance sans tâche! Ce qui semble impossible, la perfection étant une ligne d’horizon dans ce monde des humains! Alors, gare au retour du bâton!
Par Wakat Séra