De par son patronyme, Gobé, presque rien ne le distingue de celui qu’il appelle avec affection ses «frères de l’autre côté». Mieux tout le rapproche des sujets de l’empereur Akihito dont il maîtrise parfaitement la langue et qu’il parle, pratiquement sans accent. Mieux encore, il a épousé ses spécificités profondes de la culture nippone qui font du respect de l’autre une valeur exceptionnelle, en témoigne la quasi obséquiosité que revêtent les simples salutations entre deux personnes. La ponctualité, la courtoisie, et l’ardeur au travail, le travail bien fait, il en a fait ses premières religions. Du reste, la fibre patriotique qui guide ses actes au quotidien, l’amène à pousser les limites du possible, souvent au détriment de la vie de famille, mais toujours au profit des intérêts de sa patrie de toujours, le Burkina Faso et de son pays d’adoption, le Japon.
Siaka Gobé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, c’est l’humilité, l’honnêteté, et le sens de l’honneur. Trois vertus cardinales qui servent de socles à la vie socioprofessionnelle du papa de Kady et de Aziz. Très famille, il a su assurer une présence heureuse auprès des siens. Concilier boulot et famille, ce fut l’un des challenges les mieux accomplis par le jeune retraité, avec l’indéfectible soutien de sa tendre épouse, Sophie.
De la Côte d’Ivoire au Burkina
Si de janvier 2009 à mars 2017, soit huit années de bons et loyaux services au profit des relations entre le Japon et le Burkina lui ont permis de jouir de la reconnaissance des autorités des deux pays, c’est d’avoir contribué par ce biais, au mieux-être des peuples burkinabè et japonais, que l’ «assistant chargé de la coopération économique et des affaires politiques» tire une légitime fierté. Et son ami Léné Sebgo, ancien directeur général de la coopération (DGCOOP) et ministre de la Santé, ne tarit pas d’éloges sur M. Gobé, avec qui il a beaucoup travaillé sur de nombreux projets qui ont amélioré le quotidien des Burkinabè et dont les plus emblématiques furent la construction de l’échangeur de l’ouest et la prévention dans la lutte contre l’Ebola, financés par le Pays du soleil levant.
Mais qui mieux que l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon, Tamotsu Ikezaki peut rendre meilleur hommage au «Burkinabè tatamizé que les diplomates japonais consultent avec assurance, convaincus qu’avec-lui-comme facilitateur, leur mission sera productive»? Du temps qu’il a passé avec Siaka Gobé en Côte d’Ivoire, alors que le pays était plongé dans une crise socio-politico-militaire sans précédent, au Burkina où il est venu le retrouver toujours à l’ambassade du Japon au Burkina depuis son ouverture, le diplomate japonais ne garde de lui, que de bons souvenirs.
Commis de l’Etat honoré
«Vous avez sacrifié 30 ans de votre vie à œuvrer au renforcement entre le Japon et le Burkina Faso ainsi que la Côte d’Ivoire. 30 bonnes années durant lesquelles vous avez occupé le poste d’assistant de coopération en vous illustrant de manière très remarquable et disciplinée. Un véritable baobab! Toujours assidu et ponctuel, vos qualités humaines et professionnelles ont toujours été cités en meilleur exemple par vos collaborateurs. (…) Je me permets de dire que vous êtes très sociable, humble, disponible, très diligent dans l’exécution de vos tâches, avec une maîtrise du milieu diplomatique qui vous a valu de réussir votre mission au grand bonheur de la coopération entre le Japon et le Burkina Faso».
Et c’est en reconnaissance de ces mérites et valeurs qui ne courent plus les rues de nos jours, mais que ce commis de l’Etat a conservés comme vertus cardinales, que le gouvernement japonais lui a décerné la médaille de l’Ordre du Trésor sacré, Rayons d’Or et d’Argent. En recevant, le vendredi 8 septembre 2017, cette distinction qui ne récompense que «les personnes, civiles ou militaires qui ont rendu des services distingués au Japon», le patriote Siaka Gobé s’est souvenu avec fierté de celle dont il avait été honoré par le Burkina Faso qu’il a servi avec dévouement et honnêteté.
Nouveau départ pour un retraité
A l’instar de ses «frères» japonais, Siaka Gobé est un travailleur acharné qui abhorre le farniente et reste convaincu que le travail est un trésor. C’est dans cette logique que le désormais retraité depuis le 17 mars 2017, s’est tracé les voies d’un repos très actif.
Et pour ne pas s’éloigner des sillons de la coopération Japon-Burkina qu’il a contribué à consolider pendant trente années de bons et loyaux services, Siaka Gobé, à travers l’Association Faso-Japon Solidarité (Afajaps) qu’il préside, et le Comité national Kaizen du Burkina Faso (Conaka-BF) dont il est le Secrétaire général. Mieux, Siaka Gobé est le directeur général de la fondation Fasonip, qui sert de pont entre les Burkinabè et les Nippons. Pour l’infatigable ouvrier qu’il est, ce sont autant d’opportunités qui s’offrent à lui, pour remplir une vie de retraité déjà bien meublée. Gambatte Kudasai (1), Siaka Gobé.
Par Morin YAMONGBE
- Gambatte Kudasai, expression japonaise pour souhaiter du courage à quelqu’un
Ils étaient là