Alors que la bien-nommée capitale sierra léonaise Freetown retrouve son calme que certains disent précaire, les autorités sierra léonaises ont fini par reconnaître que ce qu’elles qualifiaient toujours de «tentative de déstabilisation de l’Etat», est bien une tentative de putsch militaire. L’Afrique de l’ouest et la CEDEAO ont dont évité de justesse un septième putsch militaire en quatre ans, après les quatre que se partagent à égalité le Mali et le Burkina Faso et ceux de la Guinée et du Niger.
Les événements du dimanche de feu vécu par Freetown, qui se sont soldés par un bilan officiel, non exhaustif fait état de la mort d’une vingtaine de personnes dont 14 soldats et huit autres militaires gravement blessés, sont encore vifs dans les esprits d’une population, certes habituée aux affrontements violents de guerres civiles et de coups d’Etat que la Sierra Leone a régulièrement connus, mais, a été tout de même surprise, compte tenu du timing des violences, au moment où le thermomètre socio-politique semblait plutôt bas.
Même si la réélection du président Julius Maada Bio porte le sceau de la contestation, ce qui coutumier en Afrique, rien ne laissait entrevoir une tentative de coup d’Etat. Est-ce donc ce genre de plan anti-détracteurs orchestré par bien des pouvoirs, sur le continent, pour opérer des purges dans l’armée et mettre certains opposants trop entreprenants au pas? En tout cas, le président sierra léonais qui a appelé les populations au calme, avec la fermeté requise en pareille occasion, n’a pas manqué de promettre à son peuple que les auteurs de cet intermède dominical rythmé par les tirs d’armes automatiques, devront rendre des comptes.
Des anciens militaires et d’autres encore en activité, donc rompus au maniement des armes, seraient à l’origine de ces attaques contre une armurerie et des prisons d’où se sont évadés 2213 détenus. Les assaillants, dont certains sont encore dans la nature tout comme de nombreux prisonniers qui ont déserté leurs cellules, ont disparu, sans doute avec des armes. S’ils ne sont pas repris, au plus vite dans leur fuite, il faudra craindre qu’ils ne reviennent sur leurs pas, lourdement armés, pour achever ce qu’ils ont commencé et manqué. Mais il faut également s’inquiéter de la chasse aux sorcières contre d’anciens dignitaires du pays et autres contradicteurs, empêcheurs devant l’Eternel de gouverner en rond! Question: qui a attaqué la résidence de l’ancien président Ernest Bai Koroma et tué et enlevé deux de ses gardes du corps? Autre affaire dans l’affaire, à élucider!
En attendant que se fasse toute la lumière sur cette affaire de tentative de coup d’Etat, Freetown a retrouvé son train-train quotidien. Même si les écoles et des commerces sont restés fermés, preuve que la situation reste volatile. Et toute paix durable dépendra certainement de la gestion par les autorités de la suite de ce dimanche de braise. Contrairement à une fois précédente où il a accusé ses opposants, entre autres, de terroristes, le président Julius Maada Bio a, cette fois, fait preuve de modération, conscient de marcher sur des œufs. Le chef de l’Etat à la recherche de légitimité, dans un pays où la moindre étincelle peut provoquer l’embrasement, doit continuer être très fin et transparent dans la manœuvre, pour ne pas relancer le cycle de la violence.
Par Wakat Séra