En Sierra Leone, le candidat du principal parti de l’opposition, Julius Maada Bio, a été officiellement proclamé vainqueur de l’élection présidentielle. Cet ancien militaire de 53 ans a remporté 51,81% des voix, contre 48,19% pour Samura Kamara, candidat du parti au pouvoir. Le président Ernest Bai Koroma quitte son poste après ses deux mandats constitutionnels, mais Samura Kamara a d’ores et déjà annoncé qu’il conteste les résultats.
L’annonce est tombée tard dans la nuit sous forme d’un communiqué lu à la télévision nationale par le candidat défait, Samura Kamara. « Ces résultats ne reflètent pas les nombreuses inquiétudes soulevées par l’APC », a-t-il déclaré. Citant notamment le « bourrage des urnes », des bureaux avec « plus de votants que d’inscrits » et des « fraudes » à l’enregistrement des électeurs. Il dit vouloir saisir la Cour suprême comme la loi l’y autorise, mais appelle ses militants au calme.
Personne n’est vraiment surpris à Freetown. Entre les deux tours, une action lancée par un militant du parti au pouvoir avait entraîné le report du scrutin de quatre jours. Puis quelques heures après le vote, l’APC a voulu modifier le système de compilation des résultats et jusqu’à la veille de la proclamation accusé la Commission électorale, le Royaume-Uni et le Commonwealth de « conspiration ».
Mais le parti au pouvoir n’est pas entièrement défait puisqu’il conserve une majorité relative à l’Assemblée, ainsi que plusieurs mairies importantes, dont celle de Freetown. Blocage institutionnel ou meilleur équilibre des pouvoirs ? Il s’agit en tout cas d’une situation « inédite » dit un observateur. Une forme de « cohabitation » en quelque sorte, dans un régime présidentiel « à l’américaine ».
En Sierra Leone, c’est le chef de l’Etat qui forme le gouvernement et qui le dirige. Un gouvernement chargé de promouvoir la « cohésion », « l’unité nationale et la discipline », a promis Julius Maada Bio lors de sa prestation de serment. Alors est-ce pour éviter toute tentative de blocage institutionnel que le nouveau président a si rapidement prêté serment après avoir été déclaré vainqueur ?
Cette action du parti au pouvoir n’empêche en tout cas pas les militants du président élu de célébrer sa victoire. Dans le quartier de Congo Cross, c’est un concert de klaxons, de cornes de brume et de chansons pro- SLPP. Une longue journée de festivités s’annonce donc à Freetown.
L’ancien officier supérieur devrait divulguer « d’ici quelques jours » les grandes lignes de sa politique. Et il a déjà reçu dès mercredi soir les félicitations de Yumkella, le troisième homme de l’élection (7% des suffrages environ).
RFI