Le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), a dénoncé, ce jeudi 20 février 2020, le «déploiement impressionnant» de la police devant la télévision nationale, pour empêcher le sit-in des médias publics burkinabè qui protestent contre le traitement de sa plateforme revendicative, a-t-on recueillis.
Une forte présence des policiers, notamment, de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS, unité d’élite), était visible en cette matinée du jeudi où les agents des médias publics devaient tenir leur sit-in jeudi et vendredi pour demander aux autorités de se pencher sur leurs préoccupations qui visent l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cela n’est ni plus ni moins qu’une interdiction, selon le SYNATIC, de la tenue de la manifestation.
«Cela n’est rien d’autre qu’une violation de liberté syndicale, une violation des textes signés, ratifiés par le gouvernement burkinabè», a réagi le secrétaire général adjoint du SYNATIC, Boubacar Sanfo, notant que la question de liberté syndicale est l’un des points de leur plateforme. Pour lui, «c’est inadmissible» qu’on interdit aux manifestants qui ont organisé «légalement», conformément aux textes, cette protestation.
Les militants du SYNATIC disent «ne pas comprendre pourquoi, ce matin (ils sont) venus trouver un déploiement impressionnant de policiers pour (les) empêcher de tenir (leur) protestation». «Cela n’est pas normal parce que nous les travailleurs du publics ne sommes pas des vandales ni des criminels. Nous ne voyons pas pourquoi ces policiers sont venus investir les lieux. C’est une violation flagrante des libertés syndicales. Et il faut que cela cesse», s’est offusqué M. Sanfo. «Le sit-in est observé parce que nous nous sommes réorganisés dans les organes pour respecter l’arrêt de travail», a-t-il poursuivi.
Syndicat et responsables de la TNB s’expriment sur l’interdiction
Les responsables de la TNB disent avoir interdit le sit-in car ils n’ont pas été informés de la manifestation or ils sont garants de l’institution. Aussi, à maintes reprises, des autorités gouvernementales ont accusé des manifestants à la solde du SYNATIC lors des débrayages à la Radio Télévision du Burkina (RTB) d’empêcher manu militari des agents non syndiqués de travailler.
A ces sujets, les responsables du syndicat des médias publics burkinabè disent s’inscrire en faux et dénoncent du «dilatoire». «Les travailleurs sont libres d’adhérer au mot d’ordre du syndicat ou pas», a insisté M. Sanfo qui a déclaré qu’ils ont «adressé les correspondances à qui de droit dans le respect du délai exigé par la loi pour cette manifestation ». « Nous avons déposé également une ampliation au ministère, à la direction générale de la RTB de même qu’à Sidwaya (quotidien de l’Etat) », a poursuivi M. Sanfo.
Sur ce, le SYNATIC dit espérer que «les négociations reprendront dans les meilleurs délais» parce que «cette année est une année de défis et les médias sont beaucoup attendus».
Les points de blocage entre gouvernement et SYNATIC
Les travailleurs des médias publics observent ces deux jours de sit-in pour réclamer une diligence dans le traitement de leur plateforme revendicative au niveau du gouvernement. Après les deux jours de grève générale observés fin janvier sur les mêmes doléances, il n’y aurait pas eu de réaction de la part des autorités, selon les dirigeants du SYNATIC. «Voilà pourquoi les travailleurs déçus ont décidé d’observer ces deux jours-là encore pour inviter le gouvernement à finaliser les échanges sur le statut dérogatoire», a précisé le SG adjoint, Aboubacar Sanfo.
«Deux décrets ont été adoptés pour accorder un statut dérogatoire aux éditions Sidwaya mais les échanges ne sont pas finis. Les contours de ce statut dérogatoire ne sont pas totalement délimités et nous invitons justement le gouvernement à ce qu’on reprenne les négociations pour finaliser et mettre le contenu qu’il faut», a-t-il expliqué, signifiant qu’il y a deux niveaux. C’est d’abord une dérogation en matière de comptabilité publique pour permettre un «meilleur fonctionnement des organes» et ensuite c’est une dérogation en matière de «rémunération en faveur des travailleurs».
Les travailleurs des médias publics (RTB, Sidwaya) sont mobilisés, au sein du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), pour exiger la mise en œuvre du protocole d’accord que le gouvernement a signé avec le SYNATIC le 29 décembre 2016, dont le point majeur est la mutation des médias publics en Société d’Etat.
Par Bernard BOUGOUM